Le raffinage du pétrole débute par la distillation, ou fractionnement, du pétrole brut en vue de le séparer en différents groupes dhydrocarbures. Les produits obtenus dépendent directement des caractéristiques du brut traité. On transforme ensuite la plupart de ces produits de distillation en produits plus facilement utilisables, en modifiant leurs structures physique et moléculaire par craquage, reformage et par dautres procédés de conversion, puis on soumet les produits obtenus à divers procédés de traitement et de séparation tels que lextraction, lhydrocraquage et ladoucissement pour aboutir aux produits finis. Dans les raffineries les plus simples, on sen tient habituellement à la distillation atmosphérique et à la distillation sous vide, alors que, dans les raffineries intégrées, on procède au fractionnement, à la conversion, au traitement et au mélange, ainsi quà la production de lubrifiants, de fiouls lourds et de bitumes; ces raffineries peuvent aussi comporter des installations de traitement pétrochimique.
La première raffinerie, ouverte en 1861, produisait du kérosène par simple distillation atmosphérique, et du goudron et du naphta comme sous-produits. On sest vite rendu compte quil était possible de produire des lubrifiants de haute qualité par distillation sous vide du pétrole. Toutefois, pendant trente années encore, le kérosène demeura le produit le plus demandé par les consommateurs. Deux événements majeurs ont modifié cette situation:
Avec lavènement de la production de masse et la première guerre mondiale, le nombre de véhicules fonctionnant à lessence a augmenté dans des proportions considérables et la demande dessence a progressé en conséquence. Toutefois, la distillation atmosphérique et la distillation sous vide ne permettaient dobtenir quune quantité limitée dessence à partir du pétrole brut. Le premier procédé de craquage thermique a été mis au point en 1913. Il consiste à soumettre les fiouls lourds à de fortes pressions et à une chaleur intense, ce qui scinde physiquement les grosses molécules en molécules plus petites et permet ainsi de produire de plus grandes quantités dessence et de fiouls. A la fin des années trente a été mise au point la viscoréduction, forme perfectionnée de craquage thermique permettant dobtenir des produits plus intéressants et de plus grande valeur.
Lapparition des moteurs à essence turbochargés a suscité une demande dessence à indice doctane plus élevé possédant de meilleures propriétés antidétonantes. Lintroduction, entre le milieu et la fin des années trente, de procédés de craquage catalytique et de polymérisation offrant des rendements supérieurs en essence et un indice doctane plus élevé a permis de satisfaire cette demande. Lalkylation, autre procédé catalytique, a été mise au point au début des années quarante pour produire en plus grande quantité de lessence aviation à indice doctane élevé et des produits pétrochimiques de base qui servent de matières premières pour la fabrication dexplosifs et de caoutchouc synthétique. Lisomérisation catalytique a ensuite été élaborée pour produire, à partir dhydrocarbures, de plus grandes quantités de matières premières pour lalkylation.
Après la deuxième guerre mondiale, divers procédés nouveaux de reformage ont permis de produire, avec un rendement supérieur, de lessence de meilleure qualité. Certains dentre eux comportaient lutilisation de catalyseurs ou dhydrogène pour modifier les molécules et éliminer le soufre. Au cours des années soixante, la mise au point de catalyseurs plus efficaces et de procédés comme lhydrocraquage et le reformage visait à accroître le rendement et à améliorer les propriétés antidétonantes. Ces procédés catalytiques ont également permis de produire des molécules possédant une liaison double (alcènes), ce qui a été à la base de lindustrie pétrochimique moderne.
Le nombre et les types de procédés utilisés dans les raffineries modernes dépendent avant tout de la nature de la matière première brute et des exigences relatives aux produits finis. Ils sont aussi fonction de divers facteurs économiques: prix du brut, valeur des produits et accès à leau, à lélectricité, aux réseaux de transport, etc. Lordre chronologique dans lequel les divers procédés ont été introduits est indiqué au tableau 78.1.
Année |
Procédé |
But |
Sous-produits |
1862 |
Distillation atmosphérique |
Production de kérosène |
Naphta, goudron, etc. |
1870 |
Distillation sous vide |
Lubrifiants (à l’origine) |
Bitume résiduel |
1913 |
Craquage thermique |
Production accrue d’essence |
Résidus, fioul lourd |
1916 |
Adoucissement |
Réduction de la teneur en soufre et de l’odeur |
Soufre |
1930 |
Reformage thermique |
Amélioration de l’indice d’octane |
Résidus |
1932 |
Hydrogénation |
Elimination du soufre |
Soufre |
1932 |
Cokéfaction |
Production de bases essences |
Coke |
1933 |
Extraction par les solvants |
Amélioration de l’indice de viscosité des lubrifiants |
Produits aromatiques |
1935 |
Déparaffinage par les solvants |
Amélioration du point d’écoulement |
Paraffines |
1935 |
Polymérisation catalytique |
Amélioration du rendement en essence et de l’indice d’octane |
Charges pétrochimiques |
1937 |
Craquage catalytique |
Essence à indice d’octane plus élevé |
Matières premières pétrochimiques |
1939 |
Viscoréduction |
Réduction de la viscosité |
Quantité accrue de distillat, de goudron |
1940 |
Alkylation |
Amélioration du rendement en essence et de l’indice d’octane |
Essence aviation à indice d’octane élevé |
1940 |
Isomérisation |
Production de charges d’alkylation |
Naphta |
1942 |
Craquage catalytique fluide |
Amélioration du rendement en essence et de l’indice d’octane |
Matières premières pétrochimiques |
1950 |
Désasphaltage |
Charge de craquage accrue |
Bitume |
1952 |
Reformage catalytique |
Conversion du naphta de moindre qualité |
Produits aromatiques |
1954 |
Hydrodésulfuration |
Elimination du soufre |
Soufre |
1956 |
Adoucissement par inhibiteur |
Elimination des mercaptans |
Disulfures |
1957 |
Isomérisation catalytique |
Conversion en molécules à indice d’octane élevé |
Charges d’alkylation |
1960 |
Hydrocraquage |
Qualité accrue et teneur en soufre moindre |
Charges d’alkylation |
1974 |
Déparaffinage catalytique |
Amélioration du point d’écoulement |
Paraffines |
1975 |
Hydrocraquage résiduel |
Amélioration du rendement en essence à partir de résidus |
Résidus lourds |
Les opérations et les procédés de raffinage du pétrole peuvent être classés en quelques grandes catégories: séparation, conversion, traitement, formulation, mélange, opérations de raffinage auxiliaires et opérations de raffinage sans traitement. Pour un schéma simplifié, voir la figure 78.1.
Séparation . Le pétrole brut est séparé physiquement par fractionnement, dans des tours de distillation atmosphérique et sous vide, en groupes dhydrocarbures possédant différents intervalles débullition, appelés «fractions» ou «coupes».
Conversion . Les procédés de conversion utilisés pour modifier la taille ou la structure des molécules dhydrocarbures comprennent:
Traitement . Depuis les débuts du raffinage, différentes méthodes de traitement ont été utilisées pour éliminer les composés non hydrocarbonés, les impuretés et les autres constituants qui peuvent nuire aux caractéristiques de performance des produits finis ou réduire lefficacité des procédés de conversion. Le traitement comporte à la fois des réactions chimiques et une séparation physique, comme la dissolution, labsorption ou la précipitation, faisant appel à une variété et à une combinaison de procédés. Les méthodes de traitement comprennent lélimination ou la séparation des composés aromatiques et des naphtènes, ainsi que lélimination des impuretés et des contaminants indésirables. On utilise des acides et des composés adoucissants pour désulfurer le pétrole brut avant le raffinage et pour traiter les produits durant et après le traitement. Parmi les autres méthodes, on peut citer le dessalage du brut, ladoucissement chimique, le traitement à lacide, le traitement à la terre par contact, lhydrodésulfuration, le raffinage aux solvants, le lavage à la soude caustique, lhydrotraitement, le séchage, lextraction par solvants et le déparaffinage aux solvants.
Formulation et mélange consistent à mélanger et à combiner des fractions dhydrocarbures, des additifs et dautres composés pour obtenir des produits finis possédant des caractéristiques de performance spécifiques.
Opérations de raffinage auxiliaires . Parmi les autres opérations de raffinage nécessaires lors du traitement des hydrocarbures, on compte la récupération des fractions légères, lextraction des eaux acides, le traitement et le refroidissement des déchets solides, des eaux usées et des eaux de procédé, la production dhydrogène, la récupération du soufre et le traitement des gaz acides et des gaz de queue. Dautres installations fournissent des catalyseurs, des réactifs, de la vapeur, de lair, de lazote, de loxygène, de lhydrogène et des gaz combustibles.
Opérations de raffinage sans traitement. Toutes les raffineries ont une multitude dinstallations, déquipements et de systèmes qui sont indispensables aux opérations de traitement des hydrocarbures telles que la production de chaleur et délectricité, le transport des produits, les réservoirs de stockage, lexpédition et la manutention, les torchères et les systèmes de décharge, les fours et les appareils de chauffage, les alarmes et les capteurs, léchantillonnage, les essais et linspection. Parmi les installations ne servant pas au traitement figurent les dispositifs de lutte contre lincendie, dalimentation en eau et de protection, de réduction du bruit et de lutte contre la pollution, les laboratoires, les salles de commande, les entrepôts, les ateliers dentretien et les bâtiments de ladministration.
Le raffinage du pétrole na cessé dévoluer pour répondre à la demande des consommateurs souhaitant obtenir des produits plus nombreux et de meilleure qualité. Au départ, il sagissait de produire du kérosène pour disposer dune source de combustible déclairage moins onéreuse et supérieure à lhuile de baleine. La mise au point du moteur à combustion interne a conduit à la production de benzène, dessence et de carburant diesel. Lavènement de laviation a nécessité la production dessences spéciales à indice doctane élevé et de carburéacteurs qui sont une forme perfectionnée du produit raffiné dorigine, le kérosène. Les raffineries modernes livrent des produits très divers dont beaucoup sont utilisés comme matières premières pour le craquage et la fabrication de lubrifiants ainsi que pour lindustrie pétrochimique. Dune manière générale, on peut classer ces produits en combus-tibles, matières premières de lindustrie pétrochimique, solvants, huiles, graisses, lubrifiants et produits spéciaux tels que les paraffines, les bitumes et le coke de pétrole (voir tableau 78.2).
Gaz d’hydrocarbures |
Utilisations |
Gaz liquéfiés |
Gaz domestique et gaz industriel |
Matières premières pour l’industrie chimique |
Produits du caoutchouc |
Noir de carbone |
Encres d’imprimerie |
Distillats légers |
|
Naphtas légers |
Oléfines |
Naphtas intermédiaires |
Essence aviation et essence pour automobiles |
Naphtas lourds |
Carburéacteurs militaires |
Gazole |
Charge de craquage |
Distillats lourds |
|
Huiles techniques |
Huiles pour textiles |
Huiles de lubrification |
Huile pour transformateur et huile à broche |
Paraffines |
Industrie du caoutchouc |
Résidus |
|
Pétrolatum |
Vaseline |
Fioul résiduel |
Huile pour chaudière et fioul pour procédé |
Bitumes |
Bitumes routiers |
Sous-produits du raffinage |
|
Coke |
Electrodes et combustible |
Sulfonates |
Emulsifiants |
Acide sulfurique |
Engrais synthétiques |
Soufre |
Produits chimiques |
Hydrogène |
Reformage des hydrocarbures |
Dans le traitement des hydrocarbures, un certain nombre de substances chimiques sont consumées ou produites. Voici une brève description des substances liées de façon spécifique au raffinage:
Les gaz de carneau produits par la combustion de combustibles à forte teneur en soufre contiennent généralement des quantités importantes de dioxyde de soufre qui sont habituellement éliminées par lavage à leau.
On ajoute des produits caustiques à leau de dessalage pour neutraliser les acides et réduire la corrosion. On en ajoute aussi au pétrole brut dessalé pour réduire les quantités de chlorures corrosifs dans les distillats de tête des tours de distillation atmosphérique. Des produits caustiques sont également utilisés pour les procédés de traitement lors du raffinage pour extraire des hydrocarbures les contaminants quils contiennent.
Les gaz de carneau peuvent contenir jusquà 200 ppm doxyde nitrique qui réagit lentement avec loxygène pour former du dioxyde dazote. Loxyde nitrique nest pas éliminé par lavage à leau, mais le dioxyde dazote peut se dissoudre dans leau et former de lacide nitrique et de lacide nitreux. En général, à moins que la combustion ne soit anormale, les gaz de carneau nont quune faible concentration de monoxyde de carbone.
La plupart des pétroles bruts renferment à létat naturel du sulfure dhydrogène; celui-ci se forme en outre lors du traitement par décomposition de composés soufrés instables. Le sulfure dhydrogène est un gaz extrêmement toxique, incolore, inflammable, plus dense que lair et soluble dans leau. Il a une odeur duf pourri perceptible à des concentrations nettement inférieures à sa limite dexposition, qui est très faible. Cette odeur ne saurait cependant constituer un avertissement suffisant, car lodorat est presque immédiatement désensibilisé lors dune exposition. Il faut prévoir des détecteurs spéciaux pour signaler la présence de sulfure dhydrogène et porter un appareil de protection respiratoire approprié en présence de ce gaz. Lexposition à de faibles concentrations de sulfure dhydrogène provoque des irritations, des étourdissements et des maux de tête; une exposition à des concentrations supérieures aux limites prescrites entraîne une dépression du système nerveux et peut être fatale.
Leau acide est de leau chargée de sulfure dhydrogène, dammoniac, de phénols, dhydrocarbures et de composés soufrés de faible masse moléculaire, produite par le procédé. Elle se forme lors de la distillation par revaporisation à la vapeur deau de fractions pétrolières, de la régénération de catalyseurs ou de la revaporisation à la vapeur deau du sulfure dhydrogène durant lhydrotraitement et lhydrofinissage. De leau acide est également produite lorsquon ajoute de leau pour absorber le sulfure dhydrogène et lammoniac.
Lacide sulfurique et lacide fluorhydrique sont utilisés comme catalyseurs dans les procédés dalkylation. Lacide sulfurique est aussi utilisé dans certains procédés de traitement.
On utilise dans les procédés de raffinage un certain nombre de catalyseurs solides de formes physiques diverses, allant des pastilles aux granulés et aux poussières et ayant des compositions diverses elles aussi. On utilise des catalyseurs faits de pastilles extrudées dans les procédés à lit fixe et à lit mobile, et des catalyseurs sous la forme de fines particules sphériques dans les procédés à lit fluidisé. Les catalyseurs utilisés dans les procédés de désulfuration sont imprégnés de cobalt, de nickel et de molybdène. On emploie dans les unités de craquage des catalyseurs à fonction acide comme des argiles naturelles, de la silice alumine ou des zéolites artificielles. Les catalyseurs à fonction acide imprégnés de platine ou dautres métaux nobles sont réservés aux procédés disomérisation et de reformage. Les catalyseurs usés demandent une manipulation spéciale et des précautions contre tout risque dexposition, car ils peuvent contenir des métaux, des huiles aromatiques, des composés aromatiques polycycliques cancérogènes, ainsi que dautres matières dangereuses. Ils peuvent aussi être pyrophoriques.
Les principaux produits utilisés comme combustibles et carburants sont les gaz de pétrole liquéfiés, lessence, le kérosène, les carburéacteurs, les carburants diesel, le mazout et les résidus de raffinage.
Gaz de pétrole liquéfiés (GPL) . Ils sont constitués dun mélange dhydrocarbures paraffiniques et oléfiniques comme le propane et le butane. Ils servent de combustible et sont stockés et manipulés sous la forme de liquides sous pression. Ils ont un point débullition compris entre 74 °C et + 38 °C environ. Ils sont incolores et leurs vapeurs sont plus denses que lair et extrêmement inflammables. Leurs principales qualités, du point de vue de la sécurité et de la santé au travail, sont leur pression de vapeur peu élevée et leur faible teneur en contaminants.
Essence . Lessence automobile qui est un mélange de fractions dhydrocarbures à point débullition relativement bas comprenant, entre autres, le reformat, lalkylat, le naphta aliphatique (naphta léger obtenu par distillation directe), le naphta aromatique (naphta obtenu par craquage thermique et catalytique) et des additifs est le produit de raffinage le plus important. Lessence de base a un point débullition compris entre la température ambiante et 204 °C environ et un point déclair inférieur à 40 °C. Les caractéristiques les plus importantes de lessence sont lindice doctane (propriétés antidétonantes), la volatilité (démarrage et bouchon de vapeur) et la pression de vapeur (protection de lenvironnement). On utilise des additifs pour améliorer les propriétés de lessence et protéger le moteur contre loxydation et la formation de rouille. Lessence aviation est un produit à indice doctane élevé formulé spécialement pour assurer une bonne performance à haute altitude.
Laddition à lessence de tétraéthylplomb ou de tétraméthylplomb permet daméliorer lindice doctane et les propriétés antidétonantes. Compte tenu des effets nocifs du plomb présent dans les gaz déchappement des véhicules, ces additifs ne sont plus utilisés couramment, sauf dans lessence daviation.
Pour améliorer les propriétés antidétonantes de lessence sans plomb et réduire les émissions de monoxyde de carbone quelle produit, on a remplacé le tétraéthylplomb et le tétraméthylplomb par de léthyl-tert-butyl éther (ETBE), du méthyl-tert-butyl éther (MTBE), ou du méthyl-tert-amyl éther (TAME) et dautres composés oxygénés.
Carburéacteurs et kérosènes . Les kérosènes sont des mélanges de paraffines et de naphtènes contenant en général moins de 20% dhydrocarbures. Ils ont un point déclair supérieur à 38 °C et un point débullition compris entre 160 °C et 288 °C. Les kérosènes sont utilisés pour léclairage et le chauffage, comme solvants et comme constituants des carburants diesel. Les carburéacteurs sont des distillats moyens dont les principales qualités sont le point de congélation, le point déclair et le point de fumée. Les carburéacteurs commerciaux et les carburéacteurs militaires ont un point débullition compris entre 191 °C et 274 °C et entre 55 °C et 288 °C, respectivement.
Fiouls légers . Les carburants diesel et les fiouls domestiques sont des mélanges de couleur pâle constitués de paraffines, de naphtènes et dhydrocarbures aromatiques. Ils peuvent aussi contenir des quantités modérées doléfines. Les fiouls légers ont un point déclair supérieur à 60 °C et leur point débullition est compris entre 163 °C et 371 °C environ. Ils sont souvent soumis à un traitement dhydrodésulfuration destiné à améliorer leur stabilité. Ce sont des produits combustibles; lorsquils sont chauffés, ils peuvent dégager des vapeurs susceptibles de former avec lair des mélanges inflammables. Les qualités des fiouls légers sont un point déclair et un point découlement qui peuvent être contrôlés, une combustion propre, labsence de dépôts dans les réservoirs et un indice de cétane dans les carburants diesel assurant un bon démarrage et une bonne combustion.
Combustibles résiduels . Dans de nombreuses installations commerciales et industrielles et de nombreux navires, on utilise des combustibles résiduels ou des mélanges constitués de combustibles résiduels et de fiouls légers comme sources dénergie ou de chaleur ou pour des opérations de traitement. Les combustibles résiduels sont des mélanges liquides très visqueux de couleur foncée; ce sont des hydrocarbures à grosses molécules qui ont un point déclair supérieur à 121 °C et un point débullition élevé. Leurs caractéristiques les plus importantes sont la viscosité et la faible teneur en soufre (protection de lenvironnement).
Le principal danger associé aux GPL et à lessence est le risque dincendie. Du fait de leur grande volatilité et de leur inflammabilité élevée, les produits à faible point débullition sévaporent facilement dans lair et forment des vapeurs inflammables. Cest un risque reconnu qui exige des précautions particulières en matière de stockage, de confinement et de manutention, et des mesures de sécurité permettant de maîtriser les risques de dégagement de vapeurs et les sources dinflammation. Les produits moins volatils comme le kérosène et le carburant diesel devraient aussi être manipulés avec précaution pour prévenir tout déversement et inflammation éventuels, car leurs vapeurs sont elles aussi combustibles lorsquelles se mélangent à lair à des concentrations se situant dans la plage dinflammabilité. Pour réduire les risques dinflammation dans les atmosphères contenant des vapeurs combustibles, les concentrations dans lair sont souvent limitées, selon les règlements appliqués par les entreprises et les autorités, à 10% au maximum de la limite inférieure dexplosibilité (LIE) pour les vapeurs de produits inflammables très volatils, et à 20% au maximum de la LIE pour les vapeurs de produits combustibles moins volatils.
Bien que la concentration de vapeurs dessence dans lair soit généralement limitée pour des raisons de sécurité à 10% au plus de la LIE, cette valeur reste très supérieure aux limites dexposition à respecter pour des considérations de santé. En effet, linhalation de petites quantités de vapeurs dessence présentes dans lair à des concentrations beaucoup plus basses que la LIE peut causer une irritation, des maux de tête et des étourdissements, tandis quune inhalation de produits à des concentrations plus élevées peut entraîner une perte de connaissance et éventuellement la mort. Il peut aussi y avoir des effets à long terme sur la santé. Lessence contient, par exemple, du benzène, un composé cancérogène connu pour lequel la limite dexposition admissible nest que de quelques ppm. Par conséquent, même dans une atmosphère dont la concentration en vapeurs dessence est inférieure à 10% de la LIE, il faut prendre des précautions appropriées en matière dhygiène industrielle, par exemple porter un appareil de protection respiratoire approprié et prévoir une aspiration localisée.
Dans le passé, de nombreuses essences contenaient du tétra-éthylplomb ou du tétraméthylplomb comme additifs antidétonants; ces substances sont toxiques et présentent un grave risque dabsorption de plomb par contact cutané ou par inhalation. Les réservoirs et autres récipients ayant contenu à un moment ou à un autre de lessence au plomb doivent être ventilés, nettoyés avec soin, testés à laide dun appareil spécial permettant de déterminer la présence de plomb dans lair et certifiés exempts de plomb de façon que les travailleurs puissent y pénétrer sans appareil de protection respiratoire autonome ou à adduction dair, même lorsque la concentration en oxygène est normale et que les réservoirs contiennent de lessence sans plomb ou dautres produits.
Les fractions gazeuses tirées du pétrole et les combustibles les plus volatils ont un effet légèrement anesthésique, en général inversement proportionnel à leur masse moléculaire. Linhalation de combustibles liquides à faible point débullition, comme lessence et le kérosène, peut provoquer une grave pneumonie de type chimique; il ne faut donc pas siphonner ces produits en aspirant avec la bouche et les ingérer accidentellement. Les gaz et les vapeurs peuvent aussi être présents en concentrations suffisamment élevées pour faire tomber la concentration doxygène dans lair au-dessous du seuil nécessaire à la respiration. On maintient généralement les vapeurs dangereuses en deçà de leur limite dexposition et les concentrations doxygène dans la plage nécessaire à la respiration en purgeant ou en ventilant le milieu.
Il faut limiter lexposition aux distillats de craquage, car ces produits contiennent de petites quantités dhydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont des substances cancérogènes. Lexposition à de lessence, à du kérosène et à des fiouls légers peut aussi provoquer une dermite, car ces substances ont tendance à détruire les graisses de la peau. La prévention consiste à porter un équipement de protection individuelle, à appliquer une crème protectrice, à réduire la fréquence des contacts et à observer une bonne hygiène individuelle, comme se laver les mains avec de leau tiède et du savon et non avec de lessence, du kérosène ou des solvants. Certaines personnes ont une sensibilité cutanée particulière aux colorants ajoutés à lessence et aux autres distillats.
Les combustibles résiduels renferment des traces de métaux ainsi que parfois du sulfure dhydrogène, substance extrêmement toxique. Les combustibles résiduels contenant de grandes quantités de produits de craquage dont le point débullition est supérieur à 370 °C recèlent des HAP cancérogènes. Il faut éviter toute exposition répétée à ces combustibles sans équipement de protection individuelle approprié, en particulier lors de louverture des réservoirs, car il peut se produire un dégagement de sulfure dhydrogène.
De nombreux produits provenant du raffinage du pétrole brut, tels que léthylène, le propylène et le butadiène, sont des hydrocarbures oléfiniques obtenus par craquage, servant de matières premières dans lindustrie pétrochimique en vue de la production de plastiques, dammoniac, de caoutchouc synthétique, de glycol, etc.
Divers composés purs, comprenant le benzène, le toluène, le xylène, lhexane et lheptane, sont destinés à être utilisés comme solvants; ces produits ont un point débullition et une composition en hydrocarbures étroitement contrôlés. On peut classer les solvants, selon leur composition, en solvants aromatiques ou non aromatiques. Leur utilisation comme diluants pour peintures, produits de nettoyage à sec, dégraissants, solvants industriels, solvants pour pesticides, etc. est généralement déterminée par leur point déclair, qui peut aller dune valeur nettement inférieure à 18 °C à plus de 60 °C.
Les solvants présentent des risques semblables à ceux des combustibles dans la mesure où ceux dentre eux qui ont un point déclair faible sont inflammables; leurs vapeurs, mélangées à lair dans la plage dinflammabilité, peuvent senflammer spontanément. Les solvants aromatiques sont généralement plus toxiques que les non aromatiques.
Les huiles de procédé comprennent les distillats à haut point débullition obtenus par distillation directe à la pression atmosphérique ou sous vide, ainsi que les distillats produits par craquage catalytique ou craquage thermique. Ces mélanges complexes, qui contiennent de grosses molécules dhydrocarbures paraffiniques, naphténiques et aromatiques comptant plus de 15 atomes de carbone, sont utilisés comme matières premières pour le craquage et la fabrication de lubrifiants. Les huiles de procédé ont une viscosité assez élevée, un point débullition se situant entre 260 °C et 538 °C et un point déclair supérieur à 121 °C.
Ces huiles irritent la peau et contiennent des concentrations élevées de HAP, ainsi que des composés renfermant du soufre, de lazote et de loxygène. Il faut éviter dinhaler les vapeurs et les brouillards dhuile et protéger la peau en portant un équipement de protection individuelle et en observant une hygiène individuelle rigoureuse.
Les huiles lubrifiantes de base sont obtenues par des procédés spéciaux de raffinage afin de répondre aux exigences particulières des consommateurs. Ce sont des mélanges dhuiles paraffiniques, naphténiques et aromatiques légèrement ou moyennement colorés, faiblement volatils, ayant une viscosité de moyenne à élevée et des points débullition compris entre 371 °C et 538 °C. Des additifs tels que les désémulsifiants, antioxydants et améliorants de lindice de viscosité sont ajoutés à ces huiles de base pour leur conférer les caractéristiques dhuiles moteurs, dhuiles turbines, dhuiles hydrauliques, de graisses industrielles, de lubrifiants, dhuiles pour engrenages et dhuiles de coupe. Un indice de viscosité élevé permet de réduire les variations de viscosité dans des conditions de température variables; cest la qualité la plus importante des huiles lubrifiantes de base. Cette caractéristique peut déjà être présente dans lhuile dalimentation brute ou être obtenue grâce à lutilisation de produits qui améliorent lindice de viscosité. On ajoute des détergents pour maintenir en suspension les boues formées durant la mise en uvre des huiles.
Les graisses sont des mélanges dhuiles lubrifiantes et de savons métalliques auxquels on ajoute, à des fins spéciales, des matières telles que lamiante*, le graphite, le molybdène, des silicones ou du talc en vue daméliorer leurs propriétés isolantes ou leur pouvoir lubrifiant. Les huiles utilisées dans la coupe et le traitement des métaux sont des huiles lubrifiantes contenant des additifs spéciaux, comme du chlore, du soufre et des acides gras, qui réagissent à la chaleur pour assurer la lubrification et la protection des outils de coupe. Des émulsifiants et des agents bactéricides sont ajoutés aux huiles de coupe hydrosolubles.
* Certains pays ont interdit l'utilisation de l'amiante. L'Union européenne prévoit une telle interdiction à partir de 2005.
Même si les huiles lubrifiantes ne sont pas irritantes et sont peu toxiques par elles-mêmes, les additifs quelles contiennent peuvent présenter un risque. Les utilisateurs devraient prendre connaissance des données relatives à la sécurité et à la santé fournies par le fabricant, pour déterminer les risques potentiels de chaque additif, lubrifiant, huile de coupe et graisse. La dermite constitue le risque principal; on peut se prémunir en portant un équipement de protection individuelle et en observant une hygiène rigoureuse. Il peut arriver que des travailleurs développent une sensibilité aux huiles de coupe ou aux lubrifiants; dans ce cas, il faut les réaffecter à un emploi ne comportant aucun risque de contact avec ces produits. Lexposition à des brouillards dhuiles de coupe et dhuiles à broche légères renfermant des constituants naphténiques suscite certaines inquiétudes en raison des propriétés cancérogènes de ces substances; on peut réduire ce risque en utilisant un autre type dhuile, en prenant des mesures de prévention technique ou en portant un équipement de protection individuelle. Les risques dexposition aux graisses sont comparables à ceux de lexposition à des lubrifiants; il sy ajoute les risques découlant des matières ou des additifs quelles contiennent.
La paraffine est utilisée pour protéger les produits alimentaires, comme ingrédient dautres produits, par exemple les cosmétiques et le cirage, et dans la fabrication des bougies.
Le soufre est obtenu lors du raffinage. Il est conservé soit à létat fondu dans des réservoirs chauffés, soit à létat solide dans des récipients ou à lextérieur.
Le coke , qui est du carbone presque pur, est utilisé à diverses fins allant de la fabrication délectrodes à celle de briquettes, selon ses caractéristiques physiques qui dépendent du procédé de cokéfaction.
Le bitume, qui est utilisé comme revêtement des chaussées et dans les matériaux de couverture, doit résister à la plupart des produits chimiques et des conditions météorologiques.
Comme les paraffines et les bitumes sont solides à la température ambiante, il faut les stocker, les manipuler et les transporter à une température plus élevée, ce qui entraîne des risques de brûlure. La paraffine issue du pétrole est une matière si fortement raffinée quelle ne présente normalement aucun danger. Tout contact avec la peau risque dobstruer les pores, ce que permettent déviter de bonnes pratiques dhygiène. Des mesures de prévention technique ou le port dun appareil respiratoire assurent une protection contre le sulfure dhydrogène qui se dégage lorsque des réservoirs de bitume et de soufre fondu sont ouverts. Le soufre peut aussi senflammer facilement à des températures élevées. Le bitume (asphalte) est traité au chapitre no 93, «Le bâtiment et les travaux publics», de lEncyclopédie.
Le raffinage des hydrocarbures consiste à mettre en uvre des produits chimiques, des catalyseurs, la chaleur et la pression pour séparer et combiner les types fondamentaux de molécules dhydrocarbures présents à létat naturel dans le pétrole brut en groupes similaires. Il permet aussi de réarranger les structures et les liaisons moléculaires pour obtenir des composés et des molécules dhydrocarbures différents et plus intéressants. Cest le type dhydrocarbure (paraffinique, naphténique ou aromatique), davantage que les composés chimiques présents, qui est le facteur le plus important du procédé de raffinage.
Il faut, partout dans la raffinerie, prévoir des méthodes de travail, des mesures de sécurité et lutilisation de vêtements et déquipements appropriés de protection individuelle, y compris des appareils de protection respiratoire pour se protéger du feu, de lexposition aux produits chimiques, aux particules, à la chaleur et au bruit et lors des opérations de production, déchantillonnage, dinspection, de révision et dentretien des installations. Comme la plupart des procédés de raffinage seffectuent en continu et en vase clos, les probabilités dexposition sont limitées. Des risques dincendie subsistent néanmoins, même si les opérations de raffinage seffectuent en circuit fermé, car les réchauffeurs, les fours et les échangeurs de chaleur des unités de production sont autant de sources dinflammation en cas de fuite ou de rejet de liquides, de vapeurs ou de gaz dhydrocarbures.
Le pétrole brut contient souvent de leau, des sels inorganiques, des solides en suspension et des traces de métaux solubles dans leau. La première étape du raffinage consiste à éliminer ces contaminants par dessalage (déshydratation) pour réduire la corrosion, le colmatage et lencrassement des installations et empêcher lempoisonnement des catalyseurs dans les unités de production. Le dessalage chimique, la séparation électrostatique et la filtration sont trois méthodes typiques de dessalage du pétrole brut. Dans le dessalage chimique, on ajoute de leau et des agents tensio-actifs (désémulsifiants) au pétrole brut, on chauffe pour dissoudre ou fixer à leau les sels et les autres impuretés, puis on conserve ce mélange dans un bac pour que la phase aqueuse décante. Dans le dessalage électrostatique, on applique des charges électrostatiques de tension élevée pour concentrer les gouttelettes en suspension dans la partie inférieure du bac de décantation. On ajoute des agents tensio-actifs uniquement lorsque le pétrole brut renferme beaucoup de solides en suspension. Un troisième procédé, moins courant, consiste à filtrer le pétrole brut chaud sur de la terre à diatomées. Dans les dessalages chimique et électrostatique, on chauffe la matière première brute jusquà une température comprise entre 66 °C et 177 °C, pour réduire la viscosité et la tension superficielle et faciliter ainsi le mélange et la séparation de leau; la température est limitée par la pression de vapeur du pétrole brut. Ces deux méthodes de dessalage sont réalisées en continu. Une base ou un acide sont parfois ajoutés pour ajuster le pH de leau de lavage; on peut aussi ajouter de lammoniac pour réduire la corrosion. Les eaux usées et les contaminants quelles contiennent sont repris à la partie inférieure du bac de décantation et acheminés vers lunité dépuration des eaux usées. Le pétrole brut dessalé est récupéré en continu à la partie supérieure du bac de décantation et envoyé à une tour de distillation atmosphérique (tour de fractionnement) (voir figure 78.2).
Si le dessalage est imparfait, il y aura encrassement des tubes réchauffeurs et des échangeurs de chaleur dans toutes les unités de production de la raffinerie, ce qui se traduira par une diminution des débits dans les circuits et une réduction de la vitesse de transfert de chaleur et causera des défaillances en raison dune augmentation de la pression et de la température. Toute surpression dans lunité de dessalage provoquera une panne.
La corrosion, due à la présence de sulfure dhydrogène, de chlorure dhydrogène, dacides naphténiques (organiques) et dautres contaminants dans le pétrole brut, provoquera aussi des défaillances. Il y a corrosion lorsque des sels neutralisés (chlorure et sulfure dammonium) entrent en contact avec de leau de condensation. Comme le dessalage est un procédé en circuit fermé, il y a peu de risque dexposition à du pétrole brut ou à des produits chimiques, sauf en cas de fuite ou de rejet. Un incendie peut se déclarer par suite dune fuite dans les réchauffeurs, entraînant le rejet des constituants volatils du pétrole brut.
Il peut y avoir exposition à de lammoniac, à des désémulsifiants chimiques secs ainsi quà des bases ou des acides durant le dessalage. Il y a présence de sulfure dhydrogène lorsquon procède au dessalage de pétroles bruts acides à des températures élevées. Selon la matière première brute et les produits de traitement utilisés, les eaux usées contiendront diverses quantités de chlorures, de sulfures, de bicarbonates, dammoniac, dhydrocarbures, de phénols et de solides en suspension. Si lon procède à la filtration sur de la terre à diatomées, il faut limiter ou contrôler les expositions, car ce milieu de filtration peut contenir de très fines particules de silice qui sont dangereuses pour les voies respiratoires.
La première étape du raffinage est le fractionnement du pétrole brut dans des tours de distillation atmosphérique et sous vide. Le pétrole brut chauffé est physiquement séparé en diverses fractions, ou fractions de distillation directe, différenciées par leurs plages de points débullition et classées, par ordre de volatilité décroissante, en gaz, distillats légers, distillats moyens, gazole et résidus. Le fractionnement permet de séparer les différentes fractions car, en raison de la différence de température entre le bas et le haut de la tour, les constituants à point débullition plus élevé se condensent à la partie inférieure de la tour, tandis que les fractions à point débullition plus bas montent plus haut dans la tour avant de se condenser. Dans la tour, les vapeurs qui montent et les liquides qui descendent (reflux) se mélangent à des niveaux où leurs compositions sont en équilibre. La tour comporte à ces niveaux des plateaux qui permettent de soutirer les fractions liquides qui sy condensent. Dans une unité typique à deux étages, la tour de distillation atmosphérique, qui produit des fractions et des distillats légers, est immédiatement suivie dune tour de distillation sous vide dans laquelle sont traités les résidus de la distillation atmosphérique. Après la distillation, seuls quelques hydrocarbures peuvent être utilisés comme produits finis sans traitement supplémentaire.
Dans les tours de distillation atmosphérique, le pétrole brut dessalé est préchauffé en utilisant la chaleur recyclée provenant des procédés. Cette charge est ensuite acheminée vers un réchauffeur à chauffage direct, puis vers le bas dune colonne de distillation verticale, à des pressions légèrement supérieures à la pression atmosphérique et à des températures allant de 343 °C à 371 °C, pour éviter tout craquage thermique indésirable qui se produirait à des températures plus élevées. Les fractions légères (à bas point débullition) se diffusent dans la partie supérieure de la tour, doù elles sont soutirées en continu et acheminées vers dautres unités en vue de subir un traitement plus poussé avant dêtre mélangées et distribuées.
Les fractions ayant les points débullition les plus bas, comme le gaz combustible et le naphta léger, sont soutirées au sommet de la tour sous forme de vapeurs. Le naphta, ou essence de distillation directe, est repris à la partie supérieure de la tour comme produit de tête. Ces produits sont utilisés comme matières premières et de reformage, essences de base, solvants et gaz de pétrole liquéfiés.
Les fractions ayant un intervalle débullition intermédiaire, dont le gazole, le naphta lourd et les distillats, sont soutirées latéralement dans la section médiane de la tour. Elles sont soumises à des opérations de finition en vue dêtre utilisées comme kérosène, carburant diesel, mazout, carburéacteurs, matières premières des unités de craquage catalytique et essences de base. Certaines de ces fractions liquides sont débarrassées de leurs produits plus légers qui sont réinjectés dans la tour comme reflux descendants.
Les fractions plus lourdes à point débullition plus élevé (appelées résidus, queues de distillation ou résidus de première distillation) qui se condensent ou qui restent dans la partie inférieure de la tour sont utilisées comme fiouls ou matières premières pour les unités de production de bitume ou de craquage, ou sont acheminées vers un réchauffeur et une tour de distillation sous vide pour subir un fractionnement plus poussé (voir figures 78.3 et 78.4).
Dans les tours de distillation sous vide, la pression est suffisamment basse pour empêcher le craquage thermique lors de la distillation des queues de distillation ou des résidus de première distillation provenant de la tour de distillation atmosphérique où la température est plus élevée. Lintérieur de certaines tours de distillation sous vide est différent de celui des tours de distillation atmosphérique; au lieu de plateaux, on trouve un garnissage disposé de façon aléatoire et des tamis contre les entraînements. On utilise parfois des tours de diamètre plus grand pour avoir une vitesse découlement plus faible. Une tour sous vide typique de première phase peut produire des gazoles, des huiles lubrifiantes de base et des résidus lourds se prêtant au désasphaltage au propane. Une tour de seconde phase fonctionnant sous un vide plus poussé permet de distiller les résidus excédentaires provenant de la tour de distillation atmosphérique qui ne servent pas au traitement des huiles lubrifiantes de base, ainsi que les résidus excédentaires provenant de la première tour de distillation sous vide qui ne sont pas soumis au désasphaltage.
La distillation sous vide est normalement utilisée pour séparer les produits devant être envoyés aux unités de craquage catalytique des fractions résiduelles. Les queues de distillation sous vide peuvent aussi être acheminées vers un four à coke, être utilisées comme base de lubrifiant ou de bitume, ou encore être désulfurées et mélangées à du mazout à faible teneur en soufre (voir figures 78.5 et 78.6.).
Il existe dans les raffineries de nombreuses autres tours de distillation plus petites, appelées colonnes, destinées à séparer des produits particuliers et uniques; elles fonctionnent toutes selon les mêmes principes que les tours de distillation atmosphérique. Ainsi, un dépropaniseur est une petite colonne conçue pour séparer le propane de lisobutane et des constituants plus lourds. Une autre colonne, de plus grande taille, sert à séparer léthylbenzène et le xylène. De petites tours de désessençage, appelées colonnes de rectification , utilisent de la vapeur deau pour débarrasser les produits lourds des traces de produits plus légers quils contiennent.
Les températures, les pressions et les reflux doivent être maintenus à lintérieur de certaines limites pour empêcher un craquage thermique dans les tours de distillation. Des systèmes de sécurité sont prévus, car il peut se produire des écarts de pression, de température et de niveau des liquides en cas de défaillance des dispositifs de régulation automatique. Les opérations sont contrôlées pour éviter que du brut ne passe dans la charge de reformage. Le brut peut contenir en effet dimportantes quantités deau en suspension qui se séparent lors du démarrage de linstallation et se déposent au fond de la tour avec leau résiduelle provenant de la purge à la vapeur. Cette eau peut séchauffer jusquà ébullition et provoquer une explosion, par vaporisation instantanée au contact des hydrocarbures.
Lacide chlorhydrique (HCl), le sulfure dhydrogène (H2S), leau, les composés soufrés et les acides organiques risquent de corroder léchangeur de préchauffage, le four de préchauffage et léchangeur des résidus de distillation, la tour de distillation atmosphérique et le four sous vide, la tour de distillation sous vide et le circuit de tête. Lors du traitement de bruts acides, il peut se produire une forte corrosion dans les tours de distillation atmosphériques et sous vide, lorsque le métal est à une température supérieure à 232 °C, ainsi que dans les tubulures des fours. Le H2S humide provoque en outre la fissuration de lacier. Lors du traitement de bruts riches en composés azotés, il y a formation doxydes dazote dans les gaz de combustion des fours; ces gaz, après refroidissement à une basse température en présence deau, sont corrosifs pour lacier.
On utilise des produits chimiques pour lutter contre la corrosion par lacide chlorhydrique dans les unités de distillation. On peut injecter de lammoniac dans le circuit de tête avant la condensation initiale ou injecter avec précaution une solution alcaline dans le brut chaud. Il peut y avoir formation de dépôts de chlorure dammonium, source de grave corrosion si la quantité deau de lavage injectée nest pas suffisante.
Comme la distillation atmosphérique et la distillation sous vide sont des procédés en circuit fermé, les risques dexposition sont minimes. Lors du traitement de bruts acides (riches en soufre), il y a un risque dexposition au sulfure dhydrogène dans léchangeur et le four de préchauffage, dans la zone de détente et dans le circuit de tête de la tour, dans le four et la tour de distillation sous vide et dans léchangeur des résidus de distillation. Les pétroles bruts et les produits de distillation contiennent tous des composés aromatiques à point débullition élevé, y compris des HAP qui sont cancérogènes. Lexposition de courte durée à des vapeurs de naphta présentes en concentrations élevées peut provoquer des maux de tête, des nausées et des étourdissements, tandis que lexposition de longue durée peut entraîner une perte de connaissance. Les naphtas aromatiques contenant du benzène, il est capital de limiter lexposition à ces substances. Les produits de tête des déshexaniseurs peuvent contenir des quantités importantes dhexane normal, substance qui peut agir sur le système nerveux. Il peut aussi y avoir du chlorure dhydrogène dans léchangeur de préchauffage, dans les zones supérieures des colonnes et dans le circuit de tête. Enfin, les eaux usées peuvent présenter des concentrations élevées de sulfites solubles dans leau et contenir dautres composés hydrosolubles tels que lammoniac, des chlorures, des phénols et des mercaptans, selon le brut traité et les produits chimiques utilisés pour le traitement.
Les procédés de conversion, comme le craquage, la combinaison et le réarrangement, modifient la taille et la structure des molécules dhydrocarbures et transforment ainsi les fractions en produits plus intéressants (voir tableau 78.3).
Nom du procédé |
Action |
Méthode |
But |
Matières premières |
Produits |
Procédés de fractionnement |
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Distillation atmosphérique |
Séparation |
Thermique |
Séparation des fractions |
Pétrole brut dessalé |
Gaz, gazole, distillats, résidus |
Distillation sous vide |
Séparation |
Thermique |
Séparation sans craquage |
Résidus de tour de distillation atmosphérique |
Gazole, bases lubrifiants, résidus |
Procédés de conversion décomposition |
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Craquage catalytique |
Altération |
Catalytique |
Amélioration de l’essence |
Gazole, distillat de coke |
Essence, charges pétrochimiques |
Cokéfaction |
Polymérisation |
Thermique |
Conversion des résidus sous vide |
Résidus, pétrole lourd, goudrons |
Naphta, gazole, coke |
Hydrocraquage |
Hydrogénation |
Catalytique |
Conversion en hydrocarbures plus légers |
Gazole, huile de craquage, résidus |
Produits plus légers, de meilleure qualité |
Reformage à la vapeur |
Décomposition |
Thermique/ catalytique |
Production d’hydrogène |
Gaz désulfuré, O2 , vapeur |
Hydrogène, CO,CO2 |
Craquage à la vapeur |
Décomposition |
Thermique |
Craquage de grosses molécules |
Fioul lourd/distillats de tour de distillation atmosphérique |
Naphta de craquage, coke, résidus |
Viscoréduction |
Décomposition |
Thermique |
Réduction de la viscosité |
Résidus de tour de distillation atmosphérique |
Distillats, goudrons |
Procédés de conversion unification |
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Alkylation |
Combinaison |
Catalytique |
Combinaison d’oléfines et d’isoparaffines |
Isobutane de tour/oléfines de craquage |
Iso-octane (alkylat) |
Mélange de graisses |
Combinaison |
Thermique |
Combinaison de savons et d’huiles |
Huiles lubrifiantes, acide gras, alkyle-métal |
Graisses lubrifiantes |
Polymérisation |
Polymérisation |
Catalytique |
Combinaison de deux oléfines ou plus |
Oléfines de craquage |
Naphta à indice d’octane élevé, charges pétrochimiques |
Procédés de conversion altération/réarrangement |
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Reformage catalytique |
Altération/ déshydrogénation |
Catalytique |
Amélioration du naphta à indice d’octane bas |
Naphta de cokéfaction/d’hydrocraquage |
Reformat/aromatiques à indice d’octane élevé |
Isomérisation |
Réarrangement (conversion) |
Catalytique |
Conversion d’hydrocarbures à chaîne droite en hydrocarbures à chaîne ramifiée |
Butane, pentane, hexane |
Isobutane/pentane/hexane |
Proc édés de traitement |
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Traitement aux amines |
Traitement |
Absorption |
Elimination des contaminants acides |
Gaz acide, hydrocarbures avec CO2 et H2S |
Gaz et liquides d’hydrocarbures exempts d’acide |
Dessalage (prétraitement) |
Déshydratation |
Absorption |
Elimination des contaminants |
Pétrole brut |
Pétrole brut dessalé |
Séchage et adoucissement |
Traitement |
Absorption/ thermique |
Elimination de l’eau et des composés soufrés |
Hydrocarbure liquide, GPL, matières premières alkylées |
Hydrocarbures adoucis et secs |
Extraction au furfural |
Extraction par les solvant |
Absorption |
Amélioration des distillats moyens et des lubrifiants |
Huiles lourdes de recyclage et bases lubrifiants |
Carburant diesel et huiles lubrifiantes de haute qualité |
Hydrodésulfuration |
Traitement |
Catalytique |
Elimination du soufre et des contaminants |
Résidus riches en soufre/gazole |
Oléfines désulfurées |
Hydrotraitement |
Hydrogénation |
Catalytique |
Elimination des impuretés/ saturation des hydrocarbures |
Résidus, hydrocarbures de craquage |
Charge de craquage, distillats, lubrifiants |
Extraction par les phénols |
Extraction par les solvants |
Absorption/ thermique |
Amélioration de l’indice de viscosité et de la couleur des lubrifiants |
Bases huiles lubrifiantes |
Huiles lubrifiantes de haute qualité |
Désasphaltage aux solvants |
Traitement |
Absorption |
Elimination de l’asphalte |
Résidus de tour de distillation sous vide, propane |
Huile lubrifiante lourde, bitume |
Déparaffinage par les solvants |
Traitement |
Refroidissement/ filtration |
Elimination de la paraffine des bases lubrifiants |
Huiles lubrifiantes de tour de distillation sous vide |
Bases lubrifiants déparaffinées |
Extraction par les solvants |
Extraction par les solvants |
Absorption/ précipitation |
Séparation des composés aromatiques non saturés |
Gazole, reformat, distillats |
Essence à indice d’octane élevé |
Adoucissement |
Traitement |
Catalytique |
Elimination du H2S, conversion des mercaptans |
Distillats non traités/essence |
Distillats de haute qualité/essence |
La conversion permet dobtenir un certain nombre de molécules dhydrocarbures que lon ne trouve pas normalement dans le pétrole brut mais qui sont importantes pour le raffinage. Les oléfines (alcènes, di-oléfines et alcynes) sont des hydrocarbures non saturés à chaîne ouverte ou à chaîne fermée, comportant au moins une double liaison; elles sont normalement obtenues par craquage thermique ou catalytique et sont rarement présentes dans le pétrole brut non traité.
Les alcènes sont des molécules à chaîne ouverte de formule CnH2n, comportant au moins une double liaison (insaturation). Lalcène le plus simple est la mono-oléfine éthylène qui est constituée de deux atomes de carbone, liés lun à lautre par une double liaison, et de quatre atomes dhydrogène. Les di-oléfines (comportant deux doubles liaisons), comme le 1,2-butadiène et le 1,3-butadiène, et les alcynes (comportant une triple liaison), comme lacétylène, sont présents dans les fractions en C5 et les fractions plus légères obtenues par craquage. Les oléfines sont plus réactives que les paraffines et les napthènes et se combinent facilement avec dautres éléments comme lhydrogène, le chlore et le brome.
Après la distillation, dautres procédés sont mis en uvre pour modifier la structure moléculaire des fractions en vue dobtenir des produits plus recherchés. Lun de ces procédés, le craquage, fragmente (ou coupe) les fractions plus lourdes à point débullition plus élevé pour donner des produits plus utiles tels que des hydrocarbures gazeux, des essences de base, du gazole et du fioul. Durant le craquage, certaines molécules se combinent (se polymérisent) pour en former de plus grosses. Il y a essentiellement trois types de craquage, à savoir le craquage thermique, le craquage catalytique et lhydrocraquage.
Dans les procédés de craquage thermique, mis au point en 1913, on chauffe du fioul léger et du pétrole lourd sous pression dans de grands ballons, jusquà ce quils se fragmentent en molécules plus petites possédant de meilleures propriétés antidétonantes. Cette ancienne méthode, qui donnait dimportantes quantités de coke solide indésirable, a évolué en procédés de craquage thermique modernes comprenant la viscoréduction, le craquage à la vapeur et la cokéfaction.
La viscoréduction est une forme de craquage thermique modéré de mélanges lourds qui permet de réduire le point découlement des résidus cireux et de diminuer considérablement la viscosité du produit sans modifier sa plage débullition. Le résidu de distillation atmosphérique est soumis à un craquage modéré à la pression atmosphérique dans un réchauffeur. La température est rapidement abaissée à laide de gazole froid pour prévenir tout craquage excessif, puis le mélange est soumis à détente dans une tour de distillation. Le goudron résiduel obtenu lors du craquage thermique, qui saccumule au fond de la colonne de fractionnement, est soumis à une détente sous vide dans une colonne de rectification et le distillat est recyclé (voir figure 78.7).
Le craquage à la vapeur produit des oléfines par craquage thermique de grosses molécules dhydrocarbures à des pressions légèrement supérieures à la pression atmosphérique et à des températures très élevées. Le résidu du craquage à la vapeur est mélangé à des combustibles lourds. Le naphta produit par craquage à la vapeur contient normalement du benzène qui est extrait avant lhydrotraitement.
La cokéfaction est un craquage thermique poussé permettant dobtenir de lessence de distillation directe (naphta de cokéfaction) et divers distillats moyens qui sont envoyés dans les unités de craquage catalytique. Ce procédé réduit si complètement lhydrogène contenu dans les molécules dhydrocarbure que le résidu est constitué de carbone presque pur appelé coke. Les deux procédés de cokéfaction les plus courants sont la cokéfaction différée et la cokéfaction en continu (par contact ou sur lit fluidisé) qui, selon le mécanisme de réaction, la durée du procédé, la température et le brut traité, produisent trois types de coke spongieux, alvéolaire et aciculaire (voir figure 78.8).
Considérations de sécurité et de santé
Lors de la cokéfaction, la température devrait être maintenue dans une plage étroite, car une température trop élevée donnerait un coke trop dur pour pouvoir être extrait du ballon de carbonisation, tandis quune température trop basse donnerait une pâte à teneur élevée en matières asphaltiques. Une mauvaise régulation de la température pourrait entraîner une réaction exothermique.
Lors du craquage thermique de bruts acides, il peut y avoir corrosion si la température des surfaces métalliques est comprise entre 232 °C et 482 °C. Il semble que le coke forme une couche protectrice sur le métal à une température supérieure à 482 °C. Toutefois, il y a corrosion par le sulfure dhydrogène lorsque la température nest pas convenablement régulée au-dessus de 482 °C. La partie inférieure de la tour, les échangeurs à haute température, les fours et les ballons de maturation risquent dêtre corrodés. Les changements thermiques continus provoquent le renflement et la fissuration de lenveloppe des ballons de carbonisation.
On injecte de leau ou de la vapeur pour empêcher laccumulation de coke dans les tubes des fours de cokéfaction différée. Lunité de cokéfaction devrait être débarrassée complètement de leau quelle contient, si lon veut éviter une explosion lorsquelle est rechargée avec du coke chaud. Il faut prévoir des voies dévacuation durgence à partir de la plate-forme se trouvant au-dessus des ballons de carbonisation.
Il y a risque de brûlure lors de la manipulation de coke chaud, par exposition à la vapeur en cas de fuite sur une conduite, ou encore par contact avec leau chaude, le coke chaud ou les produits pâteux chauds qui peuvent séchapper lors de louverture des fours de cokéfaction. Il y a risque dexposition à des naphtas aromatiques contenant du benzène, du sulfure dhydrogène et du monoxyde de carbone à létat gazeux, ainsi quà des traces de HAP cancérogènes produits lors des opérations de cokéfaction. Les eaux acides usées peuvent être très alcalines et contenir du pétrole, des sulfites, de lammoniac et du phénol. Lorsque le coke est retiré sous forme pâteuse, il peut y avoir diminution de la teneur en oxygène en milieu confiné, par exemple dans des silos de stockage, car le carbone humide adsorbe loxygène.
Le craquage catalytique permet dobtenir des molécules plus simples par fragmentation dhydrocarbures complexes, daméliorer ainsi la qualité et daugmenter la quantité de produits légers plus intéressants et de diminuer la quantité de résidus. Des hydrocarbures lourds sont exposés, dans des conditions de température élevée et de basse pression, à des catalyseurs qui initient les réactions chimiques. Au cours de ce processus, il y a réarrangement de la structure moléculaire, ce qui transforme les charges dhydrocarbures lourds en fractions plus légères, par exemple kérosène, essence, gaz de pétrole liquéfiés, fioul domestique et charges pétrochimiques (voir figures 78.9 et 78.10). On choisit le catalyseur de façon à obtenir à la fois la réactivité la plus élevée possible et la meilleure résistance à lattrition. Les catalyseurs utilisés dans les unités de craquage des raffineries sont normalement des matières solides poreuses (zéolite, hydrosilicate daluminium, argile de bentonite traitée, terre à foulon, bauxite et silico-aluminates) se présentant sous forme de poudres, de billes, de pastilles ou de granules façonnés appelés extrudites.
Tous les procédés de craquage catalytique comportent trois fonctions de base:
Les procédés de craquage catalytique sont très souples; on peut ajuster les paramètres de marche en fonction de lévolution de la demande. Il existe actuellement trois types de base de procédés de craquage catalytique:
Les unités de craquage catalytique sur lit fluidisé comportent une section de catalyse (colonne montante, réacteur et régénérateur) et une section de fractionnement, qui fonctionnent ensemble comme une unité de traitement intégrée. Lunité FCC utilise un catalyseur se présentant sous forme dune poudre fine en suspension dans de la vapeur dhydrocarbures ou dans un gaz qui agit comme milieu de fluidisation. Le craquage est réalisé dans une colonne montante par laquelle le mélange catalyseur-hydrocarbures sécoule dans le réacteur.
Dans le procédé FCC, une charge dhydrocarbures préchauffés est mélangée avec le catalyseur régénéré chaud dans la colonne dentrée du réacteur. La charge est combinée aux hydrocarbures recyclés et vaporisée, puis sa température est portée à la température du réacteur par le catalyseur chaud. Le craquage est réalisé sous faible pression au fur et à mesure que le mélange sécoule dans le réacteur, et il se poursuit jusquà ce que les vapeurs dhydrocarbures soient séparées du catalyseur dans les cyclones du réacteur. Le produit obtenu passe dans une colonne de fractionnement, et une certaine partie des hydrocarbures lourds sont renvoyés dans la colonne montante pour être recyclés.
Le catalyseur épuisé est régénéré pour en extraire le coke accumulé. Il est acheminé vers un séparateur, puis vers un régénérateur où il est mélangé à de lair préchauffé pour brûler la plus grande partie des dépôts de coke. On ajoute du catalyseur neuf et on élimine le catalyseur épuisé pour optimiser le procédé de craquage.
Le craquage catalytique sur lit mobile est semblable au craquage catalytique sur lit fluidisé; toutefois, le catalyseur se présente sous forme de pastilles et non dune poudre fine. Ces pastilles sont amenées par un convoyeur ou un transporteur pneumatique jusquà une trémie située au-dessus de lunité; elles redescendent ensuite par gravité, dabord vers le réacteur, puis vers le régénérateur. Le régénérateur et la trémie sont isolés du réacteur par de la vapeur détanchéité. Le produit craqué est séparé en gaz de recyclage, hydrocarbures, hydrocarbures clarifiés, distillats, naphtas et gaz humides.
Dans ce type de craquage, la charge préchauffée sécoule par gravité dans le réacteur. Les vapeurs sont séparées du catalyseur et acheminées vers une colonne de fractionnement. Le catalyseur usé est régénéré, refroidi et recyclé, et les gaz provenant du régénérateur sont acheminés vers une chaudière alimentée en monoxyde de carbone, de manière à récupérer la chaleur.
Il faut régulièrement prélever des échantillons et analyser la charge, les produits obtenus et les produits recyclés pour sassurer que le procédé de craquage se déroule comme prévu et quaucun contaminant na pénétré dans le circuit. Toute matière corrosive ou tout dépôt présents dans la charge pourraient encrasser les compresseurs de gaz. Lors du traitement de bruts acides, il peut y avoir corrosion si les températures sont inférieures à 482 °C. Il y a également risque de corrosion en présence simultanée de liquides et de vapeurs et aux endroits soumis à un refroidissement local, par exemple les supports de buses et les points dappui dune plate-forme. Lors du traitement de charges riches en substances azotées, la présence dammoniac et de cyanure pourrait entraîner la corrosion, la fissuration et le cloquage par lhydrogène des équipements en acier inoxydable du circuit de tête; un lavage à leau ou lutilisation dinhibiteurs de corrosion peuvent minimiser ces problèmes. On peut également utiliser le lavage à leau pour protéger les condenseurs de tête de la colonne principale soumis à lencrassement par lhydrosulfure dammonium.
Il importe dinspecter les équipements critiques, y compris les pompes, compresseurs, fours, et les échangeurs de chaleur. On devrait sassurer, lors des inspections, quil nexiste ni fuite provoquée par lérosion, ni dautres défectuosités telles quune accumulation de catalyseur sur le dispositif de transport ou une cokéfaction dans le circuit dalimentation de tête résultant de la présence de résidus dans la charge, ni des conditions de fonctionnement anormales.
La présence dhydrocarbures liquides dans le catalyseur ou dans lair de combustion chauffé peut provoquer des réactions exothermiques. Dans certains procédés, il faut sassurer que les poussières de catalyseur natteignent pas des concentrations explosives durant le rechargement ou lélimination. Il peut y avoir des feux de sulfure de fer durant le déchargement du catalyseur recouvert de coke. Comme le sulfure de fer senflamme spontanément à lair, il faut lasperger deau pour empêcher quil ne provoque linflammation des vapeurs. On peut refroidir le catalyseur recouvert de coke jusquà une température inférieure à 49 °C avant de lintroduire dans le réacteur; on peut aussi le placer dabord dans des conteneurs inertés à lazote et le refroidir avant de le manipuler.
Il y a des risques dexposition à des liquides ou à des vapeurs dhydrocarbures extrêmement chauds lors du prélèvement déchantillons dans les circuits ou en cas de fuite ou de rejet. Durant le rejet de produits ou de vapeurs, on peut être exposé à des HAP cancérogènes, à du naphta aromatique contenant du benzène, à des gaz acides (gaz combustibles produits par des procédés tels que le craquage catalytique et lhydrotraitement, qui contiennent du sulfure dhydrogène et du dioxyde de carbone), à du sulfure dhydrogène ou à du dioxyde de carbone. Il peut y avoir formation accidentelle de nickel-carbonyle très toxique dans les procédés de craquage utilisant des catalyseurs au nickel, doù le risque dexpositions dangereuses.
La régénération du catalyseur comprend un strippage à la vapeur et un décokage qui peuvent présenter un risque dexposition à des résidus liquides pouvant contenir diverses quantités deaux acides, dhydrocarbures, de phénols, dammoniac, de sulfure dhydrogène, de mercaptans et dautres substances, selon la charge, le pétrole brut ou le procédé utilisés. Il faut appliquer des méthodes de travail axées sur la sécurité et utiliser un équipement de protection individuelle approprié pour manipuler le catalyseur épuisé, pour le recharger ou encore en cas de fuites ou de rejets.
Lhydrocraquage est un procédé en deux étapes combinant le craquage catalytique et lhydrogénation, procédé au cours duquel les produits souhaités sont obtenus par craquage de fractions distillées en présence dhydrogène et de catalyseurs spéciaux. Lhydrocraquage présente, par rapport au craquage catalytique, lavantage de permettre de traiter sans désulfuration préalable des charges riches en soufre. Dans ce procédé, la charge de substances aromatiques lourdes est convertie en produits plus légers sous de très fortes pressions et à des températures assez élevées. Lorsque la charge renferme beaucoup de substances paraffiniques, lhydrogène empêche la formation de HAP, réduit la formation de goudron et évite laccumulation de coke sur le catalyseur. Lhydrocraquage produit des quantités relativement importantes disobutane, soumis ensuite à lalkylation, et produit en outre une isomérisation qui permet de régler le point découlement et le point de fumée, deux paramètres importants dans les carburéacteurs de haute qualité.
Dans la première étape, la charge est mélangée à de lhydrogène recyclé, puis chauffée et acheminée dans le réacteur primaire, qui en convertit une quantité importante en distillats moyens. Les composés soufrés et azotés sont convertis en sulfure dhydrogène et en ammoniac, à laide dun catalyseur, dans le réacteur primaire. Le résidu est chauffé et envoyé dans un séparateur haute pression où les gaz riches en hydrogène sont récupérés et recyclés. Les hydrocarbures restants sont strippés ou purifiés pour en extraire le sulfure dhydrogène, lammoniac et les gaz légers qui sont recueillis dans un accumulateur, où lessence est séparée du gaz acide.
Les hydrocarbures liquides épurés qui proviennent du réacteur primaire sont mélangés à de lhydrogène et envoyés dans un réacteur secondaire où ils sont transformés par craquage en essence, en carburéacteur et en essence de base de haute qualité. On fait passer ces produits dans une série de séparateurs haute et basse pression pour éliminer les gaz, qui sont recyclés. Les hydrocarbures liquides sont stabilisés, séparés et épurés; les produits de naphtas légers provenant de lunité dhydrocraquage sont utilisés pour préparer de lessence, tandis que les naphtas plus lourds sont recyclés ou envoyés dans une unité de reformage catalytique (voir figure 78.11).
Il importe dinspecter et de vérifier les dispositifs de sécurité en raison des pressions très élevées intervenant dans ce procédé. Il faut contrôler de près le procédé pour prévenir lencrassement des lits des réacteurs. Etant donné les températures de fonctionnement et la présence dhydrogène, il convient de maintenir la teneur en sulfure dhydrogène de la charge au niveau le plus bas possible pour réduire les risques de corrosion. On doit aussi tenir compte de ce type de risques causés par le dioxyde de carbone humide dans les zones de condensation. Lors du traitement de charges riches en composés azotés, lammoniac réagit avec le sulfure dhydrogène pour former de lhydrosulfure dammonium, lequel provoque de graves corrosions à des températures inférieures au point de rosée de leau. Il y a également de lhydrosulfure dammonium dans les résidus de strippage des eaux acides. Compte tenu des pressions et des températures de fonctionnement très élevées des unités dhydrocraquage, il importe, pour prévenir les incendies, de sassurer quil ny a ni fuites dhydrocarbures ni rejets dhydrogène.
Comme il sagit dun procédé en circuit fermé, les risques dexposition pour le personnel sont minimes en temps normal. Il y a surtout un risque dexposition à du naphta aliphatique contenant du benzène, à des HAP cancérogènes, à des émissions de gaz et de vapeurs dhydrocarbures, à des gaz riches en hydrogène et à du sulfure dhydrogène, en cas de fuites dans les circuits haute pression. Il peut aussi y avoir des rejets de grandes quantités de monoxyde de carbone durant la régénération et le changement du catalyseur. Le strippage à la vapeur et la régénération du catalyseur produisent des résidus qui contiennent des eaux acides et de lammoniac. Il convient dobserver des méthodes de travail axées sur la sécurité et dutiliser un équipement de protection individuelle approprié pour manipuler le catalyseur épuisé. Dans certains procédés, on devrait veiller à ce que les poussières de catalyseur natteignent pas des concentrations explosives durant le rechargement. On devrait également prendre des précautions spéciales durant le déchargement du catalyseur recouvert de coke pour prévenir les incendies provoqués par le sulfure de fer. Enfin, il faut refroidir le catalyseur recouvert de coke jusquà une température inférieure à 49 °C avant de léliminer, ou bien le mettre dans des conteneurs inertés à lazote jusquà ce quil soit refroidi.
Deux procédés de combinaison, la polymérisation et lalkylation , permettent de lier de petites molécules pauvres en hydrogène, appelées oléfines, obtenues lors du craquage thermique et du craquage catalytique, pour produire de meilleures essences de base.
La polymérisation est un procédé permettant de combiner au moins deux molécules organiques non saturées (oléfines) en une seule molécule plus lourde dans laquelle les éléments de la molécule dorigine sont présents dans les mêmes proportions. Elle convertit des oléfines gazeuses, comme léthylène, le propylène et le butylène, obtenues dans les unités de craquage thermique et de craquage sur lit fluidisé, en molécules plus complexes et plus lourdes et à indice doctane plus élevé, comme le naphta et les charges pétrochimiques. On soumet la charge oléfinique à un traitement préalable destiné à la débarrasser des composés soufrés et dautres composés indésirables, puis on la fait passer sur un catalyseur au phosphore, généralement un catalyseur solide ou de lacide phosphorique liquide; il se produit alors une réaction de polymérisation exothermique. Il faut utiliser de leau de refroidissement et injecter la charge à létat froid dans le réacteur pour contrôler la température à diverses pressions. On procède ensuite à un lavage à la soude caustique pour débarrasser les liquides de lacide quils contiennent; ces liquides sont enfin séparés et le catalyseur acide est recyclé. On fractionne les vapeurs pour éliminer les butanes, puis on les neutralise pour éliminer les traces dacide (voir figure 78.12).
Il y aura corrosion sévère, conduisant à des pannes, si lacide phosphorique entre en contact avec de leau, par exemple lors du lavage à leau durant les périodes darrêt. Il peut aussi se produire une corrosion dans les collecteurs, les rebouilleurs, les échangeurs et les autres endroits où lacide peut se déposer. Le personnel peut être exposé aux solutions de lavage caustiques (hydroxyde de sodium), à lacide phosphorique utilisé lors du procédé ou éliminé durant la révision complète de linstallation, ainsi quaux poussières de catalyseur. Il y a aussi risque de réaction exothermique incontrôlée en cas de perte deau de refroidissement.
Lalkylation combine les molécules doléfines obtenues par craquage catalytique avec des molécules disoparaffines et accroît ainsi le volume et lindice doctane des essences de base. Les oléfines réagissent avec les isoparaffines en présence dun catalyseur très actif, généralement de lacide sulfurique ou de lacide fluorhydrique (ou du chlorure daluminium), pour donner une molécule paraffinique à longue chaîne ramifiée, appelée alkylat (iso-octane), qui possède des qualités antidétonantes exceptionnelles. Lalkylat est ensuite séparé et fractionné. Les températures de réaction relativement faibles de 10 à 16 °C pour lacide sulfurique, de 27 à 0 °C pour lacide fluorhydrique et de 0 °C pour le chlorure daluminium sont contrôlées par réfrigération (voir figure 78.13).
Alkylation à lacide sulfurique. Dans les unités dalkylation en cascade à lacide sulfurique, les charges, comprenant du propylène, du butylène, de lamylène et de lisobutane frais, sont mises en contact dans le réacteur avec de lacide sulfurique servant de catalyseur. Le réacteur est divisé en zones: les oléfines sont amenées dans chaque zone par des distributeurs, tandis que lacide sulfurique et les isobutanes sécoulent dune zone à lautre en passant par des chicanes. Lévaporation de lisobutane permet déliminer la chaleur de réaction. Lisobutane gazeux est soutiré au sommet du réacteur, puis refroidi et recyclé; une partie est dirigée vers la tour de dépropanisation. Le résidu se trouvant dans le réacteur est séparé et lacide sulfurique est soutiré au fond et remis en circulation. Des épurateurs à solution caustique ou à eau éliminent les petites quantités dacide du produit traité qui est ensuite envoyé dans la tour de déisobutanisation. Lisobutane provenant du débutaniseur est recyclé, et les hydrocarbures restants sont séparés dans une tour de redistillation ou acheminés vers lunité de mélange.
Alkylation à lacide fluorhydrique. Il y a deux types dalkylation à lacide fluorhydrique: le procédé Phillips et le procédé UOP. Dans le procédé Phillips, on assèche la charge doléfines et disobutane, puis on lenvoie dans un ensemble réacteur/décanteur. Les hydrocarbures provenant de la zone de décantation sont chargés dans la colonne de rectification principale, puis le produit soutiré au sommet de cette colonne est envoyé dans le dépropaniseur. Le propane, qui renferme des traces dacide fluorhydrique, est envoyé dans un stripper dacide fluorhydrique, puis est catalytiquement défluoré, traité et stocké. Lisobutane est soutiré de la colonne de fractionnement principale, puis recyclé dans le réacteur/décanteur, et lalkylat soutiré au fond de lunité de fractionnement principale est acheminé vers un séparateur.
Dans le procédé UOP, on utilise deux réacteurs et des décanteurs distincts. La moitié de la charge asséchée est chargée dans le premier réacteur avec la matière recyclée et lisobutane dappoint, puis ce mélange est envoyé dans le décanteur associé où lacide est recyclé et les hydrocarbures chargés dans le second réacteur. Lautre moitié de la charge alimente le second réacteur, avec lacide décanté et recyclé et les hydrocarbures chargés dans la colonne de fractionnement principale. Le reste du procédé est semblable au procédé Phillips: le produit de tête de la colonne de fractionnement principale va dans le dépropaniseur, lisobutane est recyclé et lalkylat est envoyé dans un séparateur.
Lacide sulfurique et lacide fluorhydrique sont des produits chimiques dangereux, et il faut prendre des précautions lors de leur livraison et de leur déchargement. La concentration de lacide sulfurique devrait être maintenue entre 85 et 95% pour assurer la bonne marche du procédé et limiter la corrosion. Pour empêcher la corrosion par lacide fluorhydrique, il faut, dans lunité de traitement, maintenir la concentration de lacide au-dessus de 65% et la teneur en humidité au-dessous de 4%. Il se produit une certaine corrosion et un encrassement des unités dalkylation à lacide sulfurique en raison de la décomposition des esters sulfuriques ou de laddition dune substance caustique comme neutralisant. On peut éliminer ces esters en procédant à un traitement avec de lacide neuf et à un lavage à leau chaude.
La perte de leau de refroidissement nécessaire au maintien des températures lors du procédé peut provoquer des perturbations. Pour empêcher la contamination de leau, il faut maintenir la pression du côté eau de refroidissement et vapeur des échangeurs au-dessous de la pression minimale du côté acide. On peut relier les évents à des épurateurs garnis de carbonate de sodium, pour neutraliser le fluorure dhydrogène ou les vapeurs dacide fluorhydrique avant leur rejet. On peut prévoir des cuvettes de retenue, un système de drainage et des mesures disolement permettant de confiner lunité de traitement, pour que les effluents puissent être neutralisés avant dêtre rejetés dans le réseau dégouts.
Avant de procéder à la révision complète de linstallation et de pénétrer à lintérieur des unités dalkylation à lacide fluorhydrique, il faut les vider intégralement et les soumettre à un nettoyage chimique pour éliminer toutes les traces de fluorures et dacide fluorhydrique. Après un arrêt, lorsquon a utilisé de leau, on devrait veiller à assécher lunité avant dy introduire de lacide fluorhydrique. Les fuites, déversements ou rejets dacide fluorhydrique ou dhydrocarbures contenant de lacide fluorhydrique sont extrêmement dangereux. Il faut prendre des précautions pour sassurer que les équipements et les matériaux ayant été en contact avec de lacide fluorhydrique sont manipulés avec soin et soigneusement décontaminés avant leur sortie de la zone de traitement ou de la raffinerie. Des cuves de lavage par immersion sont souvent installées pour la neutralisation des équipements ayant été en présence dacide fluorhydrique.
Les fuites, déversements ou rejets risquent de donner lieu à de graves expositions à des substances dangereuses. Tout contact direct avec de lacide sulfurique ou de lacide fluorhydrique peut causer de graves lésions cutanées et oculaires, tandis que linhalation de brouillards dacide ou de vapeurs dhydrocarbures contenant un acide peut entraîner une grave irritation et des lésions des voies respiratoires. Il faut prévoir des mesures spéciales dintervention en cas durgence et des mesures de protection appropriées. On devrait observer des méthodes de travail axées sur la sécurité et porter un équipement de protection cutanée et respiratoire approprié chaque fois quil y a risque dexposition à de lacide sulfurique ou à de lacide fluorhydrique lors des opérations de routine, par exemple lors de la lecture dun instrument de mesure, dune inspection ou dun prélèvement déchantillons, ainsi quau cours des interventions durgence, des activités de maintenance et des révisions. Il faut aussi sassurer que léquipement et les vêtements de protection utilisés lors dopérations comportant des risques dexposition à lacide sulfurique ou à lacide fluorhydrique y compris les vêtements de protection contre les produits chimiques, les écrans de protection faciale et les lunettes de protection, ainsi que léquipement de protection respiratoire sont parfaitement propres et ont été décontaminés avant tout nouvel usage.
Le reformage catalytique et lisomérisation sont des procédés qui permettent de modifier les molécules dhydrocarbures et dobtenir ainsi des produits présentant des caractéristiques différentes. Après craquage, il faut traiter certaines essences pour améliorer leurs performances, même si elles sont constituées de molécules de taille appropriée; certaines de leurs qualités, comme lindice doctane ou la teneur en soufre, peuvent en effet être améliorées. Le reformage à la vapeur constitue une autre source dhydrogène qui est utilisé dans le procédé dhydrogénation.
Les procédés de reformage catalytique permettent de convertir les naphtas lourds à faible indice doctane en hydrocarbures aromatiques pouvant servir de matières premières pour lindustrie pétrochimique et en constituants pour lessence à indice doctane élevé, appelés reformats, par réarrangement moléculaire ou déshydrogénation. Selon la charge et les catalyseurs, les reformats peuvent avoir des concentrations très élevées de toluène, de benzène, de xylène et dautres constituants aromatiques utiles dans la préparation de lessence et dans les procédés pétrochimiques. Lhydrogène, important sous-produit, est séparé du reformat en vue dêtre recyclé et utilisé dans dautres procédés. Le produit obtenu dépend de la température et de la pression dans le réacteur, du catalyseur utilisé et du taux de recyclage de lhydrogène. Certaines unités de reformage catalytique fonctionnent à basse pression, tandis que dautres fonctionnent à haute pression. Dans certaines unités, le catalyseur est régénéré en continu; dans dautres, les catalyseurs de tous les réacteurs sont régénérés durant les opérations de révision totale, alors que dans dautres encore, on met lun après lautre les réacteurs hors service pour régénérer le catalyseur.
Durant le reformage catalytique, on traite la charge de naphta avec de lhydrogène pour éliminer les contaminants, comme les composés chlorés, soufrés et azotés, qui pourraient altérer le catalyseur. Le produit est vaporisé par détente et fractionné dans des tours où lon élimine les gaz et les contaminants résiduels. La charge de naphta désulfuré est acheminée dans lunité de reformage catalytique où elle est chauffée jusquà vaporisation, puis envoyée dans un réacteur comportant un lit fixe de catalyseur métallique ou bimétallique contenant une petite quantité de platine, de molybdène, de rhénium ou dautres métaux nobles. Les deux principales réactions qui se produisent sont la production de composés aromatiques à indice doctane élevé, par élimination de lhydrogène des molécules de la charge, et la conversion des paraffines linéaires en paraffines ramifiées ou isoparaffines.
Dans un autre procédé de reformage catalytique appelé platforming , la charge non hydrodésulfurée est combinée au gaz de recyclage et envoyée dabord sur un catalyseur moins coûteux. Toutes les impuretés qui restent sont converties en sulfure dhydrogène et en ammoniac; elles sont ensuite éliminées avant passage de la charge sur le catalyseur au platine. On remet en circulation la vapeur riche en hydrogène pour inhiber les réactions susceptibles daltérer le catalyseur. Le produit qui sort du réacteur est séparé en reformat liquide, qui est dirigé vers une colonne de rectification, et en gaz, qui est comprimé et recyclé (voir figure 78.14).
Il faut mettre au point des procédures opératoires adéquates pour limiter les zones de surchauffe durant le démarrage. On devrait veiller à ne pas briser ni broyer le catalyseur lors du chargement des lits, car la poudre fine qui serait alors produite bloquerait les grilles de lunité de reformage. Il faut prévoir des mesures de dépoussiérage lors de la régénération ou du remplacement du catalyseur. Il peut y avoir émission de petites quantités de monoxyde de carbone et de sulfure dhydrogène durant la régénération du catalyseur. Il y a lieu denvisager un lavage à leau lorsque le stabilisateur des unités de reformage a été encrassé par du chlorure dammonium et des sels de fer. Il peut y avoir formation de chlorure dammonium dans les échangeurs de prétraitement, ce qui entraîne corrosion et encrassement. Le chlorure dhydrogène obtenu lors de lhydrogénation des composés chlorés peut former des acides et du sel de chlorure dammonium. En cas de fuite ou de rejet, il y a un risque dexposition du personnel à des naphtas aliphatiques et aromatiques, à des gaz riches en hydrogène, à du sulfure dhydrogène et à du benzène.
Lisomérisation permet de convertir le n-butane, le n-pentane et le n-hexane en leurs isoparaffines respectives. Certains des constituants des paraffines linéaires du naphta léger obtenu par distillation directe ont un indice doctane peu élevé. On peut convertir ces constituants en isomères ramifiés à indice doctane élevé en réarrangeant les liaisons interatomiques sans changer le nombre ni le type des atomes. Lisomérisation ressemble au reformage catalytique, car elle comporte, elle aussi, un réarrangement des molécules dhydrocarbures; cependant, contrairement au reformage catalytique, lisomérisation ne fait que convertir les paraffines linéaires en isoparaffines. Le catalyseur utilisé pour lisomérisation est différent de celui employé pour le reformage catalytique.
Les deux procédés distincts disomérisation sont lisomérisation du butane (C4) et lisomérisation du pentane/hexane (C5/C6).
Lisomérisation du butane (C4) produit une charge dalkylation. Dans un procédé à basse température, on utilise du chlorure daluminium très actif ou du chlorure dhydrogène comme catalyseur, sans chauffage, pour isomériser le n-butane. La charge traitée et préchauffée est ajoutée au flux de recyclage, mélangée à de lacide chlorhydrique (HCl), puis passée dans le réacteur (voir figure 78.15).
Lisomérisation du pentane/hexane permet daugmenter lindice doctane en convertissant le n-pentane et le n-hexane. Dans un procédé typique disomérisation du pentane/hexane, la charge séchée et désulfurée est mélangée à une petite quantité dun chlorure organique et dhydrogène recyclé, puis elle est portée à la température du réacteur. Ce mélange passe ensuite sur un catalyseur métallique déposé sur un support dans le premier réacteur où le benzène et les oléfines sont hydrogénés. La charge est ensuite envoyée dans le réacteur disomérisation où les paraffines sont transformées par isomérisation catalytique en isoparaffines; la charge est ensuite refroidie et acheminée vers un séparateur. Le gaz et lhydrogène sortant du séparateur, auxquels on a ajouté de lhydrogène dappoint, sont recyclés. Le liquide est neutralisé à laide dune substance alcaline, puis acheminé vers une colonne dépuisement où le chlorure dhydrogène est récupéré et recyclé (voir figure 78.16).
Il peut y avoir formation dacide si la charge nest pas complètement sèche et désulfurée, ce qui altérerait le catalyseur et entraînerait la corrosion du métal. Leau ou la vapeur ne doivent pas pénétrer dans les zones contenant du chlorure dhydrogène. Il faut prévoir des mesures pour en prévenir le rejet dans les égouts et les tuyaux dévacuation. Pour le personnel, il y a risque dexposition à lisopentane, à des vapeurs et à des liquides de naphtas aliphatiques, à un gaz riche en hydrogène, à de lacide chlorhydrique, à du chlorure dhydrogène et à des poussières (lorsquon utilise un catalyseur solide).
Il faut disposer dhydrogène très pur (95 à 99%) pour lhydrodésulfuration, lhydrogénation, lhydrocraquage et les procédés pétrochimiques. Il faut donc en produire si la quantité obtenue comme sous-produit des procédés de raffinage nest pas suffisante pour satisfaire la demande globale de la raffinerie.
Dans le reformage à la vapeur, les gaz désulfurés sont mélangés à de la vapeur surchauffée et le reformage est réalisé dans des tubes contenant un catalyseur à base de nickel. Le gaz reformé, qui est constitué de vapeur, dhydrogène, de monoxyde de carbone et de dioxyde de carbone, est refroidi et traité dans des convertisseurs où le monoxyde de carbone réagit avec la vapeur pour donner de lhydrogène et du dioxyde de carbone. Le dioxyde de carbone est lavé dans des solutions damine et rejeté dans latmosphère pendant que les solutions sont réactivées par chauffage. Le monoxyde de carbone qui subsiste dans le reformat est converti en méthane (voir figure 78.17).
Il importe de procéder à des inspections et à des essais lorsquil existe un risque de défaillance des vannes du fait de la présence de contaminants dans lhydrogène. Il convient dempêcher lentraînement des matières présentes dans les laveurs caustiques pour éviter la corrosion dans les préchauffeurs; il faut aussi éviter que les chlorures présents dans la charge ou dans le système de vapeur ne pénètrent dans les tubes de reformage et y contaminent le catalyseur. Il peut y avoir un risque dexposition du personnel à la suite de la contamination du condensat par des matières de traitement, telles que des substances caustiques et des composés aminés, et en raison de la présence dun excès dhydrogène, de monoxyde de carbone ou de dioxyde de carbone. Enfin, le rejet de gaz chauds et de vapeur surchauffée risque de causer des brûlures.
Les huiles lubrifiantes et les cires sont obtenues par raffinage de diverses fractions provenant de la distillation atmosphérique et de la distillation sous vide. On a découvert, lors de linvention de la distillation sous vide, que le résidu cireux constitue un meilleur lubrifiant que les graisses animales qui étaient jusque-là utilisées à cette fin. Cette invention marque le début de la technologie moderne de raffinage des lubrifiants à base dhydrocarbures; son objectif principal est de débarrasser les fractions résiduelles des produits indésirables quelles contiennent, tels que les bitumes, les composés aromatiques sulfonés et les cires paraffiniques et isoparaffiniques, afin de produire des lubrifiants de haute qualité. Les procédés utilisés à cette fin comprennent le désasphaltage, lextraction par les solvants et les procédés de séparation et de traitement tels que le déparaffinage et lhydrofinissage (voir figure 78.18).
Dans le procédé dextraction, le brut réduit provenant de lunité de distillation sous vide est désasphalté au propane et combiné à une charge dhuile lubrifiante obtenue par distillation directe; ce mélange est préchauffé, puis soumis à extraction par les solvants pour obtenir une charge appelée raffinat. Dans un procédé dextraction typique utilisant du phénol comme solvant, la charge est mélangée au phénol dans la section de traitement à une température inférieure à 204 °C. Le phénol est ensuite séparé du raffinat et recyclé. On peut alors soumettre le raffinat à une autre extraction, mais en utilisant cette fois du furfural pour séparer les composés aromatiques des hydrocarbures non aromatiques; on obtient ainsi un raffinat plus pâle possédant un indice de viscosité amélioré et une meilleure stabilité à loxydation et à la chaleur.
On peut aussi soumettre le raffinat déparaffiné à dautres traitements pour améliorer les qualités de lhuile de base. On utilise des adsorbants à base dargile pour débarrasser les lubrifiants de base des molécules instables de couleur foncée quils contiennent. Dans un autre procédé, lhydrofinissage des lubrifiants, on fait passer le raffinat déparaffiné chaud et de lhydrogène sur un catalyseur qui modifie légèrement la structure moléculaire, ce qui donne une huile de couleur plus pâle aux caractéristiques améliorées. On mélange ou on combine ensuite à des additifs les huiles lubrifiantes de base ainsi traitées, pour quelles satisfassent aux caractéristiques physiques et chimiques exigées des huiles à moteur, des lubrifiants industriels et des huiles de coupe.
Deux types distincts de cires sont tirés du pétrole brut: les cires de paraffine obtenues à partir de distillats, et les cires microcristallines, fabriquées à partir de résidus. Le raffinat provenant de lunité dextraction contient une quantité considérable de cire quil est possible denlever par extraction par les solvants et cristallisation. Le raffinat est mélangé à un solvant tel quun mélange de propane, de méthyléthylcétone (MEK) et de toluène ou de méthylisobutylcétone (MIBK), par exemple , puis il est refroidi dans des échangeurs de chaleur. On atteint la température de cristallisation en faisant évaporer le propane dans le refroidisseur et dans le bac dalimentation du filtre. La cire est extraite en continu par filtration, puis lavée à laide dun solvant froid pour récupérer lhuile quelle contient. Le solvant est extrait du raffinat déparaffiné par détente sous vide et strippage à la vapeur, puis il est recyclé.
La cire est chauffée dans un solvant chaud, refroidie, filtrée, puis lavée une dernière fois pour enlever toutes les traces dhuile. Il faut, avant de lutiliser, la soumettre à un hydrofinissage destiné à améliorer son odeur et à éliminer toutes les traces de composés aromatiques, afin quelle puisse être utilisée dans lindustrie alimentaire. Le raffinat déparaffiné qui contient de petites quantités de paraffines, de naphtènes et de certains composés aromatiques, peut encore subir un traitement plus poussé en vue de son utilisation comme huile lubrifiante de base.
Il est important de réguler la température du purificateur pour prévenir la corrosion par le phénol. La cire peut bloquer les systèmes dégout ou dévacuation de lhuile et être nuisible au traitement des eaux usées. Il existe un risque dexposition du personnel aux solvants utilisés lors du procédé, comme le phénol, le propane, le mélange MEK/toluène ou la MIBK. Linhalation de gaz ou de vapeurs dhydrocarbures, de naphta aromatique contenant du benzène, du sulfure dhydrogène et des gaz riches en hydrogène utilisés lors du procédé présente aussi des risques.
Après les opérations de distillation primaires, il faut faire subir aux bitumes, qui constituent une portion du résidu, un traitement qui leur donneront les caractéristiques requises pour leur utilisation finale. Le bitume destiné aux matériaux de couverture est obtenu par soufflage dair. Le résidu est chauffé dans un four tubulaire jusquà une température atteignant presque son point déclair, puis il est chargé dans une tour de soufflage où de lair chaud est injecté pendant une durée prédéterminée. La déshydrogénation du bitume donne du sulfure dhydrogène et loxydation produit du dioxyde de soufre. On injecte de la vapeur au sommet de la tour pour entraîner les contaminants, puis on fait passer cette vapeur dans un épurateur pour condenser les hydrocarbures.
En général, on utilise la distillation sous vide pour produire le bitume utilisé pour les revêtements routiers. Le résidu est chauffé, puis chargé dans une colonne maintenue sous vide pour éviter quil y ait craquage.
Leau obtenue par condensation de la vapeur utilisée dans les divers procédés de traitement du bitume renferme des traces dhydrocarbures. Toute perte de vide peut entraîner lentrée dair atmosphérique et provoquer un incendie. Lors de la production de bitume, laugmentation de la température au fond de la tour de distillation sous vide pour améliorer lefficacité du procédé peut entraîner la production de méthane par craquage thermique. Il risque alors dy avoir, dans les réservoirs de stockage du bitume, production de vapeurs en concentrations comprises dans la plage dinflammabilité, mais non détectables par lessai flash. Lair soufflé peut entraîner la formation de HAP. Leau obtenue par condensation lors du traitement du bitume par soufflage dair peut aussi contenir divers contaminants.
De nombreux produits, comme les naphtas thermiques obtenus par viscoréduction, cokéfaction ou craquage thermique, ainsi que les naphtas et les distillats riches en soufre produits par distillation du pétrole brut, doivent subir un traitement avant dêtre utilisés dans les mélanges dessence et de mazout. Les produits de distillation, comprenant le kérosène et dautres distillats, peuvent contenir des traces de composés aromatiques, tandis que les naphtènes et les huiles lubrifiantes de base peuvent contenir de la cire. Ces produits indésirables sont éliminés soit aux étapes de raffinage intermédiaires, soit juste avant les opérations de mélange et de stockage, grâce à des procédés de raffinage tels que lextraction et le déparaffinage par les solvants. Divers produits intermédiaires et produits finis, comprenant les distillats moyens, lessence, le kérosène, les carburéacteurs et les gaz acides, doivent être séchés et adoucis. Le traitement seffectue lors dune étape intermédiaire du raffinage ou juste avant les opérations de mélange et de stockage; il permet de débarrasser lhuile de contaminants tels que les composés organiques contenant du soufre, de lazote et de loxygène, les métaux dissous, les sels inorganiques et les sels solubles dissous dans de leau émulsifiée. Les substances de traitement comprennent des acides, des solvants, des alcalis, des oxydants et des adsorbants. Les traitements acides permettent daméliorer lodeur, la couleur et dautres propriétés des lubrifiants de base, de prévenir la corrosion et la contamination des catalyseurs et daccroître la stabilité du produit. Le sulfure dhydrogène éliminé des gaz acides «secs» par adsorption (sur de la diéthanolamine) est envoyé à la torche, utilisé comme combustible ou converti en soufre. Le type de traitement ou de produits employés dépend du pétrole brut traité, des procédés intermédiaires et des spécifications du produit final.
Lextraction par les solvants permet de séparer les composés aromatiques, les naphtènes et les impuretés du produit en les dissolvant ou en les précipitant. Cela permet de prévenir la corrosion, de protéger le catalyseur lors des opérations chimiques ultérieures et daméliorer les produits finis en éliminant les hydrocarbures insaturés et aromatiques des lubrifiants et des graisses de base.
On assèche la charge puis on la soumet à un traitement par solvant en conditions découlement continu à contre-courant. Dans un procédé, on lave la charge avec un liquide dans lequel les substances à éliminer sont plus solubles que le produit recherché. Dans un autre, laddition de solvants sélectionnés provoque la précipitation des impuretés. Le solvant est séparé du produit par chauffage, évaporation ou fractionnement; les traces qui restent dans le raffinat sont ensuite éliminées par épuisement ou détente sous vide. On peut faire appel à la précipitation électrostatique pour séparer les composés inorganiques. Le solvant est ensuite régénéré et réutilisé.
Parmi les produits chimiques normalement utilisés dans le procédé dextraction, on compte une grande variété dacides, dalcalis et de solvants, dont le phénol et le furfural, ainsi que des oxydants et des adsorbants. Dans le procédé dadsorption, les substances liquides sont adsorbées sur la surface de matières solides très poreuses. Le choix du procédé et des produits chimiques dépend de la nature de la charge à traiter, des contaminants présents et des exigences relatives aux produits finis (voir figure 78.19).
Le déparaffinage par solvant , qui élimine la cire présente dans le distillat ou le résidu dhuiles de base, peut être appliqué à nimporte quelle étape du raffinage. La charge contenant des matières cireuses est refroidie par passage dans un échangeur de chaleur et par réfrigération, puis un solvant est ajouté pour faciliter la formation de cristaux qui sont extraits par filtration sous vide. Lhuile déparaffinée et le solvant sont soumis à une détente sous vide et épurés par épuisement, puis la cire passe dans un décanteur à eau, une colonne de fractionnement du solvant et une tour de détente (voir figure 78.20).
Le désasphaltage par solvant permet de séparer les fractions dhuile lourde et dobtenir de lhuile lubrifiante lourde, des produits destinés au craquage catalytique et des bitumes. On pompe la charge et du propane (ou de lhexane) liquéfié dans une tour dextraction, en proportions, à une température et à une pression réglées avec précision. La séparation est réalisée dans un contacteur rotatif à disques qui exploite les différences de solubilité. On évapore les produits, puis on les sépare par entraînement à la vapeur pour récupérer le propane qui est recyclé. Le désasphaltage par solvant permet aussi de débarrasser la charge des composés soufrés et azotés, des métaux, des résidus de carbone et des paraffines quelle contient (voir figure 78.21).
Dans le désasphaltage par solvant, toute perte de vide risque de provoquer un incendie en raison de la pénétration dair dans lunité. On peut aussi être exposé aux vapeurs de solvant de déparaffinage, constitué dun mélange de MEK et de toluène. Bien que lextraction par solvant soit un procédé en circuit fermé, elle comporte un risque dexposition aux HAP cancérogènes présents dans les huiles traitées et aux solvants dextraction, comme le phénol, le furfural, le glycol, la MEK, des amines et dautres produits mis en uvre ou manipulés lors des opérations.
Il faut réguler la température et la pression avec précision durant le désasphaltage pour éviter toute perturbation. De plus, lhumidité, un excès de solvant et une baisse de la température de traitement peuvent entraîner la formation de mousse et affecter ainsi le bon fonctionnement des opérations. Le contact avec de lhuile chaude provoque des brûlures de la peau. Il existe un risque dexposition du personnel à de lhuile chaude contenant des composés aromatiques polycycliques cancérogènes, à du propane liquéfié et des vapeurs de propane, du sulfure dhydrogène et du dioxyde de soufre.
Lhydrotraitement permet déliminer environ 90% des contaminants, y compris lazote, le soufre, les métaux et les hydrocarbures non saturés (oléfines) présents dans les fractions pétrolières liquides, comme lessence de distillation directe. Lhydrotraitement est semblable à lhydrocraquage, les deux procédés utilisant de lhydrogène et un catalyseur pour augmenter la teneur en hydrogène de la charge doléfines. Cependant, le degré de saturation est plus faible que celui obtenu par hydrocraquage. Normalement, lhydrotraitement seffectue avant des opérations comme le reformage catalytique, pour éviter que le catalyseur ne soit contaminé par la charge non traitée. Lhydrotraitement est aussi pratiqué avant le craquage catalytique pour réduire la teneur en soufre, améliorer les rendements et convertir les fractions de distillats moyens en kérosène fini, en carburant diesel et en fioul de chauffage.
Les procédés dhydrotraitement varient selon les charges et les catalyseurs. Lhydrodésulfuration élimine le soufre présent dans le kérosène, réduit les composés aromatiques et les caractéristiques de formation de gommes et sature les oléfines. Lhydroformage est un procédé de déshydrogénation permettant de récupérer lhydrogène en excès et dobtenir des essences à indice doctane élevé. Les produits hydrotraités sont mélangés à dautres produits ou sont utilisés comme charges de reformage catalytique.
Dans lhydrodésulfuration catalytique , la charge est désaérée, mélangée à de lhydrogène, préchauffée, puis introduite sous haute pression dans un réacteur catalytique à lit fixe. Lhydrogène est séparé et recyclé, puis le produit est stabilisé dans une colonne dépuisement, dont on soutire les fractions légères. Au cours de cette opération, les composés soufrés et azotés présents dans la charge sont convertis en sulfure dhydrogène (H2S) et en ammoniac (NH3). Le sulfure dhydrogène et lammoniac résiduels sont enlevés par entraînement à la vapeur, passage dans un séparateur haute et basse pression ou lavage dans une solution damines, ce qui permet dobtenir un mélange très riche en sulfure dhydrogène dont il est possible dextraire le soufre élémentaire (voir figures 78.22 et 78.23).
Lors de lhydrotraitement, il faut maintenir au plus bas niveau possible la teneur en sulfure dhydrogène de la charge pour réduire la corrosion. Il peut y avoir formation de chlorure dhydrogène qui se condensera sous forme dacide chlorhydrique dans les zones moins chaudes de lunité. Il peut aussi y avoir formation dhydrosulfure dammonium dans les unités fonctionnant à température et pression élevées. En cas de rejet, il y a un risque dexposition du personnel à des vapeurs de naphta aromatique contenant du benzène, du sulfure dhydrogène ou de lhydrogène; en cas de fuite ou de déversement deau acide, il y a un risque dexposition à de lammoniac. Il peut aussi y avoir présence de phénols lors du traitement de charges possédant un point débullition élevé.
Un temps de contact excessif ou une température trop élevée entraîneront la formation de coke dans lunité. Lors du déchargement du catalyseur enrobé de coke, il faut prendre des précautions pour éviter que le sulfure de fer ne provoque un incendie. Il faut, dans ces cas, refroidir le catalyseur jusquà une température inférieure à 49 °C avant de procéder à son déchargement, ou le placer dans des conteneurs inertisés à lazote et le laisser refroidir avant de le manipuler. On peut utiliser des additifs antimousse spéciaux pour prévenir la contamination du catalyseur par le silicone entraîné dans la charge de lunité de cokéfaction.
Les procédés de traitement, de séchage et dadoucissement permettent de débarrasser les essences de base des impuretés quelles contiennent (voir figure 78.24).
Dans les procédés dadoucissement, on utilise de lair ou de loxygène. Un excès doxygène peut provoquer un incendie dans le décanteur compte tenu de la présence délectricité statique. Il y a un risque dexposition du personnel à du sulfure dhydrogène, à du dioxyde de soufre, à des substances caustiques (hydroxyde de sodium), à des substances caustiques usées, au catalyseur épuisé (Merox), à des poussières de catalyseur et à des agents dadoucissement (carbonate de sodium et bicarbonate de sodium).
Il faut traiter les gaz acides (gaz combustibles contenant du sulfure dhydrogène et du dioxyde de carbone, obtenus lors dopérations telles que le craquage catalytique et lhydrotraitement) avant de les utiliser comme combustibles dans la raffinerie. Le traitement par des amines débarrasse les circuits de gaz acides et dhydrocarbures des contaminants corrosifs quils contiennent. Dans une installation de ce genre, les hydrocarbures gazeux et liquides contenant du dioxyde de carbone ou du sulfure dhydrogène sont chargés dans une tour dabsorption des gaz ou dans un extracteur liquide, où les contaminants acides sont absorbés dans des solutions aminées (monoéthanolamine (MEA), diéthanolamine (DEA) ou méthyldiéthanolamine (MDEA)) par lavage à contre-courant. Les gaz ou les liquides épurés sont soutirés au sommet de linstallation et les amines acheminées dans un régénérateur où les constituants acides sont extraits par chauffage et traitement dans un rebouilleur, puis éliminés; les amines sont recyclées.
Pour combattre la corrosion, il faut adopter des méthodes de travail éprouvées et contrôler la température au fond du régénérateur ainsi que celle du rebouilleur. On veillera à ce que les installations soient exemptes doxygène pour prévenir loxydation des amines. Il y a risque dexposition à des composés aminés (par exemple, MEA, DEA ou MDEA), à du sulfure dhydrogène et à du dioxyde de carbone.
Lors de ladoucissement (élimination des mercaptans), on traite les composés soufrés (sulfure dhydrogène, thiophène et mercaptans) afin daméliorer la couleur, lodeur et la stabilité à loxydation du produit et de réduire les concentrations de dioxyde de carbone dans lessence. Certains mercaptans sont éliminés par contact avec un produit hydrosoluble (par exemple, lacide sulfurique) avec lequel ils réagissent. On utilise un liquide caustique (hydroxyde de sodium), des composés aminés (diéthanolamine) ou un lit fixe catalytique pour convertir les mercaptans en disulfures, dodeur moins désagréable.
Le séchage du produit (élimination de leau) est réalisé par adsorption de leau en présence ou non dadsorbants. Certains procédés comportant ladsorption sur des tamis moléculaires permettent deffectuer simultanément le séchage et ladoucissement.
La récupération du soufre permet déliminer le sulfure dhydrogène contenu dans les gaz acides et les hydrocarbures. Le procédé Claus convertit le sulfure dhydrogène en soufre élémentaire grâce à des réactions thermiques et catalytiques. On brûle le sulfure dhydrogène dans des conditions contrôlées, puis, grâce à des séparateurs, on élimine leau et les hydrocarbures des gaz dalimentation que lon catalyse ensuite pour récupérer le soufre restant. Les vapeurs de soufre obtenues lors du brûlage et de la conversion sont condensées et récupérées.
Le traitement des gaz résiduaires provenant des unités de récupération du soufre est réalisé par oxydation ou par réduction selon la composition des gaz et les impératifs économiques. Les procédés doxydation convertissent par combustion tous les composés soufrés en dioxyde de soufre, tandis que les procédés de réduction les transforment en sulfure dhydrogène.
Lélimination du sulfure dhydrogène est un traitement primaire que lon fait subir à la charge dhydrocarbures pour éviter la contamination des catalyseurs. Selon la charge utilisée et la nature des contaminants, la désulfuration pourra seffectuer soit par absorption sur du charbon actif, à la température ambiante, soit par une hydrogénation catalytique à haute température suivie dun traitement à loxyde de zinc.
Les produits provenant de diverses unités dune raffinerie sont acheminés vers les unités de traitement des gaz, où les butanes et les butènes sont extraits en vue de servir de charge dalkylation; les constituants plus lourds sont envoyés à lunité de mélange des essences, tandis que le propane est récupéré pour la production de GPL et que le propylène est récupéré pour lindustrie pétrochimique.
Dans les unités de traitement des gaz saturés, on sépare les constituants des gaz de raffinerie qui comprennent les butanes destinés à lalkylation, les pentanes qui entrent dans la préparation de lessence, les GPL qui servent de combustible et léthane qui est utilisé dans lindustrie pétrochimique. Il y a deux procédés de traitement des gaz saturés: labsorption-fractionnement et le fractionnement direct. Dans le procédé dabsorption-fractionnement, les gaz et les liquides provenant de diverses unités sont acheminés vers un absorbeur/déséthaniseur où les fractions en C2 et les fractions plus légères sont séparées par absorption dans une huile pauvre, puis récupérées pour être utilisées comme gaz combustible ou charge pétrochimique. Les fractions plus lourdes restantes sont épurées puis envoyées dans un débutaniseur, et lhuile dabsorption est retournée dans labsorbeur/déséthaniseur. La fraction contenant les hydrocarbures en C3/C4 est séparée des pentanes dans le débutaniseur, épurée pour éliminer le sulfure dhydrogène, puis acheminée vers une colonne de séparation en vue de séparer le propane et le butane. Il ny a pas détape dabsorption dans les unités de fractionnement. Le choix du procédé de traitement des gaz saturés dépend de la charge utilisée et des produits demandés.
La présence de sulfure dhydrogène, de dioxyde de carbone ou dautres composés formés lors de traitements antérieurs constitue une source de corrosion. Il faut assécher les flux contenant de lammoniac avant de procéder au traitement. On ajoute à lhuile dabsorption des produits destinés à prévenir lencrassement des échangeurs de chaleur. On utilise des inhibiteurs de corrosion pour éviter la corrosion dans les installations de tête. Il y a un risque dexposition du personnel au sulfure dhydrogène, au dioxyde de carbone, à lhydroxyde de sodium, ainsi quà la MEA, la DEA et la MDEA utilisées lors des traitements antérieurs.
Dans les unités de traitement des gaz non saturés, on récupère les hydrocarbures légers contenus dans les gaz humides provenant des unités de craquage catalytique et des accumulateurs de tête ou des récepteurs de fractionnement de lunité de cokéfaction retardée. Dans un procédé typique, les gaz humides sont comprimés et traités par des amines pour éliminer le sulfure dhydrogène soit avant, soit après passage dans un absorbeur de fractionnement où ils sont mélangés à un courant dessence débutanisée. Les fractions légères sont séparées par chauffage dans un rebouilleur; les gaz rejetés sont acheminés vers un absorbeur spongieux, tandis que les résidus sont envoyés dans une colonne de séparation. Une partie des hydrocarbures débutanisés est recyclée et le reste va dans un séparateur. On envoie les gaz de tête dans un dépropaniseur pour les utiliser comme charge dalkylation (voir figure 78.25).
Il y a risque de corrosion par le sulfure dhydrogène et les cyanures humides dans les unités de traitement des gaz non saturés où sont acheminées des charges des unités FCC. Lorsque les charges proviennent dune unité de cokéfaction retardée ou dune unité TCC, il peut y avoir corrosion par le sulfure dhydrogène et formation de dépôts ammoniacaux dans la partie haute pression des compresseurs de gaz. Il y a un risque dexposition du personnel à du sulfure dhydrogène, ainsi quà des composés aminés comme la MEA, la DEA et la MDEA.
Le mélangeage consiste à mettre physiquement en contact un certain nombre de fractions liquides différentes dhydrocarbures en vue dobtenir des produits finis présentant les caractéristiques spécifiques recherchées. On peut mélanger les produits en continu au moyen dun collecteur (manifold), ou en discontinu, cest-à-dire par lots, dans des réservoirs et des bacs. On mélange en continu lessence, les distillats, les carburéacteurs et les lubrifiants de base en injectant des proportions déterminées de chaque constituant dans le circuit principal où elles sont parfaitement mélangées par la turbulence ambiante.
On ajoute souvent des additifs à lessence et aux carburants pendant ou après le mélange pour leur conférer des propriétés spécifiques que lon ne trouve pas dans les hydrocarbures pétroliers. Ces additifs comprennent, entre autres, des améliorants de lindice doctane, des antidétonants, des antioxydants, des inhibiteurs de gomme, des antimoussants, des inhibiteurs de rouille, des nettoyants de carburateur, des détergents de nettoyage des injecteurs, des odorisants pour carburant diesel, des colorants, des antistatiques, des agents oxydants pour lessence comme le méthanol, léthanol et le méthyl-tert -butyléther ainsi que des désactivateurs de métaux.
Il faut contrôler de près toutes les opérations de mélange en vue de maintenir la qualité demandée. Il importe de nettoyer toutes les surfaces où il y a eu déversement et de colmater les fuites pour éliminer les risques de glissade et de chute. Les additifs en fûts et en sacs seront manipulés avec précaution pour éviter les efforts excessifs et lexposition à des produits nocifs. Il y a risque de contact avec des additifs dangereux, des produits chimiques, du benzène et dautres matières durant les opérations de mélangeage; il faut donc mettre en place des mesures de prévention technique, prévoir le port dun équipement de protection individuelle et appliquer des mesures dhygiène pour minimiser les risques dexposition.
Dans une raffinerie, les opérations auxiliaires comprennent celles dont le but est de fournir de la chaleur ou du froid, de contrôler la pression, de réduire les émissions dangereuses, de récupérer et de traiter les eaux usées, de fournir de lénergie électrique (vapeur, air ou gaz) et dassurer le pompage, le stockage, le traitement et le refroidissement de leau nécessaire aux opérations.
Les eaux usées produites lors du raffinage comprennent la vapeur condensée, les eaux dépuisement, les solutions caustiques usées, leau de purge des tours de refroidissement et des chaudières, leau de lavage, leau de neutralisation des déchets alcalins et acides et leau utilisée dans dautres procédés. Typiquement, les eaux usées contiennent des hydrocarbures, des matières dissoutes, des solides en suspension, des phénols, de lammoniac, des sulfures et dautres composés. Les traitements dépuration sont appliqués aux eaux de procédé, aux eaux de ruissellement et aux eaux dégout avant leur rejet. Des autorisations peuvent être nécessaires pour ces traitements; dans les autres cas, les eaux doivent être recyclées.
Il existe un risque dincendie si les vapeurs émanant deaux usées contenant des hydrocarbures se trouvent en contact avec une source dinflammation. Il y a un risque dexposition du personnel à divers produits chimiques et déchets pendant les prélèvements opérés dans les différents circuits, les inspections, les travaux de maintenance et les révisions des installations.
Le prétraitement est lopération initiale qui consiste à séparer les hydrocarbures et les solides présents dans les eaux usées. On utilise pour ce faire des séparateurs API (American Petroleum Institute), des plaques de déshuilage et des bassins de décantation pour éliminer les hydrocarbures en suspension, les boues huileuses et les solides par séparation par gravité, par écumage et par filtration. Les eaux usées acides sont neutralisées avec de lammoniac, de la chaux ou du carbonate de sodium. Les eaux usées alcalines sont traitées avec de lacide sulfurique, de lacide chlorhydrique, des gaz de carneau riches en dioxyde de carbone ou du soufre. Certaines émulsions dhuile dans leau sont dabord chauffées pour séparer lhuile de leau. La séparation par gravité dépend de la différence de densité entre leau et les gouttelettes dhuile non miscible qui permet dobtenir à la surface des eaux usées une couche dhuile libre qui est éliminée par écumage.
On obtient de leau contenant des sulfures, appelée eau acide, lors du craquage catalytique et de lhydrotraitement et chaque fois que de la vapeur est condensée en présence de gaz contenant du sulfure dhydrogène.
Les sulfures et lammoniac sont éliminés par rectification, tandis que les phénols le sont par extraction par les solvants. Il peut être nécessaire de refroidir les eaux usées à recycler pour en extraire la chaleur ou de les soumettre à une oxydation par pulvérisation ou par épuisement à lair pour en éliminer les phénols, les nitrates et lammoniac.
Après le prétraitement, on élimine les solides en suspension par sédimentation ou par flottation avec insufflation dair. Les eaux usées à faible teneur en matières solides sont tamisées ou filtrées; on ajoute parfois des floculants pour faciliter la séparation. Des matières présentant de très bonnes caractéristiques dadsorption peuvent être utilisées dans les filtres à lit fixe ou ajoutées dans les eaux usées afin dobtenir des boues qui seront extraites par sédimentation ou par filtration. Les procédés secondaires permettent de dégrader biologiquement et doxyder les matières organiques solubles; ils mettent en uvre des boues activées, des lagunes aérées ou non, des filtres bactériens ou des traitements anaérobies. Dautres méthodes de traitement permettent dépurer les eaux usées des huiles et des produits chimiques quelles contiennent.
Les traitements tertiaires permettent déliminer certains autres polluants et de satisfaire ainsi aux exigences réglementaires en matière de rejets. Ils comprennent la chloration, lozonation, léchange dions, losmose inverse et ladsorption sur charbon actif. On peut introduire de loxygène sous pression dans les circuits deaux usées pour oxyder certains produits chimiques ou pour satisfaire aux exigences relatives à la teneur en oxygène imposées par la réglementation.
Les tours de refroidissement permettent dextraire la chaleur de leau de procédé, par évaporation et transfert de chaleur latente entre leau chaude et lair. Il y a deux types de tours: les tours à contre-courant et les tours à écoulement transversal.
Leau de refroidissement qui est recirculée doit être traitée pour éliminer les impuretés et les hydrocarbures dissous. Les impuretés présentes dans leau de refroidissement peuvent corroder et encrasser les tuyauteries et les échangeurs de chaleur; le tartre provenant de sels en solution peut se déposer dans les tuyaux et des micro-organismes peuvent endommager les tours qui sont construites en bois.
Leau des tours de refroidissement peut être contaminée par des matières utilisées dans le procédé et par des sous-produits (dioxyde de soufre, sulfure dhydrogène et dioxyde de carbone notamment), avec les risques correspondants dexposition. Il y a aussi risque dexposition aux produits de traitement de leau et au sulfure dhydrogène lorsque des eaux usées sont traitées à la sortie des tours de refroidissement. Comme leau est saturée doxygène durant son refroidissement dans lair, les risques de corrosion sont plus importants. On peut éviter la corrosion en ajoutant à leau de refroidissement une substance qui forme une couche protectrice sur les tuyauteries et autres surfaces métalliques.
Si leau de refroidissement est contaminée par des hydrocarbures, des vapeurs inflammables peuvent être entraînées dans lair rejeté et causer un incendie au contact dune source dinflammation. Il existe un risque dincendie particulier en présence de zones relativement sèches dans les tours de refroidissement à tirage induit faites de matériaux combustibles. Une panne dénergie dans lalimentation des ventilateurs ou des pompes peut avoir de sérieuses conséquences sur le bon déroulement de la production.
La vapeur indispensable aux opérations est produite par des chaudières groupées dans une centrale ou à partir des gaz de carneau ou de la chaleur provenant dautres sources. Les installations utilisées à cette fin comprennent:
Le démarrage du foyer est lopération potentiellement la plus dangereuse. Un mélange gaz-air inflammable peut saccumuler si la flamme dun ou de plusieurs brûleurs vient à séteindre au moment de lallumage. Des procédures précises de démarrage devraient être fixées pour chaque type dunité, comprenant la purge avant lallumage et lapplication de procédures durgence en cas de raté dallumage. Si lalimentation en eau est insuffisante ou inexistante, il y aura surchauffe et rupture des tubes. Par contre, sil y a trop deau, celle-ci sera entraînée dans le système de distribution de vapeur et pourra endommager les turbines. Les chaudières devraient donc être munies de systèmes de purge continue ou intermittente permettant dextraire leau des collecteurs de vapeur et de limiter lentartrage des aubes des turbines et des tubes du surchauffeur. On veillera à ne pas surchauffer le foyer durant le démarrage et larrêt des chaudières. Une source de combustible de substitution devrait être prévue au cas où lalimentation en gaz combustible serait interrompue en raison de larrêt de la raffinerie ou dune situation durgence.
On peut alimenter les foyers avec divers combustibles: gaz de raffinerie, gaz naturel, fioul, charbon pulvérisé, etc. Les gaz rejetés par les unités de traitement de la raffinerie seront collectés et combinés avec du gaz naturel et des GPL dans un ballon régulateur du gaz combustible. Cela permet de stabiliser la pression, de fournir un combustible à contenu énergétique relativement stable et de séparer automatiquement les liquides en suspension dans les vapeurs; on évite aussi lentraînement de «bouchons» de condensat dans le circuit de distribution.
Normalement, le fioul est un mélange constitué de pétrole brut de raffinerie, de résidus de distillation directe, de résidus de craquage et dautres produits. Un système dalimentation fournit le combustible aux foyers des unités de production et aux générateurs de vapeur à la température et à la pression voulues. Le fioul est amené à la température de pompage désirée, aspiré au travers dun filtre primaire grossier et tempéré dans un réchauffeur à température contrôlée. Il passe ensuite au travers dun filtre plus fin avant dêtre envoyé au brûleur. Des séparateurs installés dans les unités de production permettent dextraire les liquides du gaz combustible avant son entrée dans les brûleurs.
Des chaudières alimentées au monoxyde de carbone (CO) récupèrent parfois la chaleur produite par les unités de craquage catalytique en brûlant complètement le monoxyde de carbone présent dans les gaz de carneau. Dans dautres procédés, les unités de récupération utilisent la chaleur des gaz de combustion pour produire de la vapeur.
Normalement, la vapeur est produite par un ensemble foyer-chaudière constituant une unité. Elle quitte la chaudière à la pression maximale nécessaire pour les unités de production ou pour le générateur délectricité. La pression diminue ensuite lors de son passage dans les turbines qui entraînent les pompes et les compresseurs. Pour lentraînement des turbines des groupes générateurs servant à produire de lélectricité, la vapeur doit être fournie sous une pression beaucoup plus élevée que celle utilisée à dautres fins. Le système de distribution de vapeur comprend des vannes, des raccords, des joints et des tuyauteries capables de résister à la pression de la vapeur intérieure. La plus grande partie de la vapeur utilisée dans la raffinerie est transformée, par condensation dans les échangeurs de chaleur, en eau qui est recyclée pour alimenter les chaudières ou acheminée vers lunité de traitement des eaux usées.
Le système dalimentation en eau constitue un élément important de lunité de production de vapeur. La masse deau entrant dans le système de production de vapeur doit toujours être égale à la masse de vapeur qui en sort. Leau servant à produire de la vapeur ne doit pas contenir de contaminants, tels que matières minérales et impuretés en solution, qui risqueraient dendommager le système ou de compromettre son bon fonctionnement. Les matières en suspension, comme les limons, les eaux dégout et les huiles, qui peuvent former des dépôts et des boues, seront retenues par coagulation ou filtration. Les gaz dissous, plus particulièrement le dioxyde de carbone et loxygène, qui peuvent causer la corrosion des chaudières, seront extraits par désaération et traitement. Les substances minérales, comme les sels métalliques, le calcium et les carbonates, qui provoquent lentartrage, la corrosion et la formation de dépôts sur les aubes des turbines, seront enlevées par précipitation avec de la chaux ou du carbonate de sodium. Selon ses caractéristiques, leau brute alimentant les chaudières sera traitée par clarification, sédimentation, filtration, échange dions, désaération ou traitement interne. Il faut aussi traiter leau de refroidissement remise en recirculation pour en éliminer les hydrocarbures et autres contaminants.
Les réchauffeurs et les échangeurs de chaleur préchauffent les produits qui entrent dans les tours de distillation et les installations de raffinage afin de les porter à la température de réaction. La plus grande partie de la chaleur fournie aux unités de production provient des réchauffeurs brûlant un combustible, que lon trouve dans les unités de préchauffage du brut et du reformeur, les préchauffeurs des unités de cokéfaction et les rebouilleurs à grande colonne, chauffés au gaz de raffinerie ou au gaz naturel, au distillat ou aux huiles résiduelles. En général, les réchauffeurs sont conçus pour un procédé particulier; la plupart sont du type à cylindre vertical ou à caisson. En ce qui concerne les échangeurs de chaleur, ils utilisent comme source de chaleur de la vapeur ou des hydrocarbures chauds provenant dautres sections du procédé.
Dans certains procédés, on prélève aussi de la chaleur par divers moyens (échangeurs à air et à eau, réfrigérants à ailettes, refroidisseurs à gaz et à liquide et condenseurs montés en tête de colonne). Le système de réfrigération mécanique de base par compression est utilisé pour desservir une ou plusieurs unités de production; il comprend un évaporateur, un compresseur, un condenseur, des systèmes de régulation, ainsi que des tuyauteries. On utilise couramment comme fluides frigorigènes de leau, un mélange dalcool et deau ou diverses solutions à base de glycol.
Il convient de prévoir un tirage suffisant ou une purge à la vapeur pour réduire les risques dexplosion lors de lallumage des foyers des réchauffeurs. Des procédures spécifiques de démarrage et durgence sont nécessaires pour chaque type dunité. Tout contact des flammes avec les ailettes pourrait provoquer une rupture par surchauffe. Il existe aussi un risque dincendie en cas de fuite dans un échangeur de chaleur ou un refroidisseur qui laisserait séchapper un produit inflammable.
Il convient de sassurer de labsence de surpression dans les tubes du réchauffeur avant de démonter les bouchons du collecteur ou dun raccord. Une soupape de sûreté devrait être montée sur la tuyauterie des échangeurs de chaleur, dans léventualité où elle serait bloquée alors quelle est encore pleine de liquide. Lors dune perte de régulation, il peut y avoir des variations de température ou de pression de part et dautre de léchangeur de chaleur. Sil y a rupture des tubes de léchangeur de chaleur et que la pression côté procédé est supérieure à la pression du fluide chaud, le produit pourrait pénétrer dans le réchauffeur, ce qui causerait des problèmes en aval. Si, par contre, la pression est inférieure, le fluide chaud pourrait entrer dans le procédé. Sil y a arrêt de la circulation dans les refroidisseurs à circuit liquide ou gazeux, la montée en température du produit pourrait affecter les opérations en aval, doù la nécessité de prévoir un dispositif de détente.
Selon le combustible utilisé, le procédé mis en uvre et la conception de linstallation, il existe des risques dexposition au sulfure dhydrogène, au monoxyde de carbone, aux hydrocarbures, aux boues de leau dalimentation des chaudières et aux produits de traitement de leau. Il faut éviter tout contact de la peau avec leau de purge des chaudières qui peut contenir des composés phénoliques. Il faut compter aussi avec des risques dexposition à la chaleur rayonnante, à la vapeur surchauffée et à des projection dhydrocarbures brûlants.
Les mesures techniques prises pour réduire les concentrations de vapeurs inflammables comprennent la ventilation, la dilution et linertage. On pressurise les salles de commande à une pression supérieure à la pression atmosphérique afin de minimiser les risques dentrée de vapeurs. Les dispositifs de limitation de la pression permettent dévacuer les vapeurs et les liquides; ils se déclenchent automatiquement lorsque la pression atteint une valeur prédéterminée. Par contre, la purge désigne normalement le rejet intentionnel de matières, par exemple lors du démarrage des unités de traitement, de la purge des fours, de larrêt des installations et des situations durgence. La dépressuration des vapeurs consiste à soutirer rapidement les vapeurs contenues dans un récipient sous pression en cas durgence; pour ce faire, on utilise un disque de rupture calculé pour céder à une pression supérieure à la pression de la soupape de sûreté.
Les soupapes de sûreté servent à limiter les surpressions dair, de vapeur, de gaz ou dhydrocarbures à létat de vapeurs ou de liquides; elles souvrent proportionnellement à lexcédent de pression au-dessus de la pression normale de fonctionnement. Celles qui sont conçues principalement pour évacuer des volumes importants de vapeur souvrent normalement dun seul coup. Dans le cas dune soupape de sûreté destinée à un liquide, le volume à évacuer est plus faible et la surpression requise pour soulever la soupape augmente au fur et à mesure que celle-ci souvre, en raison de la résistance croissante opposée par un ressort. Les soupapes de sûreté pilotées, dont le débit peut atteindre six fois celui des soupapes de sûreté ordinaires, sont utilisées lorsquon exige un degré détanchéité élevé. Après évacuation, les liquides non volatils sont normalement envoyés par pompage dans un système de séparation huile/eau puis dans un système de récupération, tandis que les liquides volatils sont acheminés vers des unités fonctionnant à une pression plus faible.
En général, un système fermé de limitation de la pression et de torchage comprend des soupapes de sûreté, des tuyauteries provenant des unités de production pour le transport des produits à rejeter, des ballons pour la séparation des vapeurs et des liquides, des garnitures ou des dispositifs de purge de gaz pour empêcher les retours de flamme et des torchères pour le brûlage des vapeurs quil est interdit de rejeter directement dans latmosphère. On injecte parfois de la vapeur dans les torchères pour réduire les émissions de fumées visibles.
Les liquides ne devraient pas être rejetés dans un système délimination des vapeurs. Les ballons séparateurs et les torchères devraient avoir une capacité suffisante pour absorber les produits évacués lors des purges durgence; ces ballons devraient être munis dune soupape de sûreté destinée à les protéger en cas de surpression. Par ailleurs, on devrait prévoir des soupapes de sûreté lorsquil y a risque de surpression dans les installations de raffinage, notamment:
Etant donné que la quantité de reflux influe sur le volume des vapeurs qui quittent la tour de distillation, une diminution de volume entraînera une chute de la pression dans les condenseurs et une augmentation de la pression dans les tours de distillation.
La maintenance joue un rôle primordial, car les soupapes doivent fonctionner parfaitement. Voici quelques-uns des problèmes couramment observés:
Eau . Selon leur emplacement et les ressources disponibles sur place, les raffineries peuvent soit sapprovisionner en eau potable et en eau destinée à la marche des installations à partir du réseau public de distribution deau, soit pomper et traiter leur propre eau potable. Leau peut faire lobjet de divers traitements: dessalage, filtration, chloration et analyse.
Eaux usées . Sil nexiste pas dinstallations municipales ou privées pour le traitement des eaux usées, les raffineries pourront être amenées à organiser elles-mêmes la collecte, le traitement et le rejet de leurs déchets sanitaires.
Electricité . Les raffineries sapprovisionnent en électricité auprès de sources extérieures ou produisent leur propre électricité avec des génératrices entraînées par des turbines à vapeur ou des moteurs à gaz. Leurs installations sont classées en diverses zones à risque selon le type de protection nécessaire pour éviter linflammation de vapeurs par une étincelle ou pour contenir une explosion à lintérieur dun appareil électrique. Les sous-stations sont situées normalement hors des zones classées, à lécart des sources de vapeurs dhydrocarbures inflammables ou de leau pulvérisée sortant des tours de refroidissement; elles alimentent en électricité les postes de distribution situés dans le périmètre des unités de production. Ces postes peuvent se trouver dans des zones classées pour autant quils satisfassent aux prescriptions en matière de sécurité électrique.
Les installations électriques devraient faire lobjet des mesures de protection habituelles: semelles de fondation sèches, mises en garde «haute tension», dispositifs de protection contre les risques délectrocution, etc. Le personnel devrait être familiarisé avec les méthodes de travail propres aux installations électriques dans les raffineries. Des procédures de consignation/étiquetage appropriées devraient prévenir toute mise sous tension intempestive pendant lexécution de travaux sur des installations haute tension. Il convient également de tenir compte des risques pouvant survenir lors de travaux effectués à proximité de transformateurs ou de disjoncteurs contenant un liquide diélectrique exigeant des précautions spéciales. Ces sujets sont abordés plus en détail ailleurs dans lEncyclopédie.
Dans les raffineries, des systèmes de ventilation par extraction et dalimentation en air sont mis en place pour capter ou diluer les gaz, fumées, poussières et vapeurs susceptibles de contaminer les aires de travail ou latmosphère extérieure. Les contaminants ainsi capturés sont soit récupérés, si la chose est faisable, soit rejetés après épuration ou incinération. Les systèmes dalimentation en air comprennent des compresseurs, des refroidisseurs, des réservoirs dair, des dispositifs de séchage de lair, des systèmes de régulation et des canalisations de distribution. On utilise aussi des soufflantes pour fournir lair nécessaire à certaines opérations. De lair comprimé sert à alimenter les outils pneumatiques, les unités de régénération des catalyseurs et les réchauffeurs employés lors des traitements ou pour assurer le décokage vapeur-air, loxydation des eaux acides, ladoucissement de lessence, le soufflage du bitume et diverses utilisations. Dautres sources dair comprimé alimentent les appareils et les systèmes de régulation pneumatiques, les moteurs à air comprimé et les dispositifs de purge. Des sources de gaz, de lazote par exemple, servent à linertage des enceintes et à dautres fins.
Les compresseurs dair devraient être situés de façon à ne pas aspirer des vapeurs inflammables ou des gaz corrosifs. Il existe un risque dincendie en cas de fuite sur un compresseur de gaz. Des ballons tampons sont nécessaires pour retenir les liquides pouvant être entraînés dans les compresseurs de gaz. Il faut prévoir des filtres si les gaz sont contaminés par des matières solides. Toute panne des systèmes de régulation automatique des compresseurs aura de graves répercussions sur la marche des installations de production. Des soupapes de sûreté seront prévues si la pression maximale risque de dépasser la pression nominale du compresseur ou de linstallation. Il faut aussi installer des protections pour les pièces mobiles des compresseurs. Ceux-ci devraient être logés dans des bâtiments adéquats équipés dune ventilation efficace.
Lorsque de lair produit dans la raffinerie est utilisé comme source dappoint pour alimenter des instruments, le raccordement doit se faire en amont du système de séchage de lair dalimentation des instruments pour éviter la contamination de ceux-ci par de lair humide. Dautres sources peuvent être nécessaires pour lalimentation des instruments, par exemple de lazote, en cas de panne délectricité ou de défaillance de compresseur. Il faut éviter que des gaz ou de lair produits dans lusine ne soient employés pour pressuriser les systèmes deau potable ou pour la respiration.
Les turbines, qui sont normalement des turbines à gaz ou à vapeur, servent à entraîner les pompes, les compresseurs, les soufflantes et dautres équipements de production. La vapeur est admise dans la turbine à une température et à une pression élevées, se détend et entraîne les aubes de la roue mobile après avoir traversé un distributeur à aubages fixes.
Les turbines à vapeur servant à lévacuation sous vide doivent être munies, du côté échappement, dune soupape de sûreté destinée à protéger la machine et à retenir la vapeur en cas de perte de vide. Ces turbines doivent être dotées de dispositifs de sécurité lorsque la pression maximale de service risque de dépasser la pression nominale. Linstallation de régulateurs et de limiteurs de vitesse est recommandée.
On utilise des pompes centrifuges ou des pompes à piston pour faire circuler les hydrocarbures, leau de procédé, leau incendie et les eaux usées à lintérieur de la raffinerie. Ces pompes sont entraînées par des moteurs électriques, des turbines à vapeur ou des moteurs à combustion interne.
Les tuyauteries assurent la distribution des hydrocarbures, de la vapeur, de leau et dautres produits. Leurs dimensions et le matériau dont elles sont constituées dépendent du type de service, de la pression, de la température et de la nature des produits. Elles comportent des évents, des raccords de purge et des robinets de prélèvement et peuvent être obturées par des brides. On utilise différents types de vannes, manuelles ou automatiques: robinets-vannes, vannes tout ou rien, vannes de dérivation, vannes sphériques, vannes à tournant, vannes disolement, vannes de purge, clapets de retenue, etc. selon le but recherché.
Un moyen sûr devrait permettre daccéder aux vannes et aux instruments. Des vannes télécommandées, des vannes coupe-feu et des vannes disolement peuvent être utilisées pour limiter la perte de produits dans la colonne daspiration des pompes en cas de fuite ou dincendie. Les évents et les raccords de purge peuvent être munis de doubles vannes de sectionnement ou dune vanne de sectionnement et dun bouchon ou dune bride pleine, pour prévenir les rejets. Il peut être nécessaire, selon la nature du produit et celle des interventions requises, déviter tout reflux dans la colonne de refoulement. Il faut également tenir compte de la dilatation et des déformations des tuyauteries sous leffet des variations de température auxquelles elles sont soumises afin déviter quil y ait rupture. Les pompes fonctionnant sous débit faible ou nul peuvent surchauffer et se fissurer. La pression et la température de service peuvent être affectées en cas de défaillance du système de régulation automatique des pompes. Enfin, un limiteur de pression devrait être monté sur la colonne de refoulement pour parer au risque de surpression.
Des réservoirs de stockage à pression atmosphérique et des réservoirs de stockage sous pression sont destinés au stockage du pétrole brut, des hydrocarbures intermédiaires et des produits finis, tant liquides que gazeux. Dautres réservoirs peuvent contenir de lair, de leau, des acides, de lhydrogène, des additifs et divers produits chimiques. Le choix du type de réservoirs, leurs dimensions, leur mode de construction et leur emplacement dépendent de leur destination et de la nature, de la pression de vapeur, du point déclair et du point découlement des produits stockés. On trouve divers types de réservoirs dans les raffineries, les plus simples étant les réservoirs cylindriques à toit fixe servant au stockage de liquides combustibles (non volatils) comme le carburant diesel, le fioul et les huiles lubrifiantes. Les réservoirs à toit flottant sont destinés au stockage des liquides inflammables volatils, comme lessence et le pétrole brut; les vapeurs qui se forment au-dessus de la surface du liquide sont comprimées et leur concentration permet déviter quelles ne senflamment.
Il existe des risques dincendie lorsque les réservoirs de stockage contiennent une quantité excessive dhydrocarbures ou présentent des fuites par lesquelles des liquides et des vapeurs peuvent séchapper et atteindre des sources dinflammation. Il faut donc prévoir des jaugeages manuels pour éviter un surremplissage ou installer des systèmes automatiques dévacuation du trop-plein et dalarme. Les réservoirs peuvent être équipés de systèmes de protection incendie mousse-eau fixes ou semi-fixes. On peut aussi les doter de vannes télécommandées, de vannes disolement et de clapets coupe-feu permettant de les vider ou de les isoler en cas dincendie. Des mesures visant laération, le nettoyage et lentrée dans des espaces confinés seront appliquées lors des travaux réalisés à lintérieur des réservoirs, et des régimes dautorisation instaurés pour les travaux à proximité de sources dinflammation éventuelles.
La distribution et le chargement dhydrocarbures gazeux ou liquides dans des pipelines, des wagons-citernes, des camions-citernes, des bateaux ou des barges en vue de les transporter vers des terminaux pour les acheminer jusquaux consommateurs constituent la dernière opération réalisée en raffinerie. Les caractéristiques des produits, les besoins en matière de distribution, les exigences relatives à la prévention des incendies ainsi que les critères de protection de lenvironnement et dexploitation sont des aspects importants dans la conception des quais maritimes, des rampes de chargement et des claviatures. Lexpéditeur et le destinataire doivent convenir des modes opératoires et sy conformer; ils resteront en communication durant le transfert des produits. Les camions-citernes et les wagons-citernes peuvent être chargés par le haut ou par le bas. Le chargement et le déchargement des gaz de pétrole liquéfiés (GPL) exigent des mesures spéciales qui sappliquent en plus de celles prévues pour les hydrocarbures liquides. Il convient en cas de nécessité dinstaller un système de récupération des vapeurs sur les rampes de chargement et sur les quais maritimes.
Le port dun équipement de protection individuelle pourra simposer lors des opérations de chargement et de déchargement, lors du nettoyage des surfaces contaminées à la suite dun déversement ou dune fuite, ou encore lors des opérations de jaugeage, dinspection ou de prélèvement ou de lexécution de travaux dentretien dans les installations de chargement ou dans les systèmes de récupération des vapeurs. Dans des situations durgence, par exemple le débordement dun compartiment dun camion-citerne ou dun wagon-citerne, il faut interrompre le pompage ou détourner le produit vers un autre récepteur.
Les raffineries mettent en uvre de nombreux produits chimiques dangereux toxiques en quantités très variables, allant des petites quantités de réactifs utilisés dans les laboratoires jusquaux volumes dacide sulfurique et dacide fluorhydrique utilisés lors des traitements alcalins. Ces produits doivent être réceptionnés, stockés et manipulés de façon appropriée. Leurs fabricants fournissent en général des renseignements que les raffineries peuvent utiliser pour élaborer des procédures de sécurité, des mesures techniques, des règles en matière de protection individuelle et des mesures dintervention en cas durgence.
La nature des risques dans les installations de chargement et de déchargement dépend des produits en cause, ainsi que de ceux qui ont été transportés précédemment dans le wagon-citerne, le camion-citerne ou le bateau. Une interconnexion permet dégaliser les charges électriques entre la rampe de chargement et le véhicule récepteur, tandis quune mise à la terre neutralise les courants vagabonds. On utilise des brides isolantes sur les raccords des canalisations des quais pour éviter laccumulation et les décharges délectricité statique. Les rampes de chargement et les canalisations des systèmes de récupération des vapeurs sont munies de pare-flammes pour prévenir les retours de flamme. Des mesures de sécurité spéciales devraient être prises lorsquun chargement alterné est autorisé.
Les bras dalimentation des rampes de chargement devraient être munis de systèmes de fermeture automatiques ou manuels en cas de fuite ou de débordement. Des garde-corps seront installés pour prévenir les chutes. Des systèmes dévacuation et de récupération pourront être mis en place aux rampes de chargement par le haut, pour lévacuation des eaux de pluie et pour reprendre les produits répandus à la suite dun débordement ou dune fuite. Dans les installations de chargement des GPL, des précautions devraient être prises pour éviter les débords et les surpressions dans les wagons-citernes et les camions-citernes.
Selon lemplacement de la raffinerie et les ressources dont elle dispose, on trouvera sur place un certain nombre dinstallations et dactivités qui posent chacune leurs propres problèmes en matière de sécurité et de santé.
Selon la politique de la compagnie de raffinage et les services publics à disposition, toute une série dactivités administratives diverses sont nécessaires pour assurer une exploitation sans heurt. Le service chargé de gérer les mouvements du pétrole avant, pendant et après le raffinage est propre à chaque raffinerie. On peut ventiler les fonctions administratives comme suit. La marche des unités de production incombe au service dexploitation alors que les dispositions prises pour assurer un approvisionnement continu en pétrole brut relèvent dun autre service. On trouve également les services médicaux (durgence ou permanents), un service de restauration pour le personnel, les services dingénierie, un service de conciergerie, un service de maintenance ainsi que les services courants dadministration et de gestion présents dans la plupart des industries (comptabilité, achats, relations humaines, etc.). Un service assure la formation des agents de maîtrise et des travailleurs et couvre aussi bien la formation de base que le recyclage et la formation palliative. Il se charge aussi de lorientation et de la formation du personnel et des sous-traitants dans le domaine des interventions durgence et des procédures de sécurité.
Pour assurer un bon déroulement de la production, il importe délaborer et dappliquer des programmes de maintenance régulière et dentretien préventif. La révision des installations peut comporter la mise hors service de lensemble dune raffinerie ou dunités entières en vue de procéder en une seule fois à la remise en état ou au remplacement de la totalité de léquipement. Les activités visant à assurer lintégrité mécanique telles que linspection, la réparation, lessai et la certification des vannes et des dispositifs de sécurité qui font partie du programme de gestion de la sécurité des opérations sont essentielles pour une exploitation continue sans heurt, tout comme les travaux de maintenance effectués dans le cadre du programme de «gestion du changement» de la raffinerie. Les systèmes dautorisations de travail permettent de contrôler les opérations qui comportent des risques particuliers (isolement et consignation dinstallations, entrée dans des espaces confinés, etc.). Les services de maintenance dune raffinerie ont notamment pour tâches:
La sécurité et la protection de la santé lors des opérations de maintenance et lors des interventions font appel entre autres aux techniques ci-après.
Pour procéder à la maintenance et à la réparation en toute sécurité des installations de production, il faut souvent isoler des bacs, des réservoirs et des circuits de tuyauteries afin déviter que des liquides ou des vapeurs inflammables ne pénètrent dans une zone où des travaux sont effectués sur des pièces portées à haute température. Normalement, on procède à lisolement en déconnectant et en obturant toutes les tuyauteries entrant ou sortant dun réservoir, en obturant par une bride pleine ou en fermant une tuyauterie près dun réservoir, en fermant un système de doubles vannes disolement montées sur la tuyauterie et encore en ouvrant la vanne de purge située entre les deux vannes une fois que celles-ci ont été fermées.
Les programmes de consignation et de déconsignation sont destinés à empêcher la mise en marche intempestive dune installation (électrique, mécanique, hydraulique ou pneumatique) durant des travaux de maintenance ou de réparation. Dans le cas dune installation électrique, on évitera une remise sous tension en consignant le disjoncteur ou linterrupteur principal et en les condamnant, puis en procédant à un essai pour vérifier que la mise hors tension est effective. Sil sagit dun équipement mécanique, hydraulique ou pneumatique, il conviendrait, avant le début des travaux, de couper et de consigner la source dénergie. Les vannes qui commandent lisolement de tuyauteries faisant lobjet de travaux et qui ont été isolées devraient aussi être bloquées ou consignées pour éviter leur ouverture sans autorisation.
Linspection métallurgique a pour objet de vérifier la résistance et lintégrité des tuyauteries, des réservoirs, des bacs et des réacteurs qui sont susceptibles dêtre attaqués par des substances corrosives produites ou mises en uvre lors du traitement du pétrole brut. On a recours à des méthodes de contrôle non destructif pour déceler les zones de corrosion ou dusure avant quelles ne puissent atteindre un stade dangereux. Des précautions devraient être prises pour éviter lexposition excessive des travailleurs qui manipulent ou qui peuvent être exposés à des rayonnements ionisants, des colorants ou des produits chimiques dangereux.
Les pièces, le matériel, les produits et léquipement nécessaires à lexploitation de la raffinerie sont stockés dans des entrepôts où lon peut aussi trouver les vêtements et léquipement de protection individuelle requis (casques, gants, tabliers, lunettes de protection, écrans faciaux, appareils de protection respiratoire, bottes de sécurité, bottes imperméables, vêtements résistant aux flammes, vêtements résistant aux acides, etc.). Lentreposage correct et séparé des liquides inflammables et combustibles et des produits chimiques dangereux est indispensable pour éviter les déversements, les incendies et la mise en contact de produits incompatibles.
Les laboratoires ont pour tâche de déterminer les caractéristiques physiques et chimiques des charges de pétrole brut et de contrôler la qualité des produits finis. Le personnel de laboratoire devrait avoir reçu la formation nécessaire pour reconnaître les dangers que comportent la manipulation et le mélange de produits chimiques toxiques et de liquides inflammables et pour assurer sa protection et celle des autres.
Les autres activités de soutien dans les raffineries portent sur la sécurité, la prévention des incendies et la lutte contre le feu, la protection de lenvironnement et lhygiène industrielle. Elles peuvent être menées de manière séparée ou faire partie intégrante des tâches relevant des services dexploitation. La sécurité, la préparation aux situations durgence et les mesures dintervention durgence, la prévention des incendies et la lutte contre le feu font souvent partie de la même fonction. Les programmes de gestion de la sécurité dexploitation sont rattachés à la fonction sécurité et sont mis en uvre par le personnel chargé de lexamen des plans, du contrôle de lavancement des travaux de construction et des vérifications qui précèdent la mise en service des installations. Ce personnel participe souvent à lexamen des qualifications des entreprises chargées de lexécution des travaux, contrôle la qualité et examine les incidents impliquant des employés ou des entreprises. Il peut aussi assurer la surveillance des travaux soumis à autorisation, comme lentrée dans des espaces confinés, les travaux à proximité de pièces portées à haute température et la vérification de la disponibilité et du bon état des extincteurs portatifs, des installations de décontamination, des douches durgence, des fontaines dirrigation oculaire, des dispositifs fixes de détection et dalarmes ainsi que des appareils respiratoires autonomes placés en des points stratégiques.
Programmes de sécurité . La fonction sécurité de la raffinerie comprend lélaboration et la gestion de divers programmes de prévention des accidents et des incidents. Elle comprend, sans que la liste en soit nominative, les éléments ci-après:
Services du feu . Les sapeurs-pompiers et le personnel des équipes dintervention durgence des raffineries peuvent être des membres à plein temps des services du feu, lesquels peuvent également faire appel à des employés de la raffinerie qui auront reçu une formation spéciale et qui, en plus de leurs activités régulières, auront été désignés pour intervenir en cas dincendie. En dehors de la lutte contre le feu, ces services interviennent en général lors dincidents survenant dans la raffinerie, comme les émissions dacides ou de gaz, le sauvetage de personnes en situation de danger dans des réservoirs, les débordements, etc. Ils peuvent être chargés en outre de linspection et de la vérification des systèmes de détection et dalarme ainsi que de léquipement fixe ou portatif de lutte contre le feu (véhicules de sapeurs-pompiers, pompes à incendie, réseaux deau, bornes dincendie, tuyaux, lances, etc.).
La lutte contre le feu dans les raffineries se distingue par la particularité quil est souvent préférable de laisser brûler certains feux plutôt que de chercher à les éteindre. Chaque type dhydrocarbure (liquide, gaz ou vapeur) présente des caractéristiques spécifiques de combustion qui doivent être parfaitement connues si lon veut pouvoir mettre en uvre les mesures dextinction les plus efficaces possibles. Ainsi, lextinction dun feu de vapeurs dhydrocarbures, si lon na pas au préalable mis fin à lémission de ces vapeurs, ne ferait que prolonger lexistence dun nuage de vapeurs capables de senflammer à nouveau et dexploser. Les feux dans les réservoirs contenant du pétrole brut ou des résidus lourds doivent être combattus par des techniques spéciales afin de prévenir une explosion ou un débordement par bouillonnement.
Souvent, pour éteindre un feu dhydrocarbures, on interrompt larrivée du produit et on laisse le feu brûler tout en arrosant les installations avoisinantes avec de leau pour les refroidir. De nombreux systèmes fixes de protection contre lincendie sont conçus dans ce but précis. Pour lutter efficacement contre le feu dans des unités de fabrication sous pression, un examen approfondi de la situation et une formation spéciale sont nécessaires, surtout en présence de catalyseurs tels que lacide fluorhydrique. On peut utiliser des agents extincteurs spéciaux, comme de la poudre sèche et des solutions mousse-eau, pour éteindre les feux dhydrocarbures en limitant les émissions de vapeurs.
Mesures durgence . Les raffineries doivent élaborer et mettre en application des plans dintervention durgence pour faire face à des situations telles quune explosion, un incendie, un rejet de produits dangereux ou une opération de sauvetage. Les plans durgence devraient prévoir le recours à une assistance extérieure (autorités ou autres entreprises ou entreprises du même secteur) ainsi que la disponibilité de fournitures et déquipements spéciaux (mousses extinctrices, matériel de confinement des déversements, matériaux absorbants, etc.).
On procède régulièrement, dans les raffineries, au contrôle, au prélèvement et à lanalyse des gaz, des particules en suspension et des vapeurs à des fins de sécurité. Les analyses qui sont effectuées à laide de divers instruments et techniques ont pour objet de mesurer la teneur de latmosphère ambiante en oxygène, en vapeurs et en gaz dhydrocarbures, et de déterminer les niveaux dexposition du personnel à des matières dangereuses. Des résultats fiables et précis exigent des instruments correctement étalonnés et réglés au préalable par des personnes qualifiées. Selon la nature des opérations et des risques rencontrés, les analyses, prélèvements et contrôles peuvent être exécutés soit avant le début des travaux, soit à des intervalles spécifiés au cours de leur réalisation, soit encore de façon continue pendant les opérations.
Lors des prélèvements et des analyses datmosphères inflammables, inertes ou toxiques dans une raffinerie, il faudrait le cas échéant envisager le port dun équipement de protection individuelle, y compris dun appareil de protection respiratoire approprié. Il convient de noter que les appareils à cartouche filtrante ne sont pas adaptés aux atmosphères pauvres en oxygène. Les exigences en matière danalyse devraient être fonction du degré de risque existant en cas de défaillance de linstrument.
Les analyses destinées à déterminer la concentration des substances ci-après peuvent être réalisées avec des instruments portatifs ou fixes:
Oxygène . Le fonctionnement des appareils de mesure des gaz combustibles est basé sur la combustion dune infime quantité de latmosphère analysée. Pour une mesure précise de la teneur en gaz combustibles, latmosphère analysée doit contenir au moins 10% et au plus 25% doxygène. La teneur en oxygène de latmosphère est déterminée à laide dun oxygénomètre avant que lon ne procède à la mesure des gaz combustibles ou en même temps. La connaissance de la teneur en oxygène est indispensable lorsquon travaille dans des espaces confinés ou clos. En effet, un taux normal denviron 21% doxygène est nécessaire pour quon puisse se dispenser dune protection respiratoire (à condition que latmosphère soit exempte de substances toxiques). Les oxygénomètres servent aussi à mesurer la teneur en oxygène dans les atmosphères inertes, afin de sassurer que cette teneur est suffisamment basse pour exclure toute combustion lors de travaux à proximité de pièces portées à haute température, par exemple.
Gaz et vapeurs dhydrocarbures . Les pièces portées à haute température peuvent constituer une source dinflammation en présence de vapeurs ou de gaz inflammables. Cest notamment le cas lors des travaux de soudage, de découpage, de meulage, de sablage et de lutilisation dun moteur à combustion interne. Avant dentreprendre de tels travaux, on contrôlera au moyen de détecteurs de gaz combustibles que la concentration des vapeurs dhydrocarbures dans latmosphère ne présente pas de danger. En effet, les gaz et les vapeurs dhydrocarbures ne peuvent senflammer et brûler dans lair que sils sont présents dans certaines proportions bien déterminées. Si la concentration est insuffisante, on dit que le mélange est trop pauvre pour pouvoir brûler; en revanche, si elle est trop élevée (trop peu doxygène), le mélange est dit trop riche. Les concentrations limites sont appelées «limites inférieure et supérieure dinflammabilité» et sont exprimées en pourcentages (volumétriques) de vapeurs dans lair. Chaque hydrocarbure ou mélange dhydrocarbures a des limites dinflammabilité différentes, situées en général entre 1 et 10%. Ainsi, les vapeurs dessence ont des limites inférieure et supérieure qui se situent à 1,4% et 7,6%, respectivement.
Atmosphères toxiques . On utilise des instruments spéciaux pour mesurer les concentrations de gaz, de vapeurs et de matières particulaires dangereuses dans latmosphère des lieux de travail et en déduire le type et le niveau de protection nécessaires (ventilation avec renouvellement complet de latmosphère, port dun appareil de protection respiratoire et dun équipement de protection individuelle, etc.). Les substances dangereuses auxquelles on peut être exposé dans les raffineries comprennent lamiante, le benzène, le sulfure dhydrogène, le chlore, le dioxyde de carbone, lacide sulfurique, lacide fluorhydrique, les amines et les phénols.
Les activités dhygiène industrielle dans les raffineries sont toutes fondées sur un ensemble de mesures administratives et techniques qui visent la prévention des expositions aux substances toxiques, la sécurité et lhygiène en laboratoire, lergonomie et la surveillance médicale.
Les services officiels et lindustrie établissent des limites dexposition à divers produits toxiques. Le rôle de lhygiéniste industriel est dassurer des contrôles réguliers afin de sassurer que le personnel nest pas exposé à des concentrations dépassant les valeurs admissibles. Il peut mettre au point ou préconiser des mesures de prévention technique, des méthodes de travail sûres, le remplacement des substances toxiques par des substances moins toxiques ou inoffensives, le port déquipements de protection individuelle ou de vêtements protecteurs et toutes autres mesures utiles pour réduire les risques le plus possible.
Programmes médicaux . En général, les raffineries procèdent à des examens médicaux préalables à lembauche, puis périodiquement par la suite, pour déterminer si lemployé peut accomplir et continuer daccomplir la tâche qui lui est confiée et pour sassurer que les conditions de travail et dexposition ne mettront pas en danger sa sécurité ou sa santé.
Risques inhérents aux produits mis en uvre . La lutte contre les risques associés aux produits chimiques auxquels on peut être exposé au cours du travail implique une connaissance suffisante des risques en question, des précautions quils appellent et des mesures à prendre en cas dingestion, dinhalation ou de contact cutané accidentels. Cela présuppose des études toxicologiques sérieuses sur le pétrole brut et les divers produits entrant ou se trouvant dans les circuits de raffinage, les produits finis et les nouveaux produits que lon envisage de mettre en uvre. Les données recueillies dans le cadre de ces études permettent de proposer des limites admissibles dexposition ou les teneurs maximales de substances dangereuses dans les produits. Elles sont normalement diffusées sous forme de fiches de données de sécurité (FDS) ou de notices analogues et sont portées à la connaissances du personnel intéressé.
La protection de lenvironnement est une considération importante dans le raffinage du pétrole si lon tient compte à la fois de lobligation de respecter la réglementation en vigueur et de la nécessité déviter le gaspillage des ressources en raison de lescalade des prix du brut et des coûts de production. Les raffineries peuvent émettre dans latmosphère ou rejeter dans leau de nombreux produits qui peuvent être dangereux pour lenvironnement. Certains sont des polluants présents dans le pétrole brut, alors que dautres sont le résultat des opérations de raffinage. Parmi les produits rejetés dans lair figurent le sulfure dhydrogène, le dioxyde de soufre, les oxydes dazote et le monoxyde de carbone (voir tableau 78.2). Les eaux usées contiennent généralement des hydrocarbures, des matières dissoutes, des solides en suspension, des phénols, de lammoniac, des sulfures, des acides, des alcalis et dautres polluants. Il existe aussi des risques de déversement accidentel ou de fuite dune grande diversité de produits chimiques inflammables ou toxiques.
Toute une série de mesures peuvent être prises pour contrôler les émissions de liquides et de vapeurs et réduire ainsi les coûts dexploitation: