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Chapitre 99 - Le travail de bureau et le commerce de détail

LA NATURE DU TRAVAIL DE BUREAU

Charles Levenstein, Beth J. Rosenberg et Ninica L. Howard

L’organisation du travail et le stress

On pense habituellement que dans le commerce et les bureaux, le travail est propre, facile et sans risques. S’il est vrai que les accidents graves ou mortels y sont rares, il existe néanmoins dans ces secteurs des risques professionnels qui affectent la qualité de la vie et peuvent, dans certains cas, provoquer de graves lésions et entraîner la mort.

On peut définir le stress comme un stimulus physique ou psychologique, responsable de tension ou de perturbation de l’équilibre physiologique normal de la personne. Il peut notamment être la cause de maux de tête, de troubles gastro-intestinaux et du sommeil, d’hypertension et autres maladies cardio-vasculaires, d’anxiété, de dépression et d’une augmentation accrue de la consommation d’alcool et de médicaments. Si le travail est source de stress dans le commerce et les bureaux, c’est à la fois en raison de la structure de l’emploi dans ces secteurs et de la façon dont le travail y est organisé.

La structure de l’emploi

De plus en plus souvent, les employeurs ont recours à des travailleurs à temps partiel (temporaires par intérim ou en sous-traitance). Ce type d’arrangement permet d’obtenir la souplesse souhaitée des horaires de travail, mais elle a un prix. Les statistiques officielles de la main-d’œuvre montrent qu’aux Etats-Unis, par exemple, le salaire horaire moyen d’un travailleur à temps partiel atteint à peine 60% de celui d’un travailleur à temps complet. Moins bien payés, ces travailleurs sont également défavorisés sur le plan des prestations sociales, telles qu’assurance maladie, retraite, congé maladie payé et vacances, qui sont nettement inférieures à celles dont bénéficient les travailleurs à temps complet. Moins de 25% des travailleurs à temps partiel sont couverts par une assurance maladie payée par l’employeur, contre près de 80% pour les travailleurs à temps complet. Soixante pour cent des travailleurs à temps complet sont affiliés à un régime de pension de retraite, contre 25% seulement des travailleurs à temps partiel. En 1990, près de cinq millions de travailleurs à temps partiel auraient préféré travailler à temps complet. Cette même transformation de l’emploi se retrouve dans d’autres pays. Par exemple, dans l’Union européenne, 15% de la population active et près de 20% des salariés du commerce et des bureaux étaient employés à temps partiel en 1991, et 8,4% des employés de bureau étaient des intérimaires (De Grip, Hoevenberg et Willems, 1997).

A l’infériorité des salaires et des prestations s’ajoutent d’autres aspects négatifs de cette restructuration de l’emploi. Les travailleurs temporaires vivent souvent dans le stress de ne pas savoir quand ils vont avoir du travail. Ils ont également tendance à faire plus d’heures supplémentaires parce qu’ils sont souvent engagés en période «de forte presse». De nombreuses législations n’accordent l’égalité de traitement en matière de protection sociale ni aux travailleurs à temps partiel ni aux travailleurs temporaires, notamment en ce qui concerne la sécurité et la santé au travail, l’assurance chômage et les régimes de retraite. Rares sont les travailleurs de ce type qui sont syndiqués. Selon une étude de cas effectuée à la demande de l’Administration américaine de la sécurité et de la santé au travail (Occupational Safety and Health Administration (OSHA)) sur le travail en sous-traitance dans l’industrie pétrochimique, ces travailleurs reçoivent moins de formation à la sécurité et à la santé au travail et le nombre d’accidents du travail est plus élevé dans cette catégorie de travailleurs que chez les travailleurs des entreprises (Murphy et Hurrell, 1995). Les conséquences que cette augmentation de la main-d’œuvre temporaire et non syndiquée peut avoir sur le plan de la santé ne sauraient être sous-estimées.

L’organisation du travail

L’étude à long terme menée aux Etats-Unis sur les maladies cardio-vasculaires, à laquelle ont participé les habitants de la ville de Framingham (Massachusetts), a examiné la relation entre le statut professionnel et l’incidence des maladies coronariennes et a constaté, à cet égard, que 21% des femmes occupant des emplois de bureau développaient une insuffisance coronarienne, soit près de deux fois plus que les employées d’autres secteurs ou que les femmes au foyer. Selon le modèle «exigences/autonomie» de Karasek du stress d’origine professionnelle, le travail le plus stressant est celui qui se caractérise par des exigences élevées et un faible degré d’autonomie ou de latitude décisionnelle en raison du déséquilibre qu’il présente entre les responsabilités du poste et la capacité du travailleur d’y répondre (Karasek, 1979, 1990). Les emplois tels que ceux du travail de bureau, de la fabrication de matériel électronique, de la confection ou de l’abattage des volailles se caractérisent par la monotonie, les risques ergonomiques et le faible degré d’autonomie dans l’exécution des tâches. D’après ce modèle, le travail de bureau figurait parmi les plus stressants.

Reconnaître les déterminants sociaux, économiques et physiques des effets sur la santé du stress professionnel plutôt que de s’attacher uniquement à la pathologie de la personne est le premier pas à franchir pour traiter de manière complète et durable les problèmes liés au stress. Sans nier les bienfaits des méthodes d’adaptation individuelle et des exercices de relaxation, il est important que les programmes de gestion du stress sur le lieu de travail prennent aussi en compte l’ensemble des contraintes sociales et économiques que subissent les travailleurs dans leur vie quotidienne.

La qualité de l’air

De nombreux bâtiments présentent de sérieux problèmes de pollution de l’air intérieur. Dans les bureaux, les effets combinés d’une mauvaise conception de la ventilation, de bâtiments trop hermétiques et de produits chimiques émanant des matériaux de construction, des machines de bureau et de la fumée de cigarette créent une atmosphère délétère. Des micro-organismes (moisissures, bactéries) peuvent proliférer dans les systèmes de climatisation et d’humidification, les condenseurs à ruissellement et les tours de refroidissement de nombreux immeubles de bureaux. Il peut en résulter le syndrome des bâtiments malsains, dénomination qui recouvre toute une série de symptômes selon la situation et, notamment, les allergies et les infections respiratoires, telles que la maladie des légionnaires, qui peuvent parfois avoir un caractère épidémique. Le polluant le plus courant est peut-être la fumée de cigarette, qui peut multiplier par cinq la quantité de particules inhalées par rapport à celle d’un bureau où l’on ne fume pas. Depuis que la recherche a établi qu’un non-fumeur court un risque accru de cancer du poumon si son conjoint est fumeur, ce risque pourrait être pris en compte chez les employés de bureau non-fumeurs.

Les risques ergonomiques

Les risques ergonomiques ont augmenté ces dernières années dans le commerce de détail avec l’apparition des nouvelles technologies et la transformation des structures organisationnelles. Ce commerce a évolué vers les libres-services et les grandes surfaces. L’introduction du scanner électronique a créé des cycles plus courts et une répétitivité accrue. De plus, l’espace de travail est souvent mal adapté à ces nouvelles technologies et de nombreuses pratiques de travail peuvent être sources de contrainte du système musculo-squelettique.

Un grand nombre d’études et d’enquêtes ont relevé chez les caissières un taux particulièrement élevé de troubles liés à des traumatismes répétitifs et établi une relation dose-réponse entre ce travail et ces troubles. Ces postes exigent généralement une forte activité des membres supérieurs, ce qui est à l’origine d’un pourcentage élevé de syndromes du canal carpien, de tendinite ou de ténosynovite chez cette catégorie de personnel. Chez les manutentionnaires, on observe un niveau modéré d’activité du poignet, mais un niveau élevé d’activité des chevilles. La conception de la caisse peut influencer fortement les gestes et les postures de la caissière, l’amenant à prendre des positions peu commodes et à effectuer fréquemment des hyperextensions et des gestes de soulèvement pour atteindre les articles, d’où les douleurs dans le cou, l’épaule, le coude et le dos. La station debout prolongée des caissières et des manutentionnaires peut aussi provoquer des lombalgies dues aux forces de compression qu’implique leur activité. De plus, la station debout prolongée peut être douloureuse pour les jambes, les genoux et les pieds et provoquer des varices. Le fait d’avoir à déplacer des piles de marchandises, parfois trop lourdes ou trop volumineuses, constitue un autre risque pour le dos.

On constate le même genre de troubles, ainsi que d’autres, dans plusieurs des métiers du commerce de détail. Par exemple, les métiers de fleuriste et de coiffeur sont souvent associés à des problèmes cutanés tels que l’eczéma et la dermite chronique. Dans les cafés et les restaurants, ce sont les coupures et les brûlures qui sont les lésions les plus courantes. Si l’on ajoute à ces facteurs le taux de rotation élevé de la main-d’œuvre qui caractérise ces professions, et la formation inadaptée qui en résulte, on comprend que ces métiers soient propices à l’apparition de douleurs chroniques, de malaises et, éventuellement, de lésions liées à des efforts répétitifs.

Les emplois de bureau

L’idée selon laquelle le travail de bureau serait propre et sans risques est souvent trompeuse. Les profondes transformations qui ont marqué ce type de travail, aujourd’hui caractérisé par une augmentation de la spécialisation et de la répétitivité des tâches et des efforts physiques et par une diminution de l’espace de travail, sont à l’origine de nombreux accidents et de maladies de nature ergonomique. Les accidents les plus courants relèvent de la sécurité du travail, comme le fait de tomber sur un sol glissant, de trébucher sur un fil électrique, de se cogner au tiroir d’un classeur laissé ouvert ou de déplacer des objets lourds tels que boîtes de papier ou meubles de bureau. Cependant, avec l’informatisation de ces emplois, un nouveau type de problèmes de santé est apparu. Les parties du corps les plus fréquemment affectées par les troubles liés à des traumatismes répétitifs sont les membres supérieurs et le cou, mais le travail prolongé devant un terminal à écran de visualisation (TEV) peut aussi entraîner une inflammation des muscles, des articulations et des tendons du dos et des jambes. Des troubles graves du poignet, comme le syndrome du canal carpien, les tendinites et les ténosynovites, sont souvent associés à l’utilisation d’un TEV. Ces troubles peuvent résulter d’une extension continue du poignet pendant l’utilisation du clavier ou d’une pression mécanique directe exercée sur le poignet par l’arête du bureau, par exemple. Les mouvements rapides et nombreux des doigts pendant la frappe peuvent entraîner des problèmes à ce niveau. Le haussement statique des épaules imposé par un plan de travail trop haut peut aussi être la cause d’une tendinite. De même, la station assise prolongée, qui est caractéristique du travail sur écran, peut ralentir la circulation sanguine et favoriser l’accumulation du sang dans les jambes et les pieds du fait de la compression des tissus mous des jambes. Les douleurs lombaires sont souvent associées à la station assise prolongée, car la compression peut être élevée au niveau de la colonne vertébrale, en particulier si le siège est mal conçu. L’écran provoque aussi fréquemment une fatigue oculaire et des maux de tête dus à un mauvais éclairage ou au scintillement. L’ordinateur est rarement le seul appareil utilisé dans les grands bureaux. Le niveau sonore produit par l’association des photocopieurs, des machines à écrire, des imprimantes, des téléphones et du système de ventilation dépasse souvent les 45 à 55 dBA recommandés pour travailler et téléphoner confortablement dans un bureau et il peut nuire à la concentration et élever les niveaux d’irritation et de stress, que l’on a associés aux maladies cardiaques.

Les risques liés à l’environnement

Les risques environnementaux les plus courants dans le secteur du commerce de détail et des bureaux sont essentiellement liés à la société de consommation: ouverture de grands centres commerciaux et incidence sur les eaux souterraines dues à la transformation des «espaces verts». Dans un grand nombre de collectivités suburbaines des pays industriels, le déplacement du commerce de détail et des bureaux dans de grands centres commerciaux est une menace pour la viabilité à la fois des centres-villes et des espaces libres des banlieues. En Asie et en Afrique, les problèmes sont différents: la croissance considérable et anarchique des zones urbaines s’est accompagnée d’une séparation géographique des classes sociales beaucoup plus prononcée. Mais, au Nord comme au Sud, certaines villes sont devenues des dépotoirs pour les pauvres et les démunis, à mesure que les centres commerciaux et les complexes de bureaux — et, avec eux, les classes les plus favorisées — abandonnaient le centre des villes. Celles-ci n’offrent plus ni les perspectives d’avenir professionnel ni les possibilités de consommation qui vont de pair, et le milieu urbain n’a donc cessé de se dégrader. Le débat sur l’aménagement des quartiers, le mode de vie, les activités commerciales et les possibilités d’emploi dans les villes a été relancé grâce aux efforts que déploient les organisations de défense de l’environnement.

La multiplication des bureaux pose aussi la question de l’utilisation excessive de papier. Cette dernière contribue en effet à la diminution des ressources (l’abattage des forêts pour la production de pâte à papier) et pose un problème en raison des déchets qu’il faut éliminer. Une campagne internationale contre le chlore a également mis l’accent sur les risques chimiques associés à la production du papier. Toutefois, le recyclage du papier a frappé l’imagination de ceux qui se préoccupent d’écologie, amenant l’industrie du papier et de la pâte à papier à augmenter la production de produits en papier recyclé et à trouver des solutions de remplacement à l’utilisation de composés chlorés. Les systèmes de courriers et de fichiers électroniques pourraient apporter une solution à long terme à cette situation.

Le problème considérable que posent les emballages superflus est aussi une préoccupation écologique majeure. Par exemple, Fresh Kills, la décharge de New York pour les ordures ménagères, la plus importante des Etats-Unis, couvre environ 1 500 hectares et reçoit près de 14 000 tonnes d’ordures par jour. A certains endroits, la couche de déchets a près de 50 m d’épaisseur et pourrait bien dépasser les 140 m d’ici à dix ans. Ces chiffres ne comprennent pas les déchets commerciaux ou industriels non toxiques. Une grande partie de ces déchets sont constitués de papier et de matières plastiques qui pourraient être recyclés. En Allemagne, les fabricants sont tenus de reprendre les emballages de leurs produits. Les entreprises sont ainsi vivement encouragées à limiter ce gaspillage dans leurs pratiques commerciales de marketing.

LES CADRES ET LES DIRIGEANTS

Nona McQuay

Le lieu de travail, en particulier dans les pays industriels, tend à devenir de plus en plus un monde d’employés. Par exemple, en 1994 aux Etats-Unis, le travail de bureau était déjà le lot de 57,9% des travailleurs, et les métiers des services occupaient 13,7% de la population active. Les cadres sont passés du quatrième au troisième rang quant au nombre de travailleurs par catégorie professionnelle (AFL-CIO, 1995). Le tableau 99.1 donne la liste des emplois de cadres telle qu’elle figure dans la Classification internationale type des professions (CITP) (BIT, 1991). Dans les syndicats et les organisations professionnelles au niveau national, leur pourcentage est passé de 24% en 1973 à 45% en 1993 (AFL-CIO, 1995). On estime que le nombre des emplois de cadres, de dirigeants et de techniciens supérieurs va progresser plus rapidement que la moyenne.

Tableau 99.1 Professions intellectuelles et scientifiques

Les cadres et les dirigeants

Spécialistes des sciences physiques, mathématiques et techniques

Physiciens, chimistes et assimilés
   Physiciens et astronomes
   Météorologues
   Chimistes
   Géologues et géophysiciens

Mathématiciens, statisticiens et assimilés
   Mathématiciens et assimilés
   Statisticiens

Spécialistes de l’informatique
   Concepteurs et analystes de systèmes informatiques
   Programmeurs
   Spécialistes de l’informatique, non classés ailleurs

Architectes, ingénieurs et assimilés
   Architectes, urbanistes et ingénieurs de la circulation routière
   Ingénieurs civils
   Ingénieurs électriciens
   Ingénieurs électroniciens et des télécommunications
   Ingénieurs mécaniciens
   Ingénieurs chimistes
   Ingénieurs des mines, ingénieurs métallurgistes et assimilés
   Cartographes et géomètres
   Architectes, ingénieurs et assimilés, non classés ailleurs

Spécialistes des sciences de la vie et de la santé

Spécialistes des sciences de la vie
   Biologistes, botanistes, zoologistes et assimilés
   Pharmacologistes, pathologistes et assimilés
   Agronomes et assimilés

Médecins et assimilés (à l’exception des cadres infirmiers)
   Médecins
   Dentistes
   Vétérinaires
   Pharmaciens
   Médecins et assimilés (à l’exception des cadres infirmiers), non classés ailleurs

Cadres infirmiers et sages-femmes
   Cadres infirmiers et sages-femmes

Spécialistes de l’enseignement

Professeurs d’université et d’établissements d’enseignement supérieur
   Professeurs d’université et d’établissements d’enseignement supérieur

Professeurs de l’enseignement secondaire
   Professeurs de l’enseignement secondaire

Instituteurs de l’enseignement primaire et préprimaire
   Instituteurs de l’enseignement primaire
   Instituteurs de l’enseignement préprimaire

Enseignants spécialisés dans l’éducation des handicapés
   Enseignants spécialisés dans l’éducation des handicapés

Autres spécialistes de l’enseignement
   Spécialistes des méthodes d’enseignement
   Inspecteurs de l’enseignement
   Autres spécialistes de l’enseignement, non classés ailleurs

Autres spécialistes des professions intellectuelles et scientifiques

Spécialistes des fonctions administratives et commerciales des entreprises
   Cadres comptables
   Spécialistes des problèmes de personnel et de développement de carrière
   Spécialistes des fonctions administratives et commerciales des entreprises, non classés ailleurs

Juristes
   Avocats
   Magistrats
   Juristes, non classés ailleurs
   Archivistes, bibliothécaires, documentalistes et assimilés
   Archivistes paléographes et conservateurs de musée
   Bibliothécaires, documentalistes et assimilés

Spécialistes des sciences sociales et humaines
   Economistes
   Sociologues, anthropologues et assimilés
   Philosophes, historiens et spécialistes des sciences politiques
   Linguistes, traducteurs et interprètes
   Psychologues
   Spécialistes du travail social

Ecrivains et artistes créateurs et exécutants
   Auteurs, journalistes et autres écrivains
   Sculpteurs, peintres et assimilés
   Compositeurs, musiciens et chanteurs
   Chorégraphes et danseurs
   Acteurs et metteurs en scènes de cinéma, de théâtre et d’autres spectacles

Membres du clergé
   Membres du clergé

Source: BIT, 1991.

L’une des caractéristiques des fonctions dévolues aux cadres et aux dirigeants est la nécessité de prendre des décisions et le fait d’être responsables du travail d’autres personnes. Certains dirigeants ou spécialistes (les ingénieurs, les cadres infirmiers ou les travailleurs sociaux, par exemple) peuvent travailler dans l’industrie et partager les mêmes risques professionnels que le personnel de production. D’autres cadres travaillent dans des bâtiments et des bureaux éloignés du centre d’activité industrielle. Ces deux groupes de travailleurs sont exposés à tous les risques associés au travail de bureau: stress professionnel, mauvaise qualité de l’air intérieur, agents chimiques et biologiques, lésions liées à des efforts répétitifs, risques d’incendie, harcèlement sexuel, violence ou agressions sur le lieu de travail. Voir également l’article «Les bureaux: aperçu général des risques» dans le présent chapitre.

Les changements démographiques

Lors d’une étude réalisée dans les années soixante-dix sur des cadres dits «performants», il n’avait pas été possible de trouver un nombre suffisant de femmes occupant des postes de responsabilités pour les inclure dans l’étude (Maddi et Kobasa, 1984). Au cours des années quatre-vingt-dix, la proportion de femmes et de membres de minorités ethniques occupant des postes de responsabilités, des postes de cadres et des emplois non traditionnels a progressé. Toutefois, le phénomène que l’on est convenu d’appeler le «syndrome du plafond de verre» cantonne la plupart des femmes aux échelons inférieurs de la hiérarchie des entreprises: aux Etats-Unis, par exemple, 2% seulement des postes de haut niveau sont occupés par des femmes.

Avec l’accès des femmes à des emplois traditionnellement dévolus aux hommes, on est en droit de se demander si cette nouvelle expérience professionnelle va se traduire, comme chez les hommes, par une augmentation des maladies coronariennes. Autrefois, les femmes semblaient moins réactives que les hommes aux sécrétions de l’hormone du stress lorsqu’elles étaient sous la pression du résultat à obtenir. Cependant, dans les études relatives aux femmes assumant des rôles non traditionnels (élèves ingénieurs, conductrices d’autobus ou avocates), une expérience de laboratoire a montré que leur sécrétion d’épinéphrine était presque aussi élevée que chez les hommes exposés à une tâche difficile, et considérablement plus forte que chez les femmes occupant un emploi de bureau traditionnel. Selon une étude de 1989 portant sur des dirigeants hommes et femmes, la charge de travail, les contraintes de temps, les délais et les responsabilités se sont révélés être les mêmes pour les deux sexes. Les femmes cadres ont signalé comme sources de stress le manque de communication au travail et la difficulté de concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales, phénomène absent chez leurs homologues masculins qui faisaient état de la plus grande satisfaction professionnelle. Les femmes à ce niveau de responsabilité ne semblaient pas bénéficier du soutien d’un réseau de relations professionnelles solides. Des études portant sur les femmes cadres et leur conjoint ont montré que la responsabilité des soins aux enfants incombait davantage aux femmes, alors que les hommes se chargeaient de tâches moins prenantes, comme l’entretien de la pelouse (Frankenhaeuser, Lundberg et Chesney, 1991).

Bien qu’aucune étude n’ait montré que le travail incite au tabagisme, on associe le stress sur le lieu de travail à une augmentation du pourcentage de fumeurs et aux difficultés du sevrage. En 1988, on a constaté que les femmes cadres fumaient davantage que leurs homologues masculins (Biener, 1988). Fumer est un moyen de faire face au stress. Par exemple, les infirmières qui fument la cigarette font état de niveaux de stress plus élevés que les infirmières qui ne fument pas. Selon l’étude sur les femmes et la santé, les salariées payées au mois faisaient plus souvent état d’un surmenage professionnel (45%) que les employées payées à l’heure (31%), et d’une plus grande difficulté à se détendre après le travail (57% contre 35%) (Tagliacozzo et Vaughn, 1982).

L’évolution de la conjoncture internationale a provoqué des restructurations politiques et sociales qui ont amené un grand nombre de personnes à quitter leur pays d’origine. L’ouverture des entreprises aux minorités a pour conséquence qu’une plus grande diversité de travailleurs accèdent aujourd’hui aux postes de direction. D’où la nécessité d’analyser les facteurs humains et d’élaborer des politiques du personnel et des programmes d’éducation à la diversité. Sur le plan ergonomique, des modifications peuvent être nécessaires pour tenir compte de morphologies différentes. Des conflits culturels sont à prévoir; par exemple, les valeurs liées à une productivité élevée ou à la gestion du temps peuvent varier d’un pays à l’autre. On se préoccupe davantage de ces différences culturelles maintenant que l’économie tend à se mondialiser (Marsella, 1994).

Les nouvelles structures de l’organisation du travail

Les méthodes participatives de gestion et de production, telles que les comités paritaires patronat-syndicat ou les programmes de recherche de la qualité, auxquelles on tend à recourir de plus en plus souvent, ont modifié les structures hiérarchiques traditionnelles de certaines entreprises. D’où les problèmes de stress nés de l’ambiguïté des rôles et des nouvelles qualifications requises que mentionnent souvent les personnes qui occupent des postes de responsabilités.

Lorsque les fonctions de gestion et de direction restent un défi pour l’individu capable de supporter le stress sans en souffrir, on parle alors d’un cadre «performant». Il s’agit de personnes auxquelles les responsabilités ne font pas peur dans tous les aspects de leur vie (famille, travail, relations humaines, etc.), qui ont le sentiment de maîtriser tout ce qui arrive dans leur existence et considèrent les défis comme une chose positive. Si des événements stressants (des compressions de personnel, par exemple) peuvent fragiliser un travailleur, cette capacité de résistance au stress joue un rôle de tampon protecteur. Durant des périodes de restructuration, par exemple, il est possible de donner aux travailleurs le sentiment de maîtriser la situation, notamment en clarifiant la répartition des tâches et la description des postes, ou en leur faisant percevoir le changement comme une source de nouvelles opportunités plutôt que comme une perte (Maddi et Kobasa, 1984).

Le changement technologique sur le lieu de travail

Le travail a évolué de telle sorte que l’on demande à présent aux cadres, non seulement des compétences intellectuelles, mais également des qualifications techniques. L’ordinateur, le télécopieur, le téléphone et les vidéoconférences, le courrier électronique, les exposés audiovisuels et autres technologies nouvelles ont modifié les fonctions de nombreux dirigeants et leur imposent, par là même, tous les risques ergonomiques associés aux machines mises à leur disposition pour les aider dans ces fonctions. On parle de technostress pour décrire l’impact de l’introduction des nouvelles technologies de l’information. En 1991, pour la première fois dans l’histoire, des entreprises américaines ont investi davantage dans le matériel informatique et de communication que dans les équipements industriels, miniers, agricoles ou du bâtiment.

L’ordinateur a des effets sur la façon dont les cadres travaillent et dont le travail est organisé aujourd’hui. Il peut notamment être la cause d’une fatigue oculaire, de maux de tête et autres troubles liés à l’utilisation des écrans de visualisation. En 1989, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a observé que les facteurs psychologiques et sociologiques sont au moins aussi importants que l’ergonomie physique dans le travail sur ordinateur. On ne prévoyait pas, par exemple, l’isolement de l’opérateur sur ordinateur ou l’augmentation du travail à distance que permettent les modems à grand débit (voir également l’article intitulé «Le télétravail» dans ce même chapitre.)

Le stress d’origine professionnelle

Le stress d’origine professionnelle est un risque bien connu que l’on associe maintenant à des manifestations physiologiques et, tout particulièrement, aux maladies cardio-vasculaires. La question du stress est largement développée dans plusieurs chapitres de la présente Encyclopédie.

Selon une étude suédoise sur les ingénieurs des télécommunications, la plupart des études sur le stress portent sur des emplois peu ou moyennement qualifiés et ne sont donc pas valables pour les postes de travail hautement spécialisés. En revanche, trois sortes d’interventions visant à diminuer le stress ont été appliquées à des cadres supérieurs avec les résultats positifs suivants: le sentiment de maîtriser son travail (présumé protéger l’intéressé lors d’un travail intellectuel difficile); la diminution de la fatigue intellectuelle; un effet durable sur les relations sociales; l’amélioration des niveaux de prolactine; la diminution des thrombocytes circulants (qui peuvent constituer un facteur de risque cardiaque); et une amélioration au niveau des indicateurs de risques cardio-vasculaires (Arnetz, 1996).

Lorsqu’on a commencé à se rendre compte des coûts humains et financiers du stress d’origine professionnelle, bon nombre d’entreprises ont pris certaines mesures pour l’atténuer et pour améliorer la santé des salariés. Ces mesures tentent d’agir sur l’individu lui-même (techniques de relaxation et programmes d’aide aux salariés); sur l’interface individu-entreprise (adéquation de la personne à son environnement, participation et autonomie); ou sur l’entreprise (structures organisationnelles, formation, sélection et placement).

La violence

Les cadres et les dirigeants sont exposés aux risques de violence et d’agression soit parce qu’ils sont sur le devant de la scène, soit parce que leurs décisions sont susceptibles de déclencher des réactions hostiles. Le plus souvent, les cas de violence et d’agression se produisent lors des échanges d’argent à la caisse des magasins ou avec des clients agités. Les lieux de travail les plus exposés quant aux risques d’homicide sont (par ordre décroissant) les taxis, les magasins de spiritueux, les stations-service, les agences de détectives, les commissariats de police et autres lieux d’administration de la justice, les magasins d’alimentation, les bijouteries, les hôtels/motels, les cafés et les restaurants. Selon des enquêtes effectuées aux Etats-Unis entre le milieu des années quatre-vingt et le milieu des années quatre-vingt-dix, l’homicide sur le lieu de travail était la première cause de décès professionnel chez les femmes, et la troisième pour l’ensemble des travailleurs (NIOSH, 1993; Stout, Jenkins et Pizatella, 1996).

Les risques liés aux voyages

En 1991, trente millions de personnes environ se sont rendues des pays industriels vers les pays en développement, dont un bon nombre pour affaires. Pour la moitié d’entre elles, il s’agissait de résidents américains ou canadiens, allant pour la plupart au Mexique. La majorité des voyageurs européens, soit 40% du total, se rendait en Afrique ou en Asie. Les risques sanitaires qui menacent les voyageurs internationaux se manifestent lors de déplacements vers des pays en développement ayant des taux élevés de maladies endémiques contre lesquelles le voyageur ne possède que peu d’anticorps protecteurs. Il en est ainsi, par exemple, du virus de l’hépatite A (VHA), dont le taux de transmission est de 3‰ pour l’ensemble des voyageurs vers les pays en développement, mais qui passe à 20‰ chez les personnes qui se rendent dans les zones rurales de ces pays sans prendre de précautions en matière d’alimentation et d’hygiène. L’hépatite A est une maladie qui se transmet par les aliments et par l’eau. Il existe un vaccin, introduit en Suisse en 1992, qui est recommandé par le Comité consultatif en matière de pratiques de vaccination (Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP)) pour les personnes qui voyagent dans des régions à forte incidence du VHA (Perry, 1996). On trouvera des informations de base et des références sur ces risques dans la présente Encyclopédie.

Les autres risques liés aux voyages sont notamment les accidents d’automobiles et autres véhicules à moteur (première cause d’accident du travail aux Etats-Unis), les troubles diurnes dus au décalage horaire, les absences prolongées hors du milieu familial, les troubles gastro-intestinaux, les accidents de transports en commun, les crimes, le terrorisme ou la violence. Des conseils à l’intention des voyageurs peuvent être obtenus auprès des organismes de contrôle sanitaire et auprès des ambassades.

Les interventions en matière de sécurité et de santé

Les mesures de nature à améliorer les conditions de travail des cadres et des dirigeants sont notamment les suivantes:

LES BUREAUX: APERÇU GÉNÉRAL DES RISQUES

Wendy Hord

Les employés de bureau sont appelés à effectuer une grande variété de tâches: répondre au téléphone; traiter avec le public; manipuler de l’argent; recevoir et distribuer le courrier; ouvrir le courrier; dactylographier et transcrire des textes; utiliser diverses machines de bureau (ordinateurs, machines à calculer, photocopieuses et autres); classer des dossiers; transporter des fournitures, des paquets et autres objets; effectuer des travaux de rédaction, d’édition, de comptabilité, de recherche, d’entretien, s’entretenir avec des personnes, etc. On trouvera au tableau 99.2 une liste des emplois de bureau les plus courants.

Tableau 99.2 Employés de type administratif

Employés de bureau

Secrétaires et opérateurs sur clavier
   Sténographes et dactylographes
   Opérateurs de traitement de texte et assimilés
   Opérateurs de saisie de données
   Opérateurs sur machines à calculer
   Secrétaires

Employés des services comptables et financiers
   Teneurs de livres
   Employés de service statistique ou financier

Employés d’approvisionnement, d’ordonnancement et des transports
   Employés du service des stocks
   Employés du service d’ordonnancement de la production
   Employés du service des transports

Employés de bibliothèque, de service du courrier et assimilés
   Employés de bibliothèque et classeurs-archivistes
   Employés de service du courrier
   Codeurs, correcteurs d’épreuves et assimilés
   Ecrivains publics et assimilés

Autres employés de bureau
   Autres employés de bureau

Employés de réception, caissiers, guichetiers et assimilés

Caissiers, guichetiers et assimilés
   Caissiers et billettistes
   Guichetiers de banque et autres guichetiers
   Croupiers et assimilés
   Prêteurs sur gages et bailleurs de fonds
   Encaisseurs et assimilés

Employés de réception et d’information de la clientèle
   Employés d’agence de voyages
   Réceptionnistes et employés d’information
   Téléphonistes-standardistes

Source: BIT, 1991.

On pense souvent que les employés de bureau travaillent dans un environnement agréable et sans danger. Même si ce milieu professionnel n’est pas aussi dangereux que d’autres lieux de travail, il peut comporter toutes sortes de risques pour la sécurité et la santé, dont certains peuvent être éprouvants pour ceux qui y travaillent.

Quelques risques et problèmes de santé

Les glissades, trébuchements, chutes sont des causes fréquentes d’accident dans un bureau. Par mauvais temps (pluie, neige et gel), il y a un risque de glissade soit à l’extérieur des bâtiments, soit à l’intérieur lorsque les sols mouillés ne sont pas nettoyés rapidement. Il arrive souvent que les personnes trébuchent sur des câbles électriques ou de téléphone dans les couloirs et les passages. Les moquettes peuvent aussi provoquer des chutes lorsqu’elles sont anciennes, élimées et déformées, qu’elles ne sont pas réparées et que l’on peut s’y prendre le talon des chaussures. Les prises multiples au sol peuvent aussi faire trébucher lorsqu’elles sont fixées dans les couloirs et les passages.

Les coupures et les contusions au bureau peuvent être dues à plusieurs causes. On se coupe facilement avec du papier (dossiers, enveloppes ou arête de feuilles de papier). Les travailleurs peuvent se blesser en se cognant aux tables, portes ou tiroirs laissés ouverts qu’ils n’ont pas remarqués. Le matériel et les fournitures de bureau qui ne sont pas correctement entreposés peuvent provoquer des accidents s’ils tombent sur un employé ou s’ils sont placés en un endroit où celui-ci risque de buter dessus par inadvertance. L’équipement de bureau peut aussi être à l’origine de coupures, notamment les coupe-papier ou les angles aigus des tiroirs, des placards et des tables.

Les dangers d’origine électrique proviennent des câbles électriques placés en travers de couloirs ou de passages, où ils peuvent être endommagés. On constate souvent un mauvais usage des rallonges, par exemple lorsque ces câbles sont utilisés à la place d’installations fixes (permanentes), que trop d’appareils y sont branchés (d’où un risque de surcharge électrique) ou qu’ils n’ont pas la bonne taille (rallonges fines reliées à des câbles à haute tension). Dans de nombreux bureaux, on utilise des adaptateurs ou «fausses» prises pour connecter des appareils qui doivent être mis à la terre (prise tripolaire) à une prise bipolaire sans cette prise à la terre. Ce type de connexion électrique est dangereux. Parfois, la fiche de terre est même sciée pour permettre de connecter une prise bipolaire.

Le stress est un problème de santé psychosocial non négligeable dans bien des bureaux. De nombreux facteurs sont source de stress, notamment en raison du bruit par excès de personnel ou d’équipement dans les locaux, de mauvaises relations avec les supérieurs ou les collègues, d’une surcharge de travail ou d’un manque d’autonomie dans le travail.

Les troubles du système musculo-squelettique et les lésions des tissus mous comme la tendinite proviennent en général d’un mobilier et d’un matériel de bureau mal adaptés à la morphologie de la personne. Des tendinites peuvent apparaître à la suite de mouvements répétés de certaines parties du corps, tels que des problèmes aux doigts lorsque l’employé doit écrire constamment, ou classer et retirer des dossiers d’armoires trop pleines. Nombreux sont les employés de bureau qui souffrent de lésions liées à des efforts répétitifs: syndrome du canal carpien, syndrome de la traversée thoracobrachiale ou atteinte du nerf cubital faute d’un équipement adapté et de pauses suffisantes lors de la saisie sur clavier ou d’autres activités répétitives. Un mobilier et des équipements mal conçus peuvent aussi imposer de mauvaises postures et une compression des nerfs des membres inférieurs, puisque beaucoup d’employés de bureau doivent rester en position assise pendant de longues heures; ces différents facteurs sont à l’origine de problèmes lombaires et des membres inférieurs, tout comme une station debout prolongée.

De longues heures passées devant l’écran d’un ordinateur et sous un mauvais éclairage sont source de tension oculaire . Nombreux sont les employés de bureau qui voient leur vue baisser, qui souffrent de maux de tête et qui ont les yeux irrités et fatigués. La brillance et le contraste de l’écran de l’ordinateur doivent être bien mis au point et des pauses fréquentes prévues pour reposer les yeux et aider à éliminer les troubles oculaires. L’éclairage de la pièce devrait être adapté à la tâche effectuée.

Les procédures d’urgence et les consignes en cas d’incendie sont indispensables dans les bureaux. Dans beaucoup d’entre eux, aucune procédure d’évacuation des travailleurs n’est prévue en cas d’incendie ou de tout autre danger. Ces procédures, ou plans d’évacuation, devraient faire l’objet d’instructions écrites et d’exercices d’entraînement (exercices d’alerte au feu) de façon que les employés sachent quelle attitude adopter, connaissent le chemin à suivre et puissent ainsi être évacués rapidement et en toute sécurité en cas d’incendie ou de tout autre danger. La sécurité en cas d’incendie est souvent précaire dans les bureaux à cause d’issues bloquées, du défaut de signalisation des sorties de secours, du stockage de produits chimiques ou combustibles, du mauvais fonctionnement des systèmes d’alarme ou de lutte contre l’incendie ou même du fait d’une absence totale de moyens appropriés pour avertir les travailleurs en cas de situation d’urgence.

La violence

La violence sur le lieu de travail est aujourd’hui reconnue comme un véritable risque professionnel. Comme indiqué dans l’article précédent, aux Etats-Unis, par exemple, l’homicide est la première cause de décès chez les femmes qui travaillent et la troisième pour l’ensemble des travailleurs. Les agressions non mortelles se produisent plus fréquemment qu’on ne le croit. Les employés de bureau qui sont en contact avec le public — les caissiers, par exemple — y sont plus exposés que quiconque. Il peut aussi y avoir violence entre collègues de travail, mais la plupart du temps elle vient de l’extérieur. Les fonctionnaires y sont particulièrement exposés dans la mesure où ils sont chargés d’appliquer des lois et des règlements qui suscitent chez de nombreux citoyens des réactions hostiles, qu’elles soient verbales ou physiques. Aux Etats-Unis, les fonctionnaires constituent 18% de la population active, mais 30% des victimes de la violence au travail.

La sécurité des bureaux peut être améliorée en restreignant l’accès aux zones de travail, en modifiant ou en adoptant des politiques et des directives qui contribuent à éliminer les sources d’hostilité et prévoient des procédures d’urgence, et en installant un équipement de sécurité qui soit adapté à chaque cas particulier. L’article ci-après relatif à la réglementation allemande en matière de sécurité des guichets de banque illustre quelques-unes des améliorations possibles en la matière.

La qualité de l’air intérieur

La qualité de l’air intérieur est probablement la principale cause de doléances chez les employés de bureau en matière de sécurité et de santé. Une mauvaise qualité de l’air influe considérablement sur la productivité, l’absentéisme et le moral des employés et elle figure parmi les cinq principaux problèmes de santé publique cités par l’Agence américaine de protection de l’environnement (US Environmental Protection Agency (EPA)) pour les années quatre-vingt-dix. La mauvaise qualité de l’air a de nombreuses origines: bâtiments fermés ou hermétiques sans apport suffisant d’air extérieur, surpopulation des bureaux, mauvais entretien des systèmes de ventilation, présence de substances chimiques telles que produits antiparasitaires et de nettoyage, dégâts des eaux et prolifération de moisissures, installation de boxes et de cloisons qui bloquent l’arrivée d’air frais vers les zones de travail, humidité trop forte ou trop faible, saleté due à un mauvais entretien des locaux.

Le tableau 99.3 donne la liste des polluants atmosphériques courants dans de nombreux bureaux. Les machines de bureau constituent aussi une source de polluants de l’air intérieur. Il est regrettable de constater que les émissions de polluants provenant des appareils de bureau sont rarement prises en compte au stade de la conception du système de ventilation de la plupart des bureaux.

Tableau 99.3 Polluants atmosphériques pouvant se trouver à l'intérieur des
immeubles de bureaux

Polluant

Sources

Effets sur la santé

Alcool méthylique

Machines de reproduction à l’alcool

Irritation de l’appareil respiratoire, des yeux et de la peau

Amiante

Produits d’isolation, plâtre à reboucher, produits ignifuges, planchers et dalles de plafonds

Fibrose pulmonaire (poumon), cancer

Ammoniac

Machines héliographiques, solutions de nettoyage

Irritation de l’appareil respiratoire, des yeux et de la peau

Composés organiques volatils (COV)

Photocopieuses et autres machines de bureau, moquettes, nouvelles matières plastiques

Irritation de l’appareil respiratoire et des yeux, réactions allergiques

Dioxyde de carbone

Air exhalé par l’être humain, combustion

Maux de tête, nausées, vertiges

Formaldéhyde

Isolation en mousse urée-formaldéhyde et résine urée-formaldéhyde utilisées comme adhésif dans les panneaux en bois laminé comme l’aggloméré ou le contreplaqué; fumée de tabac

Irritation de l’appareil respiratoire, des yeux et de la peau, nausées, maux de tête, fatigue, possibilité de cancer

Fréons

Fuites de systèmes de climatisation

Irritation de l’appareil respiratoire; à forte concentration, arythmie cardiaque

Fumée de tabac (exposition passive aux particules, au monoxyde de carbone, au formaldéhyde, au goudron et à la nicotine)

Cigarettes, pipes, cigares

Irritation de l’appareil respiratoire et des yeux; peut entraîner des maladies associées aux fumeurs

Gaz d’échappement des véhicules à moteur (monoxyde de carbone, oxydes d’azote, particules de plomb, oxydes de soufre)

Garages souterrains, circulation

Irritation de l’appareil respiratoire et des yeux, maux de tête (voir monoxyde de carbone), altérations génétiques

Gaz stérilisants (tels que oxyde d’éthylène)

Dispositifs de stérilisation des systèmes d’humidification et de climatisation

Selon les composants chimiques: irritation de l’appareil respiratoire et des yeux, altérations génétiques, cancer

Micro-organismes (virus, bactéries, moisissures)

Systèmes d’humidification et de climatisation, condenseurs à évaporation, colonnes de refroidissement, papiers piqués, vieux livres, papier journal humide

Infections respiratoires, réactions allergiques

Monoxyde de carbone

Gaz d’échappement des véhicules à moteur, fumée de tabac, combustion

Maux de tête, faiblesses, vertiges, nausées; maladie cardiaque liée à une exposition de longue durée

Oxydes d’azote

Poêles et cuisinières à gaz, combustion, gaz d’échappement des véhicules à moteur, fumée de tabac

Irritation de l’appareil respiratoire et des yeux

Ozone

Photocopieuses et autres machines électriques

Irritation de l’appareil respiratoire et des yeux, maux de tête, altérations génétiques

PCB (biphényles polychlorés), dioxine, dibenzofurane

Transformateurs électriques, anciennes lampes ballast fluorescentes

Altérations du sperme et du fœtus, éruptions cutanées, lésions hépatiques et rénales, cancer

Produits antiparasitaires

Vaporisation de plantes et des locaux

Selon les composants chimiques: lésion hépatique, cancer, atteinte neurologique, irritation cutanée, de l’appareil respiratoire et des yeux

Radon et produits de filiation

Matériaux de construction tels que le béton et les graviers; sous-sols

Altérations génétiques, cancer, lésion fœtale et du sperme, etc., dus aux rayonnements ionisants

Solvants (chlorure de méthylène, 1,1,1-trichloroéthane, perchloroéthylène, hexane, heptane, alcool éthylique, glycoléthers, xylène, etc.)

Nettoyants et liquides de correction pour machines à écrire, sprays adhésifs, mastic au caoutchouc, encre des tampons encreurs, feutres marqueurs, encres et nettoyants pour presse d’imprimerie

Selon le solvant: irritation cutanée, des yeux et de l’appareil respiratoire; maux de tête, vertiges, nausées; lésions hépatiques et rénales

Vapeurs et poussières de peinture (organiques, plomb, mercure)

Surfaces fraîchement peintes, peinture ancienne, craquelée

Irritation de l’appareil respiratoire et des yeux; à des niveaux d’exposition élevés, lésions neurologiques, rénales et de la moelle osseuse

Source: Stellman et Henifin, 1983.

La mauvaise qualité de l’air intérieur est l’une des causes de l’augmentation du nombre de cas d’asthme et d’autres troubles respiratoires, de sensibilité aux produits chimiques et d’allergies d’origine professionnelle. La sécheresse ou l’irritation de la peau et des yeux font aussi partie des plaintes que l’on peut attribuer à une mauvaise qualité de l’air intérieur. Des mesures doivent être prises pour étudier ces problèmes et y remédier, conformément aux normes et recommandations déjà formulées en la matière.

Les dermites (allergiques ou irritantes) peuvent être provoquées par plusieurs des polluants cités dans le tableau 99.3. Ainsi, les solvants, les résidus de produits antiparasitaires, les encres, les papiers enduits, les rubans de machines à écrire, les produits de nettoyage peuvent être à l’origine des troubles cutanés. Le meilleur moyen d’y échapper est d’en identifier la cause et de remplacer le produit incriminé par un autre.

LA SÉCURITÉ DES GUICHETS DE BANQUE: LE CAS DE L’ALLEMAGNE

Manfred Fischer

Travailler dans une banque: plus de sécurité pour le personnel

Par quelles mesures à long terme peut-on mettre un frein à la tentation de dévaliser une banque? En Allemagne, la réglementation sur la prévention des accidents prévoit de nouvelles dispositions relatives aux guichets de banque (VBG 120), lesquelles sont de nature à limiter considérablement le risque pour les employés d’être blessés ou tués lors d’une attaque de ce genre.

Il est essentiel, tout d’abord, de bien connaître le comportement des malfaiteurs. A cette fin, la caisse mutuelle professionnelle d’assurance accident — administration (Verwaltungs-Berufsgenossenschaft (VBG)) a étudié tous les vols à main armée perpétrés depuis 1966. Ces études montrent, par exemple, que les malfaiteurs préfèrent les petites agences avec peu d’employés et qu’un tiers environ des vols à main armée se produisent juste après l’ouverture ou juste avant la fermeture de l’agence. Le but est de quitter la banque le plus rapidement possible après le vol (2 à 3 minutes) avec un butin aussi important que possible. Beaucoup de malfaiteurs s’imaginent à tort, comme bien des gens, qu’on peut dérober 100 000 deutsche Marks (DM), ou davantage, à un guichet de banque. Les sections III, «La construction et les aménagements» et IV, «Les conditions d’exploitation» de la réglementation présentent les résultats de cette étude et de plusieurs autres et proposent un certain nombre de mesures de protection qui devraient fortement décourager les voleurs en puissance. Le succès de ces mesures dépend toutefois de leur stricte application par les employés dans leur travail quotidien.

Quelles règles de base la réglementation fixe-t-elle à propos des guichets? L’article 7 pose la condition essentielle suivante: «Pour la protection de l’assuré, les billets de banque doivent être mis en sécurité de telle manière que la tentation de vol soit considérablement réduite».

Au quotidien, cela signifie que l’argent liquide devrait être conservé et traité dans les zones accessibles au public, uniquement dans des pièces séparées du public par des cloisons à l’épreuve des balles et des effractions.

L’article 32 de la réglementation fixe à 50 000 DM la somme maximale accessible autorisée, pour autant que les guichets soient équipés de vitres à l’épreuve des balles et d’autres dispositifs de protection antieffraction et que six employés au moins soient présents. On ne dépassera pas 10 000 DM si le dispositif prévu s’entend d’une protection antieffraction (mais pas à l’épreuve des balles) et si la caisse dispose de caissons-tiroirs à ouverture temporisée. Deux employés au moins devront être présents à tout moment et rester en contact visuel.

Pour minimiser autant que possible la tentation d’attaques à main armée, les sommes disponibles devraient être bien inférieures aux montants fixés dans la réglementation. L’article 25 demande en outre que des instructions de la banque fixent pour chaque agence les montants maximaux autorisés. Lorsque des sommes plus importantes sont nécessaires pour les besoins de la clientèle et autres, elles devraient être conservées dans des caissons-tiroirs à ouverture temporisée afin d’en rendre l’accès plus difficile aux malfaiteurs.

Les guichets qui ne sont pas équipés de vitres pare-balles ou antieffraction et qui ne sont pas reliés à une caisse centrale ou qui n’ont pas de distributeur automatique de billets actionné par un caissier (DAB) (Beschäftigtenbediente Banknotenautomaten (BBA)) ne devraient pas détenir de l’argent liquide.

La sécurisation des portes et des guichets

Les portes permettant au personnel d’entrer dans la zone des caisses contenant du numéraire ne doivent être ni visibles ni accessibles de l’extérieur, afin que les malfaiteurs ne puissent pas intercepter facilement les employés lorsqu’ils entrent ou sortent de cette zone. L’employé doit avoir la possibilité de s’assurer, à travers un judas, qu’il n’y a pas de danger.

Pour empêcher les malfaiteurs de pénétrer subrepticement dans les locaux, les portes doivent être équipées de système de fermeture automatique.

Pour éviter la forte tentation que représente la vue des billets de banque, les guichets derrière lesquels de l’argent est manipulé doivent être mis à l’abri des regards et de toute intrusion. D’après les statistiques, cette précaution, si elle est strictement respectée, permet de réduire considérablement le nombre des attaques à main armée perpétrées aux guichets ou par les portes réservées au personnel.

Par opposition aux portes réservées au personnel, les portes destinées à l’entrée et à la sortie du public doivent être largement visibles afin de pouvoir repérer rapidement les malfaiteurs et déclencher un signal d’alarme pour appeler des secours. Il est donc important que la vue de ces portes ne soit pas obstruée par des affiches ou par tout autre objet.

La vidéosurveillance des locaux

Pour pouvoir identifier le malfaiteur aussi rapidement que possible et disposer des preuves nécessaires devant un tribunal, la réglementation recommande l’installation d’un équipement de vidéosurveillance des locaux. Cette installation permet également de savoir si le malfaiteur a extorqué de l’argent sous la menace ce qui, en cas de poursuites pénales, aggravera les sanctions infligées. La tentation de dévaliser une banque sera moins forte si l’on sait qu’un tel système existe et permet une bonne identification des coupables.

Selon la notice relative à l’installation de ce type d’équipement (Installationshinweise für Optische Raumüberwachungsanlagen (ORÜA), SP 9.7/5 de juillet 1993), seuls les appareils photographiques sont autorisés. Les photographies sont un moyen d’identification plus sûr que les images vidéo, car elles sont plus détaillées et constituent donc une meilleure preuve. Elles ont pour inconvénient de n’être disponibles qu’une fois que l’appareil s’est déclenché. Grâce au progrès technique, le comité technique de l’administration autorise désormais les caméras vidéo. La fiche technique correspondante est en préparation. Elle prévoit que pour compenser la faible résolution des clichés vidéo, ils devront être pris sous deux angles de vue, ce qui nécessite au moins deux caméras pour identifier le malfaiteur et enregistrer l’essentiel des faits.

Une bonne installation vidéo permet d’enregistrer en continu et d’obtenir, par conséquent, la prise de vue souhaitée sans déclenchement spécial. Ce système présente en plus d’autres avantages: photographies en couleur, mise à disposition rapide des prises de vues souhaitées, transmission des photographies à la police pendant l’attaque à main armée même et possibilité de vérifier en permanence que la caméra fonctionne.

La sécurité des guichets

La réglementation préconise à ce propos d’équiper les guichets:

Par ailleurs, des distributeurs automatiques de billets actionnés par le client lui-même répondent aux dispositions de l’article 7 de la réglementation dans la mesure où ils permettent de réduire la quantité d’argent à conserver à la caisse ou dans un local adjacent.

La réglementation recommande enfin de déterminer avant la construction ou l’aménagement d’un guichet le nombre d’employés qui y seront nécessaires et la quantité d’argent qui sera à encaisser ou à remettre à la clientèle. Pour atteindre une sécurité optimale, il faut que le niveau de sécurité du guichet corresponde aux mouvements réels des fonds.

La présence des employés et le contact visuel permanent

Certaines mesures de sécurité exigent la présence d’au moins deux à six employés pouvant tous se voir les uns les autres. Il a été constaté en effet que les malfaiteurs ont une prédilection pour les petites agences où le butin peut être élevé et où les caissiers mis en joue ne peuvent pas se mettre à l’abri derrière des écrans pare-balles.

Les écrans antieffraction ne sont utiles que dans le cas où six employés sont présents et se voient en permanence dans la zone des guichets; cela veut dire qu’un effectif limité à six personnes, alors que toutes ne sont pas toujours à leur poste parce qu’elles sont soit en congé, en arrêt maladie, en train de recevoir un client, etc., n’est pas suffisant et qu’il faut, pour que cette condition soit remplie, que huit à dix employés au moins soient présents dans l’agence. On peut aussi avoir recours à un personnel d’appoint pour atteindre cet effectif.

Pour assurer la présence de deux employés et maintenir un contact visuel permanent, trois ou quatre postes de travail sont nécessaires.

Il est important que les locaux ne soient pas ouverts tant que le nombre minimal d’employés requis n’est pas en place. Lorsqu’un employé doit recevoir un client dans une pièce adjacente, ce nombre minimal d’employés aux guichets doit être maintenu.

Les parois de sécurité

Les petites agences

Les petites agences sont celles où il n’est pas possible de garantir la présence d’au moins deux employés en contact visuel dans la zone des guichets. Dans ce cas, un écran à l’épreuve des balles, ainsi que des parois antieffraction constituent une protection suffisante en cas d’attaque, car l’employé n’a pas besoin de quitter la zone ainsi protégée. Pour faciliter la communication, les clients sont reçus dans une zone protégée par une paroi antieffraction. L’écran pare-balles, derrière lequel l’argent liquide doit être conservé, devrait être placé de telle sorte que l’on ne puisse braquer une arme sur les employés à partir de la zone clients. Les transactions se font à travers un passe-billets ou un tiroir coulissant. Comme l’employé doit pénétrer dans la zone à l’épreuve des balles en cas d’attaque, sa sécurité est par là même assurée. L’employé ne devrait en aucun cas quitter cette zone, même lorsqu’il remet l’argent au malfaiteur.

Une paroi complète à l’épreuve des balles est une solution pour les agences de une à trois personnes aux guichets. Elle dresse une protection physique contre l’attaque à main armée classique, puisque l’ensemble des employés est ainsi séparé du malfaiteur et à l’abri des balles. Elle a l’inconvénient cependant de sacrifier la qualité de la communication avec les clients au profit de la sécurité. Une telle solution n’est donc à retenir que pour les petites agences.

Les grandes agences

Le box de caisse est une forme de sécurité où seul le poste de travail du caissier est séparé de la zone clients. Cette solution n’a de sens que dans le cas où le caissier est pleinement occupé par ses fonctions à l’intérieur du box et qu’il n’a pas besoin d’en sortir.

Avant d’installer un box de ce genre, il y a lieu de déterminer si le caissier passe toute sa journée de travail à manipuler des espèces. Dans les petites agences de deux à quatre employés, ce n’est pas souvent le cas. Si le caissier doit effectuer d’autres tâches à l’extérieur du box, les conditions de sécurité de la réglementation, selon lesquelles le caissier est censé rester constamment séparé des clients pour demeurer à l’abri d’une attaque physique ne sont pas remplies. Dans la pratique, on constate que la plupart du temps, pendant que le caissier exécute une tâche à l’extérieur du box, la porte est maintenue ouverte à l’aide d’une cale ou la clé est laissée dans la serrure. La sécurité de la caisse n’est donc pas assurée pour le plus grand profit des malfaiteurs potentiels.

Le box de caisse à l’épreuve des balles est une gêne pour la communication entre le caissier et la clientèle. Mais, comme les discussions prolongées se déroulent ailleurs, cela ne constitue pas un inconvénient majeur. Plus graves, en revanche, sont les problèmes d’aération et de climatisation dans ces petits boxes.

En ce qui concerne les parois électriques, il s’agit d’un rideau d’acier inséré dans le comptoir qui se relève en quelques secondes en cas de danger grâce à plusieurs boutons de commande. Une paroi à l’épreuve des balles est ainsi créée, derrière laquelle les employés se trouvent aussitôt en sécurité. Pour qu’un malfaiteur ne puisse pénétrer subrepticement dans la zone, il importe que cette paroi soit activée dès qu’il n’y a pas d’employé dans la zone des coffres ou dès qu’une opération oblige l’employé à s’éloigner du comptoir. Pour éviter l’activation constante de la paroi, ce type de protection n’est à prévoir que pour les caisses occupant deux à quatre personnes.

Le poste de travail des caissiers peut également être isolé par des vitrages à l’épreuve des balles soit sous forme de parois complètes pour l’ensemble des employés, soit seulement pour les caisses. Ce type de protection nécessite toutefois la présence constante de six employés au moins en contact visuel permanent dans le hall principal.

On peut aussi utiliser des parois complètes et des boxes de caisse à l’épreuve des balles lorsque deux employés au moins sont en contact visuel et que le montant de l’argent liquide ne dépasse pas 10 000 DM. L’argent doit être conservé dans un caisson-tiroir à ouverture temporisée de façon que le caissier n’ait pas à quitter constamment la zone protégée pour se réapprovisionner. Les malfaiteurs évitent les caisses où ils savent ne pouvoir trouver que de petites sommes ou avoir à attendre longtemps pour obtenir l’argent. Dans ce cas, il est important pour la protection des employés qu’une note soit affichée à l’entrée et à l’intérieur de la zone de la caisse signalant l’existence d’un caisson-tiroir à ouverture temporisée, afin de faire comprendre immédiatement au malfaiteur potentiel que l’employé n’a aucun contrôle sur sa caisse et que celle-ci ne peut lui offrir qu’un faible butin.

Pas d’argent liquide dans le hall principal

Il est possible d’assurer la sécurité des employés sans avoir à dresser une paroi entre eux et la zone clients, mais à condition que les caissiers n’aient que très peu d’argent liquide à disposition. L’argent encaissé doit être immédiatement mis à l’abri dans une caisse située dans une zone interdite au public. Les employés reçoivent les sommes dont ils ont besoin grâce à un système d’approvisionnement par tubes pneumatiques dans le hall principal et l’argent qu’ils encaissent est renvoyé de la même manière. Il n’y a pas, dans ce cas, de prescription relative au nombre minimal d’employés présents dans le hall principal. Ce type de sécurité implique sans doute une attente plus longue pour les clients, mais présente l’avantage, en cas d’attaque à main armée, que les malfaiteurs n’ont pratiquement aucune chance d’obtenir le moindre butin.

L’installation de distributeurs automatiques de billets actionnés par un caissier est un autre moyen d’effectuer les paiements en espèces sans que ceux-ci soient accessibles dans le hall principal. Ces distributeurs, désignés par la banque sous le nom de trésor automatique d’argent au guichet (Automatischer Kassentresor (AKT)), contiennent de quatre à six compartiments à billets dans un caisson-tiroir à ouverture temporisée. Pour les paiements, la somme désirée est tapée sur un clavier, qui permet également de déclencher une alarme en cas de danger. L’employé ne reçoit l’argent qu’au bout d’un certain délai dont la durée dépend du montant demandé; cette durée est fixée à l’article 32 de la réglementation relative aux guichets. Les délais sont établis de telle sorte qu’ils permettent d’assurer un service de bonne qualité, mais qu’ils amènent le malfaiteur à redouter d’avoir à attendre plus longtemps pour obtenir une somme importante. Les dépôts doivent eux aussi être mis à l’abri dans des caissons-tiroirs à ouverture temporisée ou à double serrure.

Deux employés au moins en contact visuel doivent être présents en permanence sur le lieu d’exploitation d’un trésor automatique; c’est pourquoi ce type de protection n’est indiqué que dans le cas des agences disposant de trois ou quatre employés. Les entretiens ont lieu dans une salle de réunion à condition que, pendant ce temps, deux employés au moins restent présents dans la zone clients.

En cas d’incident technique avec un trésor automatique, il convient de préparer des instructions et des mesures appropriées. Celles-ci devraient prévoir l’accès à une caisse d’urgence et des procédures garantissant le respect des dispositions de la réglementation concernant les guichets.

Les directives et les instructions internes

L’employeur est tenu d’élaborer des directives internes pour chaque guichet et d’en contrôler régulièrement l’application. Ces directives devraient décrire brièvement comment peut se dérouler une attaque à main armée et indiquer ce qu’il y a lieu de faire pendant et après. Par ailleurs, des instructions quotidiennes devraient être données et des responsables de l’équipement de sécurité devraient être désignés. Cette disposition est d’autant plus importante que de grandes quantités d’argent liquide sont manipulées dans l’établissement. Ces instructions devraient aussi prescrire les moyens de protéger d’autres valeurs. Les employés travaillant aux guichets devraient recevoir une formation sur ce règlement interne au moins deux fois par an.

Le but poursuivi est clair: veiller à ce que les employés respectent les exigences de la réglementation pour assurer leur propre protection et pour dissuader autant que possible quiconque serait tenté de s’attaquer à un guichet.

LE TÉLÉTRAVAIL

Jamie Tessler

Le télétravail — ou le travail à distance — est en progression dans les entreprises du monde entier. Cet article porte sur les risques professionnels que présente le télétravail (du grec tele, qui signifie «à distance») pour la sécurité et la santé. La responsabilité de l’employeur en la matière peut être différente selon le contrat ou l’accord qu’il a conclu avec le travailleur à distance et selon la législation du travail en vigueur.

Si c’est aux Etats-Unis que le télétravail est le plus répandu, avec plus de huit millions de travailleurs, soit 6,5% de la population active, les autres pays comptent également des nombres importants de travailleurs à distance. Ces derniers sont plus de 560 000 au Royaume Uni, 150 000 en Allemagne et 100 000 en Espagne et plus de 32 000 en Irlande, soit 3,8% de la population active (BIT, 1997).

Le succès croissant des diverses modalités du travail à distance peut s’expliquer par les facteurs suivants:

L’amélioration de la productivité est aussi une explication. Plusieurs études ont montré en effet que le télétravail peut être une source de gains de productivité importants (BIT, 1990).

Le contrat de télétravail peut être établi selon diverses modalités:

Les risques du télétravail pour la sécurité et la santé

Le travail à distance (exécuté ici au domicile de l’intéressé) présente les mêmes risques que ceux d’un bureau conventionnel, mais s’y ajoutent plusieurs autres sujets de préoccupation.

La qualité de l’air intérieur

La plupart des logements ne sont pas équipés de systèmes de ventilation mécanique. Le renouvellement de l’air à l’intérieur des pièces dépend essentiellement de la ventilation naturelle. L’efficacité de cette ventilation peut dépendre elle-même de divers facteurs tels que le type d’isolation du bâtiment. L’apport d’air frais de l’extérieur n’est pas toujours garanti. Si le système de ventilation naturelle n’est pas suffisant pour éliminer les sources de pollution liées au travail à domicile, il sera peut être nécessaire d’installer une ventilation complémentaire.

Parmi les sources de la pollution de l’air à l’intérieur du domicile, on peut citer:

Les dangers d’incendie

Les installations électriques domestiques sont rarement conçues pour répondre aux besoins de l’équipement électrique utilisé dans le cadre du télétravail, comme les imprimantes, les photocopieurs et autres machines de bureau. Installer cet équipement sans évaluer au préalable les limites du circuit électrique du logement peut créer un risque d’incendie. Il est possible qu’une réglementation locale de la construction interdise de procéder aux ajustements nécessaires pour adapter le domicile à ces nouveaux besoins.

Les travailleurs à domicile qui louent leur appartement peuvent vivre dans des immeubles ne disposant pas de plans d’évacuation adéquats en cas d’incendie, dont les voies d’accès aux issues de secours sont bloquées, ou dont les issues de secours sont verrouillées.

Les risques ergonomiques

Le travailleur à domicile utilise souvent ses objets personnels tels que chaises, tables, étagères, etc., pour son travail. Dans le cas de l’informatique, il n’est pas toujours possible d’adapter l’environnement domestique à un travail intensif sur ordinateur. Le manque d’espace ou de place pour installer des étagères ou entreposer des dossiers peut contraindre le travailleur à se courber de façon excessive, à adopter de mauvaises postures ou à effectuer des extensions forcées qui peuvent être la source de lésions liées à des efforts répétitifs. Le fait de travailler dans des locaux mal ou inégalement chauffés peut aussi être à l’origine de troubles musculo-squelettiques.

L’éclairage

Un éclairage inadapté peut entraîner des mauvaises postures ainsi qu’une fatigue et des troubles oculaires. Un éclairage spécifique peut s’avérer nécessaire sur les plans de travail ou les porte-copies. Les surfaces des murs et des meubles devraient être de couleur neutre et sans reflets. Dans les bureaux, on s’efforce le plus possible d’atténuer ces reflets, ce qui n’est pas toujours le cas en décoration intérieure des maisons particulières.

Le stress d’origine professionnelle

Un emploi à temps complet à domicile prive le travailleur des avantages personnels et professionnels qu’il peut tirer d’un contact quotidien avec des collègues de travail et des supérieurs. L’isolement du travail à domicile risque d’empêcher le travailleur de s’engager dans des activités propices à l’évolution de sa carrière, de profiter des possibilités de promotion ou de contribuer par ses idées à la bonne marche de l’entreprise. Certains travailleurs ont particulièrement besoin de ce contact humain et peuvent éprouver beaucoup de difficultés sur les plans tant personnel que professionnel s’ils ne l’ont pas. L’absence de services administratifs d’appui est un autre inconvénient pour les travailleurs à domicile. L’employeur devrait s’efforcer de donner la possibilité au travailleur à domicile de participer aux réunions du personnel et aux autres activités collectives soit en personne, soit par des moyens électroniques (téléconférence) dans les limites imposées par les conditions physiques et géographiques.

Les employés ayant à charge des enfants, des personnes handicapées ou des parents âgés seront souvent enclins à opter pour le travail à domicile. Mais les soins qu’ils doivent donner à ces membres de leur famille peuvent affecter la concentration dont ils ont besoin pour s’acquitter de leurs obligations professionnelles. Le stress qui en découle peut avoir un effet négatif sur le travailleur qui est incapable de donner son maximum et de répondre ainsi aux attentes de son employeur. Le travail à domicile ne saurait être considéré comme une solution au problème de la garde des enfants et des soins aux personnes âgées. La capacité qu’ont les travailleurs de concilier les exigences de leur travail et celles de leur foyer varie considérablement d’un travailleur à l’autre. La nécessité de faire appel à des services d’assistance est à étudier au cas par cas afin d’éviter un stress professionnel excessif et une baisse de la productivité. Aucun travailleur ne saurait être contraint d’accepter de travailler à domicile s’il ne le souhaite pas.

La réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles

Les maladies professionnelles surviennent souvent après accumulation de longues périodes d’exposition. La prévention de ces maladies dépend de l’identification rapide des facteurs de risque, des moyens dont on dispose pour résoudre les problèmes par diverses méthodes et de la possibilité d’une prise en charge médicale du travailleur dès l’apparition des premiers signes ou symptômes de maladie.

Jusqu’à présent, la responsabilité de l’employeur pour des accidents et lésions survenus au domicile a été évaluée sur une base individuelle. La plupart des réglementations nationales en matière de sécurité et de santé au travail ne contiennent aucune disposition formelle sur la sécurité des travailleurs à domicile. Cet état de choses a de graves conséquences qui doivent faire l’objet d’un examen approfondi en vue de l’élaboration de normes internationales en la matière.

Lorsque l’accord de travail à domicile fait de l’employé un entrepreneur indépendant, ce statut lui impose aussitôt toute une série de charges nouvelles. Son domicile devenant son lieu de travail, l’employeur n’est plus tenu de lui assurer un cadre de travail sain et sans danger, ni de lui garantir l’accès, ainsi qu’à sa famille, à des soins médicaux préventifs et curatifs, à la sécurité sociale, à l’assurance invalidité et aux mesures de réadaptation en cas d’accident du travail. C’est dire qu’il est mis fin de la sorte à des prestations et à des mesures de protection des travailleurs acquises au prix de longues années de lutte et de négociation.

La protection du travailleur à domicile

Le contrat conclu entre le travailleur à domicile et l’employeur doit porter sur tous les aspects du cadre de travail, sur les normes en matière de sécurité et de santé, sur la formation et sur l’équipement. Les employeurs devraient être tenus d’inspecter à des dates fixées, en accord avec l’employé, l’espace du domicile destiné à un usage professionnel pour assurer la sécurité du travailleur et identifier et corriger les facteurs de risque susceptibles de provoquer une maladie ou un accident. Cette inspection devrait comprendre une évaluation de la qualité de l’air intérieur, des contraintes ergonomiques et des risques liés aux déplacements, à l’éclairage, à l’exposition aux produits chimiques et autres. Des dispositions très précises doivent être arrêtées en ce qui concerne la fourniture du matériel de bureau nécessaire pour l’exécution des tâches et la répartition des responsabilités clairement définies pour la perte ou les dommages concernant les biens de l’employeur ou du travailleur en cas d’incendie, de catastrophe naturelle ou de vol. Les employés ne doivent assumer aucune obligation financière, sauf en cas de négligence avérée.

De plus, les accords concernant le travail à domicile devraient être revus périodiquement afin d’identifier les travailleurs qui se rendent compte que le travail à domicile n’est pas fait pour eux.

Conclusion

Le travail à domicile présente beaucoup d’avantages et il est à encourager pour certains types de tâches et pour certains travailleurs expérimentés qui ont beaucoup à gagner à travailler chez eux. Le travail à domicile a permis aux travailleurs handicapés d’acquérir une certaine indépendance et leur a ouvert des possibilités d’emploi auxquelles ils ne pouvaient prétendre auparavant. Les employeurs, quant à eux, ont ainsi la possibilité de conserver des travailleurs valables. Il importe toutefois que les contrats de travail à domicile continuent à garantir à l’employé le maintien des prestations sociales et de la protection en matière de sécurité et de santé au travail.

LE SECTEUR DE LA VENTE DE DÉTAIL

Adrienne Markowitz

Le commerce de détail consiste à vendre des biens à des consommateurs, et cela dans tous les domaines, qu’il s’agisse d’automobiles, de vêtements, de produits alimentaires, de téléviseurs, etc. Dans un grand nombre de pays, cette branche d’activité autrefois essentiellement composée de petites boutiques et de petits magasins consiste à présent en de vastes conglomérats multinationaux possédant d’énormes complexes commerciaux qui se disputent le marché mondial. Concurrence et mutations technologiques ont modifié les profils des emplois, les risques associés à ces emplois et la nature de la population active.

Dans les pays développés, les petits commerçants luttent pour concurrencer les grands distributeurs. Aux Etats-Unis, au Canada et à travers l’Union européenne et la région du Pacifique, le commerce de détail a quitté le centre des villes pour s’installer dans des centres commerciaux situés à la périphérie. A la place des magasins de proximité traditionnels, les chaînes multinationales de grands magasins vendent les mêmes produits et les mêmes marques, éliminant ainsi la concurrence du marché grâce à leur pouvoir d’achat, leurs budgets de publicité et leurs prix beaucoup plus bas, limitant du même coup le choix du consommateur. Il est fréquent qu’un grand magasin vende certains produits à perte simplement pour attirer les clients; cette technique dope souvent la vente d’autres produits.

Dans les pays en développement aux économies à prédominance agraire, le troc et les marchés en plein air sont encore pratique courante. Toutefois, dans nombre de ces pays, les multinationales de la distribution commencent à pénétrer le marché du commerce de détail.

Chaque type d’établissement comporte ses propres risques. Le commerce de détail dans les pays en développement et dans les pays en transition est souvent très différent de ce qu’il est dans les pays développés; les sociétés de distribution possédant des chaînes de grands magasins n’y occupent pas encore une position dominante et le commerce de détail s’y déroule essentiellement en plein air, par tous les temps.

Les conglomérats multinationaux semblent vouloir modifier les conditions d’emploi de leur personnel: la syndicalisation est mal vue, les effectifs sont réduits au strict minimum, les salaires baissent, la préférence est donnée au travail à temps partiel, l’âge moyen du personnel diminue et les prestations sociales régressent.

Partout dans le monde, les heures d’ouverture des magasins ont changé et certains établissements restent même ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Autrefois, lorsqu’il travaillait tard le soir ou un jour férié, le travailleur recevait une gratification complémentaire; aujourd’hui, la prime versée pour les heures supplémentaires a été supprimée, car ces heures supplémentaires deviennent la norme. Aux Etats-Unis, par exemple, les congés traditionnels sont devenus négociables lorsque le magasin reste ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.

Le changement dans la nature même de la gestion des affaires a entraîné plusieurs transformations fondamentales sur le marché de l’emploi. Le passage au travail à temps partiel a eu pour effet de précariser de nombreux emplois qui ne requièrent plus guère de qualifications et les personnes qui les occupent ne reçoivent aucune formation. Les travailleurs qui espéraient faire une carrière dans la vente se voient contraints de changer souvent d’emploi ou même de quitter le secteur du commerce de détail devenu à présent le royaume de l’engagement pour des périodes de courte durée et à temps partiel.

Il est difficile d’estimer l’importance de la population active dans la branche du commerce de détail. Le secteur informel y joue un rôle considérable dans les pays en développement (voir encadré). Bien souvent, les problèmes de sécurité et de santé passent inaperçus, ils ne sont pas enregistrés par le gouvernement et ils sont perçus comme inhérents au poste.

Les marchés en plein air

Le secteur informel représente de 20 à 70% de la population active urbaine dans les pays en développement (la moyenne étant de 40%); les commerçants et les vendeurs sur les marchés en plein air constituent une part significative de ce secteur. Ce type de travail, précaire par nature, est synonyme de longues heures de travail et de bas salaire. Le salaire moyen atteint rarement 40% de celui du secteur structuré. Non seulement un grand nombre de travailleurs sur les marchés ne disposent pas d’emplacement permanent pour exercer leur activité, mais ils sont contraints de travailler sans aucune structure d’appui. Ils ne bénéficient pas de la même protection légale ni de la même assurance sociale que les travailleurs du secteur structuré et ils font souvent l’objet de toutes sortes de tracasseries. Les maladies et les décès liés à l’exercice de la profession ne sont généralement pas déclarés (Bequele, 1986).

Les figures 99.1 et 99.2 montrent que les personnes qui travaillent sur les marchés, dans les pays développés comme dans ceux en développement, sont exposées à de nombreux risques sur le plan de la sécurité et de la santé. Elles respirent les gaz d’échappement des véhicules à moteur, qui contiennent du monoxyde de carbone et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Elles subissent également les rigueurs du climat: très fortes chaleurs et risque de déshydratation dans les régions tropicales et désertiques. Dans les régions tempérées, elles sont exposées à des températures proches de 0 °C, qui peuvent causer engourdissement, frissons et engelures. Il n’est pas rare que ces personnes n’aient accès à aucune installation sanitaire convenable.

Figure 99.1 Marché en plein air à Malatia, îles Salomon, 1995

Figure 99.1

Figure 99.2 Petit propriétaire-exploitant: femme en train de décharger de
lourds paniers d'oursins, Japon 1989

Figure 99.2

Le travail des enfants est courant dans le secteur informel en général et sur les marchés en plein air en particulier. Environ 250 millions d’enfants travaillent à temps complet ou à temps partiel dans le monde (BIT, 1996); les plus facilement repérables sont les enfants vendeurs de rue. Tous ces enfants, et notamment les petits vendeurs de rue, n’ont le plus souvent aucun accès à l’éducation et sont contraints à des tâches comme le port de lourdes charges qui risquent de leur causer des incapacités permanentes.

John G. Rodwan, Jr.

Dans bon nombre de pays qui établissent des statistiques, les travailleurs des secteurs du commerce de détail, du commerce de gros, de l’hôtellerie et de la restauration sont regroupés en une seule catégorie. Les statistiques mondiales révèlent que le pourcentage de personnes travaillant dans ces secteurs va de 20% dans certains pays d’Asie à moins de 3% au Burkina Faso (voir tableau 99.4). Bien que la population active compte plus d’hommes que de femmes, le pourcentage de femmes dans le commerce de détail est plus élevé dans au moins la moitié des pays pour lesquels on dispose de statistiques.

Tableau 99.4 Statistiques de l'emploi dans le commerce de détail (certains pays)

Pays

Hommes dans la population active (%)

Hommes dans les secteurs du commerce de gros et de détail; hôtellerie et restauration (%)

Femmes dans la population active (%)

Femmes dans les secteurs du commerce de gros et de détail; hôtellerie et restauration (%)

Population totale dans les secteurs du commerce de gros et de détail; hôtellerie et restauration (%)

Nombre total de personnes accidentées

Personnes accidentées dans le commerce de détail (%)

Allemagne

52,3

4,5

47,7

7,0

11,5

29 847

20,11

Burkina Faso

51,3

1,0

48,7

1,5

2,6

1 858

8,72

Costa Rica

69,9

11,0

30,1

7,4

18,4

156 782

7,03

Egypte

75,9

7,3

24,1

1,2

8,4

60 859

2,53

Etats-Unis

54

11,1

46,0

10,0

21

295 340

23,64

Grèce

63,0

10,9

37,0

7,0

17,0

23 959

10,55

Italie

63,1

11,7

36,9

6,9

8,6

767 070

8,16

Japon

59,5

11,0

40,5

10,9

21,9

2 245

9,7

Mexique

69,1

10,8

30,9

9,6

20,5

456 843

16,97

Norvège

54,5

7,9

45,5

8,9

16,7

26 473

5,0

Pays-Bas

58,9

9,1

41,1

8,0

17,1

64 657

16,5

Royaume-Uni

56,2

8,3

43,8

9,5

17,8

157 947

11,08

Singapour

59,8

13,2

40,2

9,0

22,0

4 019

0,29

Suède

52,0

6,8

48,0

6,5

13,3

43 459

6,6

Thaïlande

55,5

5,8

49,5

6,8

12,6

103 296

3,110

1 Se rapporte au territoire de la République fédérale d’Allemagne avant 1990; y compris les accidents de trajet.2 Y compris les accidents de trajet; y compris les maladies professionnelles.3 Y compris les accidents de trajet; établissements occupant au moins 100 salariés.4 Y compris les maladies professionnelles.5 Y compris les maladies professionnelles; y compris les cas non mortels sans journées perdues.6 Y compris les accidents de trajet; arrêts de travail de plus de 3 jours par période d’incapacité.7 Y compris les cas non mortels sans journées de travail perdues.8 Salariés seulement; sans les accidents de la route; année commençant au mois d’avril 1993.9 Y compris les accidents de trajet; y compris les maladies professionnelles; y compris les cas non mortels sans journées de travail perdues.10 Y compris les accidents de trajet.

Sources: relevés par pays: Costa Rica, 1994; Grèce, 1992, 1994; Mexique, 1992, 1996; Singapour 1994, 1995; Thaïlande, 1994, 1995; Euro-FIET Commerce Trade Section, 1996; BIT, 1994, 1995; Price Waterhouse, 1991.

Les activités, les dangers et leur prévention

Les caissières

De nombreuses caissières travaillent avec des caisses mécanisées sur lesquelles elles doivent taper des milliers de fois par jour le prix de l’article en appuyant sur une touche. Elles tapent généralement avec la main droite tout en faisant passer de la main gauche les produits de l’avant de la caisse vers l’arrière où se trouvent les sacs d’emballage. Ce travail s’effectue souvent à des postes de travail mal conçus, ce qui oblige les caissières à soulever des produits lourds, à étendre le bras pour atteindre les produits et à tourner fréquemment le corps afin de déplacer les articles d’un endroit à un autre. Ces mouvements provoquent des tensions de chaque côté du corps, causant des lombalgies, des affections des membres supérieurs et des lésions liées à des efforts répétitifs: tendinite, syndrome du canal carpien, ténosynovite, syndrome de la traversée thoracobrachiale, ainsi que des problèmes aux hanches, aux jambes et aux pieds.

Des postes de travail bien conçus, équipés de scanners automatiques, de tapis roulants, des postes d’emballage surbaissés, du personnel supplémentaire pour emballer les produits et des sièges réglables (de façon que les caissières puissent s’asseoir pour atténuer les compressions des lombaires et des membres inférieurs) permettent d’éliminer les compressions sur les membres supérieurs, les tensions et les mouvements de rotation.

Les lasers

Les lecteurs de codes-barres et les scanners manuels utilisés dans les supermarchés sont généralement des lasers de catégorie 2, qui produisent un rayonnement infrarouge de 760 à 1 400 nm de longueur d’onde; ils sont considérés comme sans danger sous réserve de ne pas fixer le faisceau laser. Un laser produit une lumière de forte intensité qui peut endommager la rétine. Les yeux sont vulnérables à la chaleur, ils ne possèdent pas de capteurs de chaleur et ils ne dissipent pas efficacement la chaleur. Les pratiques de sécurité à recommander doivent comprendre, au minimum, la formation concernant les dangers que comporte le fait de regarder le faisceau de lumière et les dommages que cela peut provoquer. Tout programme de protection des travailleurs devrait comprendre un examen oculaire de base afin de s’assurer qu’aucun dommage n’a été subi.

Les manutentionnaires

Les manutentionnaires déplacent d’importantes quantités de marchandises des camions sur le quai de chargement, puis vers les rayons de vente du magasin. Les produits arrivent emballés dans des cartons de poids différents. La décharge manuelle des camions et le déplacement des cartons vers l’avant du magasin peuvent entraîner des troubles du système musculo-squelettique. Coller les étiquettes de prix et placer les articles sur les rayons implique de gros efforts pour le dos, les jambes et le cou. L’utilisation d’une étiqueteuse à main peut provoquer un syndrome du canal carpien ou d’autres troubles traumatiques cumulatifs en imprimant une pression excessive et répétée sur le poignet, les doigts et la paume. L’ouverture des cartons à l’aide d’un couteau ou d’une lame peut être à l’origine de coupures à la main, aux bras ou à d’autres parties du corps. Si le couteau est mal aiguisé, il faut exercer sur le carton une pression accrue, ce qui impose une tension supplémentaire sur la paume.

Les appareils de levage, tels que les chariots élévateurs, les tire-palettes manuels et les diables permettent de déplacer plus facilement les articles d’une partie du magasin à l’autre. Des tables, des crics et des chariots mobiles peuvent permettre d’apporter les articles à la bonne hauteur et d’aider les manutentionnaires à placer les produits sur les rayons sans risquer des problèmes de dos par des extensions et des torsions. L’emploi d’étiqueteuses automatiques ou le recours à des produits emballés déjà étiquetés — de même que l’utilisation de couteaux bien aiguisés — devraient permettre respectivement d’éviter les mouvements répétés du poignet et des doigts et d’ouvrir les cartons sans forcer.

Les bouchers et les charcutiers

Les bouchers et les charcutiers ont comme outils de travail des scies, des hachoirs, des machines à trancher et des couteaux (voir figure 99.3). Lorsqu’elles ne sont pas protégées, se bloquent ou se desserrent, les lames des appareils peuvent trancher, couper, écraser ou meurtrir les doigts. Les machines devraient être solidement ancrées au sol pour éviter qu’elles ne basculent ou ne bougent, et les lames être débarrassées des débris. Si une machine se bloque, on la débloquera à l’aide d’ustensiles en bois après avoir coupé le courant. Aucune machine ne devrait être débloquée alors qu’elle est encore branchée. Les couteaux doivent toujours être bien aiguisés afin d’éviter des problèmes pour les poignets, les mains et les bras. Le manche des couteaux, des hachoirs et des masses devraient toujours être propres et non glissants.

Figure 99.3 Découpe artisanale de viande séchée pour le marché local,
Japon, 1989

Figure 99.3

Lorsque la viande est pesée et emballée mécaniquement dans une barquette en mousse de polystyrène avec un film en plastique thermoscellé, les vapeurs et les gaz du plastique chauffé peuvent provoquer «l’asthme des emballeurs de viande» qui se manifeste par une irritation des yeux, du nez et de la gorge, des difficultés à respirer, des douleurs à la poitrine, des frissons et de la fièvre. Il convient d’installer un système de ventilation par aspiration localisée à proximité de l’élément chauffant de façon que ces vapeurs ne soient pas inhalées par les travailleurs, mais bien évacuées à l’extérieur du lieu de travail.

Les bouchers entrent et sortent dans les chambres froides plusieurs fois par jour. Leurs vêtements de travail doivent comprendre des vêtements chauds pour le travail en chambre froide.

La graisse, la viande et l’eau qui tombent sur les sols et les passages peuvent les rendre glissants. Les glissades, les trébuchements et les chutes sont des causes fréquentes d’accident. Tous les déchets doivent être soigneusement mis de côté et enlevés des zones de passage. Les tapis de sol devraient être nettoyés chaque jour ou chaque fois qu’ils sont salis.

L’exposition aux produits chimiques

Les employés de magasin sont de plus en plus exposés aux substances chimiques dangereuses que contiennent les produits de nettoyage, les pesticides, les rodenticides, les fongicides et les agents de conservation. Les employés des quincailleries, les concessionnaires automobile et bien d’autres y sont potentiellement exposés à cause du stock de peintures, de solvants, d’acides, de produits caustiques et de gaz comprimés, etc., selon la nature des produits entreposés dans chaque établissement. Il peut s’agir parfois de produits qui ne sont pas nécessairement considérés comme dangereux. Les employés de grands magasins, par exemple, peuvent développer une sensibilité ou une allergie aux parfums vaporisés pour les démonstrations.

Les produits de nettoyage utilisés pour nettoyer les surfaces des supermarchés et des autres commerces peuvent contenir du chlore, de l’ammoniaque, des alcools, des produits caustiques et des solvants organiques. Ils peuvent être employés par les équipes de nettoyage de nuit dans des magasins dépourvus de ventilation naturelle et au moment où le système de ventilation mécanique ne fonctionne pas à pleine capacité. Ils peuvent être nocifs lorsqu’on s’en sert sur le lieu de travail à des concentrations et en quantités industrielles. Les travailleurs doivent disposer pour consultation sur leur lieu de travail de toutes les informations de sécurité pertinentes concernant ces produits. Les emballages des produits chimiques doivent porter la mention du nom du produit et des effets qu’il peut avoir sur l’organisme, ainsi que le type d’équipement de protection à utiliser pour éviter tout risque. Les travailleurs doivent être informés des risques pour la santé qu’implique l’emploi de tels produits, des voies par lesquelles ils pénètrent dans le corps et des moyens d’éviter d’y être exposés.

Les petits commerçants qui vendent dans la rue inhalent les gaz d’échappement des véhicules à moteur; de même, les manutentionnaires respirent les gaz d’échappement des camions de livraison qui stationnent avec le moteur au ralenti devant les quais de déchargement. Les produits de combustion incomplète que l’on trouve dans les gaz d’échappement des véhicules à moteur comprennent, entre autres, du monoxyde de carbone et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Ces gaz d’échappement et particules affectent l’organisme de plusieurs façons. Le monoxyde de carbone provoque des vertiges et des nausées et il agit comme asphyxiant, en diminuant la capacité du sang à capter l’oxygène. Les chauffeurs de camions de livraison devraient toujours couper le contact pendant le déchargement. Une ventilation mécanique générale peut se révéler nécessaire pour chasser l’air contaminé hors de l’endroit où se trouvent les travailleurs et ce système de ventilation devrait être nettoyé et révisé périodiquement.

Le formaldéhyde est souvent utilisé sur les vêtements et autres textiles afin d’éviter les moisissures. Il peut affecter ceux qui le respirent. Dans les magasins contenant des stocks importants de vêtements et de textiles et qui ne disposent pas de systèmes de ventilation naturelle ou mécanique, le gaz de formaldéhyde peut s’accumuler dans l’atmosphère et irriter les yeux, le nez et la gorge. Le formaldéhyde peut provoquer des irritations cutanées et respiratoires ainsi que des allergies et il est considéré comme étant cancérogène.

Les pesticides, les rodenticides et les fongicides sont fréquemment utilisés pour chasser les parasites. Ils ont un effet sur le système nerveux, le système respiratoire et le système circulatoire des êtres humains comme sur ceux des insectes, des rongeurs et des plantes. Il est important de ne pas vaporiser inconsidérément des produits chimiques lorsque des personnes sont présentes et de tenir les personnes à l’écart des zones traitées jusqu’à ce qu’elles puissent y pénétrer à nouveau sans danger. Le ou la responsable de ce travail doit être formé convenablement aux bonnes pratiques de sécurité avant d’utiliser des produits antiparasitaires.

Les bâtiments dits «hermétiques» — c’est-à-dire dont on ne peut ouvrir les fenêtres et qui n’ont donc pas de ventilation naturelle — font appel à des systèmes de ventilation mécanique chargés non seulement d’assurer le brassage de l’air dans les locaux, mais aussi son renouvellement par de l’air extérieur. Cet air doit aussi être chauffé ou refroidi selon la température extérieure.

Les installations sanitaires

L’hygiène personnelle est importante dans le commerce, en particulier lorsque les employés manipulent des produits alimentaires, de l’argent et des produits chimiques dangereux. Les employés doivent avoir accès pendant les heures de travail à des toilettes, lavabos et points d’eau qui soient propres. Ils doivent pouvoir y trouver de l’eau courante, du savon et des serviettes propres. Ils doivent être incités à se laver soigneusement les mains après être allés aux toilettes et avant de retourner travailler. De l’eau potable fraîche devrait être à leur disposition sur toute la zone de travail. Les locaux devraient être nettoyés régulièrement pour éviter l’accumulation d’ordures et de vermine et les ordures enlevées fréquemment.

Bien qu’il soit toujours difficile de maintenir dans un bon état de propreté les installations sanitaires des marchés en plein air, des efforts doivent cependant être faits pour que l’on y trouve des toilettes et des lavabos.

Les conditions climatiques

Dans les marchés en plein air, les commerçants sont exposés aux intempéries et soumis aux problèmes liés à la chaleur et au froid. Dans les supermarchés, les caissières travaillent souvent à l’avant du magasin, près des portes d’accès du public, ce qui les expose à des courants d’air chaud et froid. Ces courants d’air peuvent être supprimés en installant des écrans de protection devant les portes de sortie pour maintenir la température de l’air aux caisses au même niveau que dans le reste du magasin.

La prévention des incendies

Les dangers en cas d’incendie sont nombreux dans les magasins: issues fermées à clef ou bloquées, voies d’accès insuffisantes, matières combustibles et inflammables, installations électriques et de chauffage défectueuses ou provisoires. S’ils doivent lutter contre un incendie, les employés doivent être formés à appeler des secours, utiliser les extincteurs et évacuer les locaux. Les extincteurs doivent être adaptés aux types d’incendie éventuels et faire l’objet d’inspections et d’un entretien réguliers. Des exercices d’alerte incendie doivent être organisés pour que les salariés sachent par où quitter les locaux en cas de danger.

Le stress

La nouvelle tendance dans le commerce de détail, lorsque l’établissement appartient à un grand groupe, consiste à remplacer les emplois à temps complet par des emplois à temps partiel. Nombreux sont les grands magasins qui restent aujourd’hui ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et bon nombre d’entre eux sont ouverts tous les jours de l’année, ce qui contraint les travailleurs à travailler pendant des heures «indues». Le rythme circadien interne qui gouverne nos activités physiques naturelles, et notamment le sommeil, s’en trouve perturbé, ce qui se traduit par des symptômes tels que somnolence, troubles gastro-intestinaux, maux de tête et dépression. Le travail posté, le travail à temps partiel, ainsi que les jours fériés provoquent un stress physique et psychologique tant pendant le travail qu’au foyer. La vie de famille en est gravement affectée et il devient très difficile d’avoir une vie sociale tant soit peu enrichissante.

De plus en plus souvent, les employés sont appelés à travailler tard dans la nuit, suscitant des sentiments d’insécurité pour leur intégrité personnelle et la crainte de vols à main armée ou de divers types de violence au travail. Aux Etats-Unis, par exemple, l’homicide est la première cause de décès chez les femmes au travail et beaucoup de ces décès surviennent à l’occasion de cambriolages. Il est déconseillé d’avoir à manipuler de l’argent et de travailler seul pendant les heures tardives de la nuit. La révision régulière des mesures de sécurité doit faire partie de tout programme de prévention de la violence et devrait prévoir un contrôle régulier des mesures en vigueur.

Le fait de travailler à temps partiel, ce qui veut dire la plupart du temps sans prestations sociales, accroît le stress d’origine professionnelle et contraint de nombreux salariés à chercher un travail d’appoint pour subvenir aux besoins de leur famille et continuer à bénéficier d’une couverture médicale.

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