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Chapitre 95 - Les services d'urgence et de sécurité

LES SERVICES D’URGENCE ET DE SÉCURITÉ

Tee L. Guidotti*

* Nous remercions le syndicat des sapeurs-pompiers d'Edmonton (Edmonton Fire-fighters' Union) pour l'intérêt et le soutien qu'il a apporté à la rédaction de ce chapitre. L'Edmonton Sun et l'Edmonton Journal nous ont aimablement autorisés à insérer gratuitement leurs photographies dans les articles sur la lutte contre l'incendie. Mme Beverly Cann, du Centre de santé au travail de la Fédération manitobaine du travail (Manitoba Federation of Labour (MFL)), nous a donné des conseils précieux pour la rédaction de l'article sur le personnel paramédical et sur les ambulanciers.

Les services d’urgence et de sécurité ayant pour mission d’intervenir dans des situations extraordinaires ou dangereuses, ceux et celles qui exercent ces activités sont confrontés à des événements et à des circonstances que ne rencontre pas normalement le commun des mortels dans sa vie quotidienne. Bien que ces deux catégories professionnelles ne présentent pas les mêmes dangers ni les mêmes risques et que leurs traditions soient différentes, elles ont néanmoins un certain nombre de points en commun:

Le type d’organisation et les moyens par lesquels ces services s’acquittent de leur mission sont variables, l’attitude adoptée dépendant des circonstances de l’intervention. Il est plus facile de comprendre ces différences si l’on examine l’objet de l’intervention de chacun des services d’urgence.

La lutte contre l’incendie est sans doute le service d’urgence et de sécurité le plus représentatif. Cette profession est née du souci de limiter les dommages matériels causés par les incendies; elle n’était à l’origine qu’un service privé au nom duquel les sapeurs-pompiers pouvaient sauver les usines et les habitations de personnes qui payaient des primes d’assurance, mais pouvaient aussi bien laisser brûler les biens des autres, même s’ils se trouvaient à proximité immédiate. La société n’a pas tardé à se rendre compte que les services privés de lutte contre l’incendie étaient inefficaces et qu’il serait beaucoup plus judicieux de les rendre publics. C’est ainsi que la lutte contre l’incendie est devenue dans la plupart des régions du monde une attribution des autorités locales ou municipales. Il existe encore des services privés dans l’industrie, dans les aéroports et dans d’autres contextes où ils sont coordonnés avec les services municipaux. En général, les sapeurs-pompiers inspirent de la confiance et du respect à la collectivité. Dans la lutte contre l’incendie, l’objet de l’intervention, ou «l’ennemi», est le feu; c’est une menace extérieure. Un sapeur-pompier blessé dans l’exercice de ses fonctions est considéré comme la victime d’un agent externe, bien qu’il puisse s’agir d’une agression indirecte si le feu a été provoqué par un incendiaire.

Les services de police et les militaires sont chargés par la société de maintenir l’ordre, généralement face à une menace interne (un crime) ou externe (une guerre). Le principal moyen d’intervention est la force armée, et le recours à des tactiques et à des techniques de recherche appropriées est courant (que ce soit sous forme d’enquêtes judiciaires ou de recherches de renseignements par l’armée). Etant donné le risque élevé d’abus et de mauvais usage de la force, la société a imposé des limites rigoureuses à son utilisation, notamment contre les civils. Les policiers, en particulier, font l’objet d’une surveillance étroite pour qu’ils n’abusent pas de leur monopole de la force, ce qui les conduit parfois à penser qu’on ne leur fait pas confiance. Pour la police ou les soldats, l’objet à maîtriser (l’«ennemi») est un autre être humain, ce qui donne lieu à de nombreuses situations d’incertitude, à des sentiments de culpabilité et à des interrogations sur leurs droits et sur leur comportement, auxquels les sapeurs-pompiers ne sont pas confrontés. Lorsque des policiers ou des soldats sont blessés en service, c’est en général directement à la suite d’une action humaine dirigée intentionnellement contre eux.

Le personnel paramédical et le personnel de premier secours sont chargés de venir en aide aux personnes qui sont blessées ou immobilisées dans des conditions telles qu’elles ne peuvent assurer leur propre sauvegarde, de les maintenir en vie et de leur apporter les premiers soins. Ils travaillent souvent aux côtés des sapeurs-pompiers et de la police. Pour eux, l’objet de l’intervention est le patient ou la victime qu’ils secourent; la victime n’est donc pas un «ennemi». Des questions morales et éthiques se posent essentiellement lorsque la victime est en partie responsable de son état (automobiliste ivre ou malade refusant de se faire soigner). Parfois, les victimes qui ont un comportement irrationnel ou qui sont sous l’emprise de la colère ou du stress peuvent se montrer injurieuses ou menaçantes. De telles attitudes sont déroutantes et frustrantes pour les personnels paramédical et de premier secours qui ont le sentiment de faire de leur mieux dans une situation difficile; toute blessure qui leur est infligée dans ces circonstances est donc perçue comme une quasi-trahison.

Les équipes d’intervention spécialisées dans les matières dangereuses font souvent partie des services d’incendie et ont la même organisation, à plus petite échelle. Elles évaluent les risques chimiques ou physiques pouvant présenter un danger pour la population et prennent les premières mesures qui s’imposent. Les équipes spécialisées dans les déchets dangereux sont organisées avec moins de rigueur que les autres et sont chargées de problèmes existant depuis un certain temps. Dans les deux cas, elles sont confrontées à un risque potentiel, tenant à un problème fondamental — celui de l’incertitude. A la différence des autres professions pour lesquelles l’objet de l’intervention ne fait aucun doute, ces travailleurs luttent contre un risque qui peut s’avérer difficile à identifier. Même lorsque le produit chimique ou le danger sont connus, le risque futur de cancer ou de maladie est en général incertain. Souvent, les travailleurs ne peuvent pas savoir s’ils ont été atteints dans leur santé durant l’exercice de leurs fonctions, car les effets de l’exposition aux produits chimiques peuvent rester inconnus pendant de nombreuses années.

Les risques professionnels potentiels

Le risque commun à tous ces travailleurs est la dépression. Tous sont soumis à ce que l’on appelle des catastrophes, qui sont des situations perçues comme présentant un danger grave ou incertain, mais probablement sérieux auquel on ne peut échapper. A la différence du citoyen qui assiste à la scène, un travailleur appartenant à l’une de ces professions ne peut simplement quitter les lieux. L’estime qu’il a de lui tient pour beaucoup à la manière dont il se comporte en pareille situation. Ceux qui ont survécu à des catastrophes connaissent souvent une période de rejet suivie d’une période de dépression et d’égarement. Ils revivent les mêmes scènes et éprouvent un sentiment de culpabilité ou d’échec. Ils ont du mal à se concentrer et peuvent faire des cauchemars. Les catastrophes les plus éprouvantes sont celles au cours desquelles les victimes sont décédées à la suite d’une erreur ou parce que le sauveteur, en dépit de tous ses efforts, n’a pas réussi à les secourir.

Un risque inhérent à beaucoup de ces professions tient également à la possibilité de contact avec des personnes atteintes de maladies transmissibles, notamment le VIH/sida, les hépatites B et C ainsi que la tuberculose. Le VIH et les virus de l’hépatite B et C sont tous trois transmis par des liquides organiques et peuvent donc constituer un risque pour les personnels de premier secours en cas de saignement ou de morsure délibérée. Ces personnels savent maintenant que n’importe quel sujet (victime ou criminel) peut être infecté et contagieux. Les précautions à prendre face à une personne infectée par le VIH sont décrites au chapitre no 97, «Les établissements et les services de santé». La tuberculose se transmet par l’expectoration et par la toux. Le risque est particulièrement important lors de la réanimation de personnes souffrant d’une tuberculose cavitaire évolutive, problème de plus en plus fréquent dans les zones urbaines économiquement défavorisées.

Les blessures sont un risque commun à toutes ces professions. Les incendies sont toujours dangereux et d’autres risques peuvent s’ajouter au feu lui-même: dislocation de structures, effondrement de planchers, chutes d’objets ou chutes de hauteur. La violence est évidemment un risque plus courant pour les policiers et les militaires qui ont pour vocation de lutter contre elle. Mais, à côté de la violence intentionnelle, existent aussi d’autres risques d’épisodes traumatiques liés à la circulation automobile ou à des erreurs de maniement d’armes et, notamment dans l’armée, les risques de blessures lors de manœuvres dans les zones de soutien logistique. Les travailleurs qui manipulent des matières dangereuses peuvent avoir affaire à des produits chimiques inconnus qui, outre leur toxicité, sont susceptibles d’être explosifs ou inflammables.

Ces professions présentent donc des risques potentiels très variables pour la santé. En dehors du stress et des maladies transmissibles mentionnées, chacune suscite des préoccupations différentes.

Les directives en matière de prévention

L’approche de la prévention diffère selon les professions, qui appliquent cependant pour la plupart, sinon toutes, quelques mesures identiques.

Beaucoup de services demandent désormais aux agents qui ont vécu une situation difficile de se prêter à une analyse de l’événement critique, au cours de laquelle ils parlent de leur expérience en présence d’un psychologue, disent ce qu’ils ressentent et ce qu’ils pensent de leur comportement. Ces séances se sont révélées très efficaces pour prévenir des problèmes ultérieurs, comme le syndrome de stress post-traumatique, qui se manifeste après de tels événements.

Au moment du recrutement, les policiers et les sapeurs-pompiers sont généralement soumis à une sélection physique rigoureuse, et de nombreux services demandent à leurs agents de se maintenir en forme grâce à des exercices et à un entraînement réguliers. Cette exigence vise à assurer une performance satisfaisante, mais aussi à réduire la probabilité de blessure.

Le risque infectieux est difficile à prévoir, car les victimes ne présentent pas toujours de signes extérieurs d’infection. On apprend maintenant aux personnels de premier secours à prendre des «précautions universelles» lorsqu’ils manipulent des liquides organiques (comme du sang) et à porter des équipements de protection (gants et lunettes de sécurité) s’il y a un risque de contact avec ces liquides. Toutefois, ces situations sont souvent imprévisibles ou difficiles à maîtriser, notamment si la victime a un comportement violent ou irrationnel. Il est conseillé de se faire vacciner contre l’hépatite B lorsque le risque est élevé et d’utiliser du matériel de réanimation jetable pour réduire le risque de transmission des maladies contagieuses. Le personnel doit se montrer particulièrement vigilant avec les aiguilles et autres objets pointus. En cas de morsure humaine, il faut nettoyer soigneusement la blessure et administrer de la pénicilline ou un médicament apparenté. Lorsqu’il a été établi que la personne à l’origine de la blessure est infectée par le VIH ou que la transmission s’est effectuée par piqûre ou contact avec du sang ou des liquides organiques, il faut consulter un médecin qui décidera de l’opportunité de prescrire des antiviraux pour réduire les risques d’infection. L’infection par la tuberculose d’un travailleur exposé peut être confirmée par un test cutané puis faire l’objet d’un traitement prophylactique pour éviter son évolution en maladie grave.

Les autres mesures préventives sont propres à chacune des professions concernées.

LES TECHNIQUES DE LUTTE CONTRE L’INCENDIE

Alan D. Jones

La lutte contre l’incendie est l’une des activités qui, dans le monde entier, force le plus l’admiration, mais qui est aussi l’une des plus dangereuses. Ceux qui deviennent sapeurs-pompiers entrent dans une corporation dont les membres ont toujours fait preuve de dévouement, de sens du sacrifice et d’esprit humanitaire. Le travail de sapeur-pompier n’est ni tranquille, ni facile. Il requiert un sens élevé du don de soi, un véritable désir d’aider les autres et le dévouement à une profession qui exige de grandes compétences. C’est aussi un métier qui expose l’individu à des risques importants.

En cas de catastrophe, les sapeurs-pompiers sont parmi les premiers à qui l’on fait appel. Du fait même des circonstances, les conditions d’intervention ne sont pas toujours favorables. Il faut agir vite, dépenser beaucoup d’énergie et faire preuve d’endurance. Les sapeurs-pompiers interviennent dans les situations les plus diverses et non pas uniquement en cas d’incendie: effondrements de bâtiments, accidents de voiture, accidents d’avion, tornades, incidents provoqués par des matières dangereuses, troubles civils, opérations de sauvetage, explosions, inondations, urgences médicales. La liste est illimitée.

Tous les sapeurs-pompiers ont recours aux mêmes techniques pour lutter contre un incendie. La stratégie est simple — combattre l’incendie, de manière offensive ou défensive — et l’objectif identique — l’éteindre. En milieu urbain, il s’agit d’incendies d’immeubles (la lutte contre les incendies de forêts est traitée au chapitre no 68, «La foresterie»). Les sapeurs-pompiers doivent manipuler des produits dangereux, de l’eau et de la glace, effectuer des sauvetages à grande hauteur et pratiquer une médecine d’urgence. Ils doivent être prêts à répondre aux urgences de nuit comme de jour.

La figure 95.1 présente les priorités tactiques des sapeurs-pompiers au cours d’un incendie. C’est pendant ces opérations qu’ils établissent des lances d’incendie — lignes de refoulement, lances en attente et tuyaux d’alimentation. Les autres équipements couramment utilisés sont les échelles et les outils multifonctions servant à tirer, pousser ou donner des coups comme les haches, les perches et les gaffes. Les bâches de protection et les instruments hydrauliques employés pour les sauvetages comptent parmi le matériel spécialisé. Le sapeur-pompier doit savoir les utiliser tous (voir figure 95.1).

Figure 95.1 Priorités tactique des opérations de lutte contre l'incendie d'un bâtiment

Figure 95.1

La figure 95.2 montre un sapeur-pompier équipé d’une protection individuelle appropriée qui lutte contre l’incendie d’un bâtiment à l’aide d’une lance.

Figure 95.2 Sapeur-pompier projetant de l'eau à l'aide d'une lance sur un
bâtiment en feu

Figure 95.2

Quel que soit le matériel dont ils se servent ou le type d’intervention, c’est pendant ces opérations que les sapeurs-pompiers sont exposés aux plus grands risques de blessures ou d’accidents: lésions dorsales, entorses, blessures par chute et stress thermique pour ne citer que les plus courants. Par ailleurs, les maladies cardiaques et pulmonaires sont relativement fréquentes et seraient dues, en partie, aux gaz toxiques et à l’intensité de l’activité physique déployée sur le lieu de l’incendie. C’est pourquoi les services du feu sont nombreux à intégrer des programmes de maintien en condition physique dans leur enseignement global de sécurité. Plusieurs pays ont mis en place des programmes pour aider les sapeurs-pompiers à faire face au stress que peuvent engendrer des situations critiques. Il est tout à fait normal d’éprouver des émotions intenses dans des circonstances qui, elles, sont anormales.

La mission de tout service du feu est de préserver les vies humaines et les biens; la sécurité sur le lieu de l’incendie est donc capitale et c’est l’objectif fondamental de la plupart des opérations dont il est question ici. Les dangers dépendent avant tout de la nature de l’incendie. Le «backdraft» et le «flashover» sont deux phénomènes qui peuvent causer la mort des sapeurs-pompiers. Le backdraft est dû à l’apport brutal d’air dans un volume surchauffé et pauvre en oxygène. Le flashover correspond à l’inflammation soudaine des matériaux combustibles dans un volume fermé à la suite d’une accumulation de chaleur. Ces deux phénomènes réduisent le niveau de sécurité et augmentent les dommages matériels. Pour lutter contre ce type de risques, les sapeurs-pompiers recourent à la ventilation; toutefois, une trop grande ventilation n’est pas dépourvue de danger et peut endommager sérieusement les biens. On voit souvent les sapeurs-pompiers briser des vitres ou faire des trous dans le toit, ce qui semble accroître l’intensité du feu. En fait, c’est parce que de la fumée et des gaz toxiques se dégagent à l’endroit où s’est déclaré l’incendie. Il s’agit là néanmoins d’une étape nécessaire dans la lutte contre l’incendie. Il importe avant tout d’échapper à l’effondrement des toits et, pour ce faire, d’établir rapidement des issues et de retirer les tuyaux afin de protéger le personnel et les biens.

Le sapeur-pompier doit donner la priorité à la sécurité et tout mettre en œuvre pour qu’elle soit assurée. Il faut lui fournir des vêtements de protection appropriés et veiller à leur entretien. Ces vêtements devraient protéger de la chaleur sans entraver la liberté de mouvement. Le personnel d’attaque doit porter quant à lui une tenue aux fibres ignifugées et un appareil respiratoire autonome.

Chaque type de vêtement correspond généralement à une catégorie de risque précis auquel le sapeur-pompier sera confronté en dehors du feu au point d’attaque; le sapeur-pompier urbain pénètre généralement dans une structure à la chaleur intense et aux émanations toxiques. Un casque, des bottes et des gants spécialement conçus pour le risque encouru sont de nature à lui assurer une protection adéquate de la tête, des pieds et des mains. Le personnel de lutte contre l’incendie doit suivre une formation pour apprendre à intervenir efficacement et selon les règles de sécurité. Celle-ci est souvent dispensée dans le cadre d’un programme interne, qui peut associer un enseignement pratique sur le tas et un programme théorique institutionnalisé. La plupart des pays disposent d’organismes qui proposent divers programmes de formation.

L’Amérique du Nord est la région du monde qui subit le plus de pertes matérielles et de nombreux services d’incendie mettent en œuvre des programmes de prévention pour réduire les pertes humaines et matérielles dans leur secteur. Les services les plus efficaces entreprennent résolument des programmes d’éducation du public, car les statistiques disponibles montrent qu’il coûte moins cher de prévenir que de reconstruire. En outre, 10% seulement des entreprises entièrement détruites par un incendie parviennent à redémarrer. Ainsi, les conséquences d’un incendie peuvent être considérables pour une collectivité, car au coût de la reconstruction s’ajoute la perte de vies humaines et la disparition définitive de recettes fiscales et d’emplois. Il est donc important que la collectivité et le service d’incendie collaborent à la préservation des vies humaines et des biens.

LES RISQUES DE LA LUTTE CONTRE L’INCENDIE

Tee L. Guidotti

Les sapeurs-pompiers peuvent être des professionnels à temps plein, à temps partiel, des volontaires payés à l’intervention ou des bénévoles non rémunérés, ou encore avoir un statut hybride. Le type d’organisation des services d’incendie dépend le plus souvent de la taille de la collectivité, de la valeur des biens à protéger, de la nature des risques et du nombre d’interventions. Les agglomérations de quelque importance ont besoin d’un corps de sapeurs-pompiers complet disposant de tout le matériel nécessaire.

Les petites agglomérations, les quartiers résidentiels et les zones rurales où les incendies sont peu fréquents peuvent se contenter en général d’un corps de sapeurs-pompiers volontaires rémunérés à l’intervention ou de bénévoles suffisamment nombreux pour assurer la mise en œuvre du matériel ou venir renforcer un noyau de sapeurs-pompiers professionnels.

Bien qu’il existe de nombreux services d’incendie bénévoles efficaces et bien équipés, un corps de sapeurs-pompiers professionnels est indispensable dans les grandes agglomérations. En effet, des volontaires ou des bénévoles ne peuvent pas procéder en permanence, avec la même efficacité, aux inspections préventives qui constituent une tâche essentielle des services d’incendie modernes. Les volontaires et les bénévoles peuvent occuper d’autres emplois, et des alertes fréquentes entraînent une perte de temps sans avantage direct pour leur employeur. Là où il n’existe pas de corps de sapeurs-pompiers professionnels, les bénévoles doivent passer par la caserne avant de se rendre sur les lieux du sinistre, ce qui retarde d’autant le début des opérations. Lorsque l’effectif se limite à quelques sapeurs-pompiers professionnels, il devrait être prévu de le compléter par des volontaires ou des bénévoles bien formés et entraînés. De même, il faudrait constituer des équipes de réserve pouvant prêter main forte, sur la base de la réciprocité, à d’autres services d’incendie.

Le métier de sapeur-pompier est très spécial: il est considéré comme salissant et dangereux, mais il est indispensable et même prestigieux. Les sapeurs-pompiers forcent l’admiration de tous pour le travail capital qu’ils accomplissent. Ils ont parfaitement conscience des risques auxquels ils sont exposés. Leur travail les soumet par intermittence à un stress physique et psychologique intense. Ils sont aussi exposés à d’importants risques chimiques et physiques à un degré inhabituel dans le monde actuel du travail.

Les risques

Les risques professionnels auxquels sont exposés les sapeurs-pompiers peuvent être classés en trois catégories: risques physiques (conditions dangereuses, stress thermique, carences ergonomiques), chimiques et psychologiques. L’exposition aux risques lors d’un incendie est fonction de la matière en combustion, des caractéristiques de cette combustion, de la construction (bâtiment) qui brûle, de la présence ou non de produits chimiques non combus-tibles, des mesures prises pour maîtriser l’incendie, de la présence de victimes à secourir et de la position ou du poste occupé par le sapeur-pompier. Les risques et le niveau d’exposition ne sont pas non plus les mêmes pour celui qui pénètre le premier dans un bâtiment en flammes que pour ceux qui suivent ou qui déblaient après l’extinction de l’incendie. Il y a généralement au sein de chaque équipe ou de chaque peloton une rotation aux postes d’intervention, et le personnel permute régulièrement d’une caserne à l’autre. Les sapeurs-pompiers peuvent également avoir un grade spécial ou une fonction spéciale. Les chefs de garde accompagnent et dirigent les hommes du rang tout en participant activement à la lutte contre l’incendie. Les chefs de corps sont les chefs des services du feu et ne sont appelés que pour les sinistres très graves. Les sapeurs-pompiers peuvent naturellement être exposés à des risques inhabituels lors de sinistres particuliers.

Les risques physiques

La lutte contre l’incendie comporte de nombreux risques physiques pouvant provoquer de graves blessures. Des murs, des plafonds et des planchers peuvent s’effondrer soudainement et prendre les sapeurs-pompiers au piège. Le «flashover» (voir article précédent) est un embrasement soudain et généralisé, dans un espace confiné, dû à l’inflammation de produits gazeux inflammables qui se dégagent de matériaux brûlants ou en combustion et entrent en contact avec de l’air extrêmement chaud. En cas de flashover, le sapeur-pompier peut être englouti ou rester prisonnier, car incapable d’ouvrir les issues de secours. Une formation poussée, l’expérience, la compétence et une bonne condition physique peuvent contribuer à réduire les accidents à la fois en nombre et en gravité. Toutefois, la nature du métier est telle que les sapeurs-pompiers peuvent se trouver dans des situations dangereuses à la suite d’une erreur d’appréciation, du fait des circonstances ou d’une manœuvre particulière.

Certains services d’incendie ont constitué des bases de données informatiques sur les structures, les matériaux et les risques potentiels qu’ils peuvent rencontrer dans leur secteur. L’accès rapide à de telles bases aide les sapeurs-pompiers à faire face à des risques connus et à repérer les situations pouvant présenter un danger.

Les risques thermiques

Dans la lutte contre un incendie, le stress thermique peut être provoqué par l’air chaud, la chaleur rayonnante, le contact avec des surfaces chaudes ou la chaleur endogène produite par le corps pendant l’exercice et qui ne peut être réduite. Il est encore aggravé par les propriétés isolantes du vêtement de protection et par l’effort physique qui échauffe le corps. La chaleur peut provoquer des lésions localisées, comme des brûlures, ou un stress thermique généralisé, avec risque de déshydratation, de coup de chaleur et de collapsus cardio-vasculaire.

L’air chaud ne constitue pas, en soi, un grand risque pour les sapeurs-pompiers. L’air sec n’a pas une grande capacité à retenir la chaleur. En revanche, la vapeur ou l’air chaud humide peuvent provoquer des brûlures graves, car la vapeur d’eau peut emmagasiner beaucoup plus d’énergie que l’air sec. Heureusement, les brûlures dues à la vapeur sont rares.

La chaleur rayonnante est souvent intense lors d’un incendie et suffit à provoquer des brûlures. Les sapeurs-pompiers peuvent aussi présenter des altérations cutanées caractéristiques d’une exposition prolongée à la chaleur.

Les risques chimiques

Plus de 50% des accidents mortels survenant lors d’un incendie sont dus à l’exposition à la fumée et non à des brûlures. L’un des principaux facteurs de décès et de maladie dans les incendies est l’hypoxie, due à la raréfaction de l’oxygène; elle entraîne une perte des capacités physiques, crée un état confusionnel et empêche de s’enfuir. Les constituants de la fumée, isolément ou ensemble, sont également toxiques. La figure 95.3 montre un sapeur-pompier équipé d’un appareil respiratoire autonome portant secours à un autre sapeur-pompier non protégé pris au piège lors d’un incendie dégageant beaucoup de fumée dans un entrepôt de pneus (la victime qui, manquant d’air, avait enlevé son appareil pour respirer mieux a pu être secourue à temps).

Figure 95.3 Sapeur-pompier portant secours à un autre sapeur-pompier encerclé
par la fumée toxique d'un incendie dans un entrepôt de pneus

Figure 95.3

Toute fumée, y compris celle provenant d’un simple feu de bois, est dangereuse et peut même être mortelle si elle est inhalée en grandes quantités. La fumée est un mélange de divers composés. Sa toxicité dépend essentiellement du combustible, de l’intensité de la chaleur du feu et de la présence ou de la quantité d’oxygène disponible pour la combustion. Les sapeurs-pompiers qui interviennent dans un incendie sont souvent exposés au monoxyde de carbone, au cyanure d’hydrogène, au dioxyde d’azote, au dioxyde de soufre, au chlorure d’hydrogène, à des aldéhydes et à des composés organiques tels que le benzène. Le niveau de risque varie selon la combinaison des gaz. En général, seuls du monoxyde de carbone et du cyanure d’hydrogène sont produits à des concentrations mortelles dans les incendies de bâtiments.

C’est le monoxyde de carbone qui présente le risque le plus courant, le plus caractéristique et le plus grave dans la lutte contre l’incendie. La carboxyhémoglobine s’accumule rapidement dans le sang pendant l’exposition, en raison de l’affinité du monoxyde de carbone avec l’hémoglobine. Elle peut donc atteindre des taux élevés, en particulier lorsqu’un effort intense augmente le débit respiratoire et, par conséquent, l’absorption pulmonaire, en l’absence de protection. Il n’y a pas de corrélation apparente entre la densité de la fumée et la quantité de monoxyde de carbone dans l’air. Les sapeurs-pompiers doivent éviter tout particulièrement de fumer pendant la phase de déblaiement, lorsque les matériaux se consument lentement et ne brûlent donc pas totalement, car le tabagisme entraîne une augmentation des taux déjà élevés de monoxyde de carbone dans le sang. Le cyanure d’hydrogène provient de la combustion à basse température de matériaux riches en azote tels que les fibres naturelles (laine ou soie) et les matières synthétiques courantes (polyuréthane ou polyacrylonitrile).

Des hydrocarbures de faible poids moléculaire, des aldéhydes (comme le formaldéhyde) et des acides organiques peuvent se former lorsque des combustibles hydrocarbonés brûlent à basse température. Les oxydes d’azote apparaissent également en quantité lorsque les températures sont élevées, par suite de l’oxydation de l’azote atmosphérique, et dans les incendies à basse température quand le combustible contient beaucoup d’azote. Lorsque le combustible renferme du chlore, il se forme du chlorure d’hydrogène. Les matières plastiques polymères présentent des risques spécifiques. Ces matériaux synthétiques ont été utilisés dans la construction et le mobilier à partir des années cinquante et leur combustion dégage des produits particulièrement dangereux. Ainsi, certains polymères comme le polyéthylène et la cellulose naturelle dégagent souvent en se consumant de l’acroléine, du formaldéhyde et des acides volatiles gras. Lorsque du polyuréthane ou du polyacrylonitrile brûlent, les niveaux de cyanure augmentent avec la température; de l’acrylonitrile, de l’acétonitrile, de la pyridine et du benzonitrile se forment en grande quantité entre 800 et 1 000 °C. Le poly(chlorure de vinyle) (PVC) a été proposé comme polymère pour la fabrication de meubles, car il n’entretient pas la combustion en raison de sa forte teneur en chlore. Malheureusement, il produit de grandes quantités d’acide chlorhydrique et, parfois, des dioxines lorsque les incendies se prolongent.

C’est pendant que le feu est couvant, et non lorsque la chaleur est intense, que les matières synthétiques sont les plus dangereuses. Le béton retient très efficacement la chaleur et peut jouer le rôle d’éponge pour les gaz piégés qui se dégagent du matériau poreux, libérant du chlorure d’hydrogène ou d’autres fumées toxiques longtemps après l’extinction d’un incendie.

Les risques psychologiques

Le sapeur-pompier affronte des situations que d’autres fuient, mettant d’emblée sa personne en danger plus que dans presque n’importe quelle autre profession civile. Beaucoup de choses peuvent mal tourner au cours d’un incendie et l’évolution d’un incendie grave est souvent imprévisible. Le sapeur-pompier doit se soucier non seulement de sa sécurité personnelle, mais aussi de celle des autres. Porter secours à des victimes est une activité à très forte charge émotionnelle.

La vie professionnelle du sapeur-pompier ne se réduit cependant pas à d’interminables attentes anxieuses ponctuées d’interventions stressantes. Le travail des sapeurs-pompiers présente de nombreux aspects positifs. Peu de professions sont autant respectées par la collectivité. Une fois qu’un sapeur-pompier a été recruté dans un service d’incendie urbain, il a une sécurité d’emploi garantie et son salaire, en général, supporte bien la comparaison avec celui d’autres professions. Les sapeurs-pompiers font également preuve d’un solide esprit d’équipe et de solidarité. Ces aspects positifs compensent les côtés éprouvants et tendent à préserver les sapeurs-pompiers des effets émotionnels des situations de stress répétées.

Lorsque la sirène retentit, tout sapeur-pompier ressent une certaine anxiété, en raison du caractère imprévisible de la situation qu’il va affronter. Le stress psychologique qu’il éprouve à ce moment est aussi intense, sinon plus, que n’importe quel autre stress qu’il va connaître au cours de l’intervention. Les indicateurs physiologiques et biochimiques montrent que le stress psychologique des sapeurs-pompiers en service est fonction de l’intensité de l’activité de la caserne.

Les risques pour la santé

Les traumatismes, les brûlures thermiques et l’inhalation de fumée sont parmi les risques aigus de la lutte contre l’incendie. Il y a peu de temps encore, on ne connaissait pas les effets chroniques que des expositions répétées pouvaient avoir sur la santé. Cette incertitude explique la diversité des mesures prises par les commissions de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles. Les risques professionnels encourus par les sapeurs-pompiers ont beaucoup retenu l’attention en raison de l’exposition connue à des agents toxiques. Il existe une abondante documentation sur la mortalité des sapeurs-pompiers, qui a été complétée ces dernières années par de nombreuses études substantielles, de sorte que l’on dispose aujourd’hui d’un fonds de données suffisant pour décrire certaines constantes.

Le problème crucial en matière de réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles est de savoir si l’on peut appliquer une présomption générale de risque à tous les sapeurs-pompiers. En d’autres termes, il s’agit de décider si l’on peut partir du principe que tous les sapeurs-pompiers sont exposés à un risque élevé de maladie ou de lésion particulière dans l’exercice de leurs fonctions. Pour satisfaire au niveau de preuve habituel requis pour considérer que c’est bien une cause professionnelle qui a toutes les chances d’être à l’origine de la maladie (le demandeur ayant le bénéfice du doute), il faut démontrer que le risque associé à la profession est au moins aussi grand que le risque encouru par la population générale. C’est le cas si le risque mesuré habituellement, dans les études épidémiologiques, est au moins deux fois plus élevé que le risque attendu, compte tenu de l’incertitude de l’estimation. Les arguments qui s’opposent à la présomption dans un cas précis sont appelés les «critères de réfutation», parce qu’on peut les invoquer pour remettre en question ou réfuter l’application de la présomption dans un cas particulier.

La mortalité et la morbidité professionnelles des sapeurs-pompiers doivent être interprétées à la lueur de particularités épidémiologiques que l’on rencontre dans ce corps de métier. C’est ainsi que l’«effet du travailleur en bonne santé», mis en évidence par des études de cohortes, y est peu marqué. Cela peut donner à penser qu’une surmortalité par rapport à la population active en bonne santé serait présente, qu’il faut attribuer à certaines causes. Deux types d’effet du travailleur en bonne santé peuvent masquer une surmortalité. Le premier intervient au moment du recrutement, lors des tests de sélection. Compte tenu de l’exigence des tests d’aptitude, cet effet est très important et l’on peut supposer qu’il se traduit par une réduction de la mortalité par maladie cardio-vasculaire, notamment dans les premières années de service, au cours desquelles il y aurait de toute manière peu de décès. Le second se produit lorsque les travailleurs deviennent inaptes à l’emploi, en raison d’une maladie évidente ou sans signes cliniques, et sont affectés à d’autres tâches ou ne sont plus suivis. Leur contribution relativement élevée au risque total n’est donc pas comptabilisée. On ignore l’ampleur de cet effet, mais tout porte à croire qu’il existe chez les sapeurs-pompiers. Il ne se manifeste pas dans le cas des cancers car, à la différence des maladies cardio-vasculaires, le risque de cancer n’a pas grand chose à voir avec la condition physique au moment du recrutement.

Le cancer du poumon

Le cancer du poumon a été le cancer le plus difficile à évaluer dans les études épidémiologiques sur les sapeurs-pompiers. Une question importante est de savoir si l’introduction massive, dans les années cinquante, de polymères synthétiques dans les matériaux de construction et le mobilier a accru le risque de cancer chez les sapeurs-pompiers du fait de leur exposition aux produits de combustion. Bien qu’ils soient évidemment exposés à des substances cancérogènes inhalées dans la fumée, il a été difficile de prouver l’existence d’une surmortalité par cancer du poumon suffisamment importante et systématique pour être imputable à l’exposition professionnelle.

Il est toutefois prouvé que le travail de sapeur-pompier contribue au risque de cancer du poumon. On le constate principalement chez les sapeurs-pompiers qui ont été le plus exposés et qui ont travaillé le plus longtemps. Ce risque est encore aggravé chez les fumeurs.

Le lien entre la lutte contre l’incendie et le cancer du poumon semble ténu et donc insuffisant pour que l’on en conclue que le risque est «selon toute vraisemblance» imputable à l’activité professionnelle. Certains cas présentant des caractéristiques inhabituelles, par exemple l’apparition d’un cancer chez un sapeur-pompier relativement jeune et non fumeur, peuvent toutefois valider l’existence de ce lien.

Les autres cancers

Il a été démontré que d’autres cancers semblent plus étroitement associés à la lutte contre l’incendie que le cancer du poumon.

De nombreux éléments incitent à penser que les cancers de l’appareil génito-urinaire, à savoir ceux du rein, de l’urètre et de la vessie, en font partie. A l’exception de celui de la vessie, ces cancers sont assez peu courants, et le risque chez les sapeurs-pompiers apparaît élevé, proche d’un risque relatif doublé ou davantage. On peut donc estimer que ce type de cancer, chez un sapeur-pompier, a une origine professionnelle, sauf si l’on a de bonnes raisons de suspecter une autre cause, par exemple le tabagisme, une exposition antérieure à des substances cancérogènes, une schistosomiase (infection parasitaire qui ne concerne que la vessie), l’abus d’analgésiques, une chimiothérapie anticancéreuse ou une affection urologique provoquant une stase urinaire. Tous ces facteurs constituent des critères logiques de réfutation.

Pour ce qui est des cancers du cerveau et du système nerveux central, les conclusions sont très variables, ce qui n’est pas surprenant compte tenu du nombre relativement faible de cas signalés. Il est peu probable que l’éventuel lien de causalité soit documenté dans un proche avenir. Il est donc raisonnable, sur la base des données existantes, de considérer qu’il y a une présomption de risque pour les sapeurs-pompiers.

Les risques relatifs accrus de cancers lymphatiques et hématopoïétiques semblent anormalement élevés. Toutefois, le petit nombre de ces cancers relativement rares rend difficile toute évaluation du lien de causalité. Du fait de leur rareté, les épidémiologistes les regroupent à des fins de généralisations statistiques. L’interprétation en est d’autant plus difficile que le regroupement de ces cancers disparates n’a pas grand sens médicalement.

Les cardiopathies

Rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’il y a un risque accru de décès par cardiopathie. Bien qu’une vaste étude ait montré un excédent de 11% et qu’une autre plus modeste, limitée à la cardiopathie ischémique, ait indiqué le chiffre de 52%, la plupart des travaux ne peuvent conclure qu’il y a un risque accru pour cette population. Même si les estimations les plus élevées sont justes, les chiffres seraient encore nettement inférieurs à ceux qui permettraient de conclure à une présomption de risque.

Certaines données, provenant pour la plupart d’études cliniques, laissent supposer qu’il y a un risque de décompensation cardiaque brutale et de crise cardiaque en cas d’effort maximal soudain et après exposition au monoxyde de carbone. Cela ne semble pas se traduire plus tard par un risque excessif de crise cardiaque mortelle; toutefois, si un sapeur-pompier est frappé d’une crise cardiaque pendant un incendie, ou le lendemain, il serait raisonnable de mettre celle-ci au compte de l’activité professionnelle. Chaque cas doit donc être interprété en fonction des caractéristiques individuelles, mais les données disponibles ne permettent pas de conclure à un risque globalement accru pour tous les sapeurs-pompiers.

L’anévrisme de l’aorte

Peu d’études ont fait état d’un nombre suffisant de décès par anévrisme de l’aorte chez les sapeurs-pompiers pour que cette cause soit statistiquement significative. Bien qu’une étude menée à Toronto (Canada) en 1993 donne à penser qu’il existe un lien entre cette affection et le métier de sapeur-pompier, elle ne constituait, au moment de la publication de cet ouvrage, qu’une hypothèse non vérifiée. Si ce résultat était confirmé, l’ampleur du risque justifierait l’inscription de cette maladie au tableau des maladies professionnelles. Les critères de réfutation devraient, logiquement, comprendre l’athérosclérose sévère, les maladies du tissu conjonctif et les vasculites qui les accompagnent, ainsi que des antécédents de traumatismes thoraciques.

Les pneumopathies

Des expositions inhabituelles, comme une exposition intense aux fumées de matières plastiques en combustion, peuvent certainement provoquer une intoxication pulmonaire aiguë, voire une incapacité permanente. La lutte courante contre l’incendie peut donner lieu à des troubles ponctuels, comme l’asthme, qui disparaissent en quelques jours. Ces incidents ne semblent pas augmenter le risque de mortalité par maladie pulmonaire chronique sauf si l’exposition a été exceptionnellement intense (risque de décès dû aux conséquences de l’inhalation de fumées) ou si la fumée avait des caractéristiques inhabituelles (par exemple, en cas de combustion de PVC).

La broncho-pneumopathie chronique obstructive a été beaucoup étudiée chez les sapeurs-pompiers. Les résultats montrent qu’on ne peut affirmer l’existence d’un lien avec la lutte contre l’incendie, de sorte qu’on ne peut établir de présomption. Il peut toutefois y avoir une exception dans de rares cas, lorsqu’une maladie pulmonaire chronique se déclenche à la suite d’une exposition inhabituelle ou intense et qu’il existe des antécédents de complications médicales.

Il semble difficile de justifier ou de soutenir une présomption générale de risque lorsque le lien est faible ou lorsque les maladies sont courantes dans la population générale. Il serait peut-être plus productif d’étudier les demandes cas par cas, en examinant les facteurs individuels et le profil général de risque. Il est plus facile d’établir une présomption générale de risque lorsque les troubles sont inhabituels et associés à des risques relatifs élevés, notam-ment lorsqu’ils sont caractéristiques de certaines professions. Le tableau 95.1 présente un résumé de recommandations précises, avec des critères pouvant être appliqués pour réfuter ou remettre en cause la présomption dans un cas précis.

Tableau 95.1 Résumé des recommandations, avec indication des critères de
réfutation et observations spéciales nécessaires aux décisions de réparation

 

Estimation (approximative) du risque

Recommandations

Critères de réfutation

Cancer du poumon

150

A
PP

– Tabagisme, exposition professionnelle antérieure à des substances cancérogènes

Maladie cardio-vasculaire

< 150

PA
PP

+ Incident grave survenu lors de l’exposition ou peu de temps après

Anévrisme de l’aorte

200

A
P

– Athérosclérose (avancée), maladies du tissu conjonctif, antécédents de traumatismes thoraciques

Cancers de l’appareil génito-urinaire

> 200

A
P

+ Exposition professionnelle à des substances cancérogènes
– Fort tabagisme, exposition professionnelle antérieure à des substances cancérogènes, schistosomiase (vessie uniquement), abus d’analgésiques, chimiothérapie anticancéreuse (chlornaphazine), affections favorisant la stase urinaire
/ Consommation de café, d’édulcorants de synthèse

Cancer du cerveau

200

A
P

– Néoplasmes héréditaires (rares), exposition antérieure au chlorure de vinyle, irradiation de la tête
/ Traumatismes, antécédents familiaux, tabagisme

Cancers du système lymphatique et hématopoïétique

200

A

– Rayonnements ionisants, exposition professionnelle antérieure à des substances cancérogènes (benzène), état d’immunosuppression, chimiothérapie anticancéreuse
+ Maladie de Hodgkin

Cancer du côlon et du rectum

A
PP
PA
PP

A
PP

+ Profil de risque faible
– Syndromes familiaux, colite ulcéreuse
/ Autres expositions professionnelles

Maladies pulmonaires aiguës

NE
NE

A
P

Selon les cas

Maladie pulmonaire chronique

NE
NE

PA
PP

+ Séquelles d’une exposition aiguë grave, avec récupération
– Tabagisme, déficit en protéase

A = association épidémiologique, mais insuffisante, pour établir une présomption d’association avec la lutte contre l’incendie. PP = pas de présomption; le risque n’excède pas le double de celui auquel est exposée la population générale. PA = pas de preuves épidémiologiques suffisantes pour permettre d’établir une association. P = présomption d’association avec la lutte contre l’incendie; le risque est le double de celui auquel est exposée la population générale. NE = non établi. – = le risque est accru du fait d’expositions n’ayant aucun lien avec la lutte contre l’incendie. + = le risque est accru par la lutte contre l’incendie. / = n’augmente vraisemblablement pas le risque.

Les lésions

Les lésions occasionnées lors de la lutte contre l’incendie sont prévisibles: brûlures, chutes et blessures provoquées par le heurt d’objets. La mortalité due à ces causes est sensiblement plus élevée chez les sapeurs-pompiers que chez les autres travailleurs. Les différents postes des services du feu comportent un risque élevé de brûlures, notamment pour ceux qui interviennent les premiers et ceux qui sont affectés à l’attaque directe, comme les servants de grosses lances. Les brûlures sont aussi très courantes chez les sapeurs-pompiers qui luttent contre des incendies de sous-sol, chez ceux qui ont été blessés peu de temps avant le sinistre ou qui n’ont pas effectué leur formation dans le service d’incendie où ils travaillent. Les chutes sont plus fréquentes chez les utilisateurs d’un appareil respiratoire autonome et chez les écheliers.

L’ergonomie

La lutte contre l’incendie est une activité très exigeante qui s’exerce souvent dans des situations extrêmes. Les appels sont ponctuels et imprévisibles; ils donnent lieu à des périodes d’activité intense faisant suite à de longues attentes.

Une fois que la lutte active contre l’incendie commence, les sapeurs-pompiers déploient un effort intense relativement constant. Toute charge additionnelle, qu’elle soit due à la gêne occasionnée par l’équipement de protection ou au sauvetage d’une victime, diminue leur efficacité, car ils donnent déjà le maximum d’eux-mêmes. Le port d’un équipement de protection individuelle leur impose des contraintes physiologiques supplémentaires, mais il en supprime d’autres en réduisant les niveaux d’exposition.

Grâce à de nombreuses études détaillées relatives à l’ergonomie de la lutte contre l’incendie, on dispose de données abondantes sur les caractéristiques de l’effort fourni par les sapeurs-pompiers. Pendant les simulations d’interventions, ils règlent le niveau de cet effort en fonction d’un schéma très caractéristique, comme en témoigne leur rythme cardiaque. Au départ, ce dernier passe rapidement pendant la première minute à 70, voire 80% du maximum. A mesure que la lutte contre l’incendie progresse, ils le maintiennent entre 85 et 100% du maximum.

Les besoins énergétiques que réclame la lutte contre l’incendie sont compliqués par les conditions difficiles rencontrées dans de nombreux incendies d’intérieur. A l’effort physique viennent s’ajouter les demandes métaboliques résultant de la chaleur corporelle non dissipée, de la chaleur du feu et de la perte d’eau par la sudation.

L’activité la plus difficile est la fouille de bâtiments et le sauvetage des victimes par le premier sapeur-pompier à pénétrer sur le lieu de l’incendie; c’est à elle que correspond le rythme cardiaque moyen le plus élevé (153 pulsations à la minute) et la plus forte augmentation de la température rectale (1,3 °C). L’équipe auxiliaire qui entre ensuite dans le bâtiment pour lutter contre l’incendie ou pour conduire d’autres recherches ou sauvetages occupe la deuxième fonction la plus difficile, suivie par le chef de garde qui se trouve à l’extérieur (il dirige les opérations généralement à une certaine distance). Les autres tâches difficiles sont, par ordre décroissant de dépense d’énergie: l’ascension d’une échelle, la manipulation d’une lance, le port d’une échelle mobile et l’installation d’une échelle.

Pendant la lutte contre l’incendie, la température du corps et le rythme cardiaque suivent un cycle qui dure quelques minutes: tous deux augmentent légèrement pendant la phase de préparation, puis davantage lors de l’exposition à la chaleur ambiante et beaucoup plus brutalement par suite de l’effort à fournir dans des conditions de stress thermique. Après 20 à 25 minutes de travail en intérieur (durée habituelle autorisée par le port de l’appareil respiratoire autonome), le stress physiologique reste dans des limites admissibles pour un individu en bonne santé. Toutefois, lorsque l’incendie se prolonge et nécessite de multiples interventions, le sapeur-pompier ne dispose pas de suffisamment de temps, entre les changements de bouteilles d’air de son appareil, pour se refroidir, d’où une augmentation cumulative de la température interne et un risque accru de stress thermique.

La protection individuelle

Les sapeurs-pompiers donnent le maximum d’eux-mêmes lorsqu’ils luttent contre un incendie. A la dépense physique s’ajoute la dépense métabolique nécessaire pour faire face à la chaleur et à la perte de liquides. L’effet conjugué de la chaleur interne et de la chaleur externe peut être une augmentation marquée de la température du corps qui atteint des niveaux exceptionnellement élevés en cas d’incendie difficile à maîtriser. Les pauses faites toutes les demi-heures pour changer d’appareil respiratoire ne suffisent pas pour enrayer cette élévation de la température, qui peut atteindre un niveau dangereux en cas d’intervention prolongée. Même si elle est vitale, la protection individuelle, notamment l’appareil respiratoire autonome, demande au sapeur-pompier un surcroît d’énergie considérable. Le vêtement protecteur devient aussi beaucoup plus lourd lorsqu’il est mouillé.

L’appareil respiratoire autonome est un dispositif de protection individuelle efficace qui, s’il est utilisé correctement, évite l’exposition à des produits de combustion. Malheureusement, il n’est souvent employé que lors de la phase d’attaque, lorsqu’il s’agit de combattre activement le feu, et non dans la phase de déblaiement, lorsque l’incendie est circonscrit et que les sapeurs-pompiers examinent les déblais et éteignent les braises ainsi que le feu couvant.

Les sapeurs-pompiers ont tendance à évaluer le niveau de risque auquel ils sont confrontés d’après l’intensité de la fumée et à ne décider d’utiliser un appareil respiratoire qu’en fonction de ce qu’ils voient. Cela peut être très trompeur, une fois les flammes éteintes. Le lieu de l’incendie, à ce stade, peut paraître sûr, alors qu’il est encore parfois dangereux.

La dépense supplémentaire d’énergie imposée par l’équipement de protection individuelle a fait l’objet d’une attention prioritaire dans les recherches sur la santé au travail des sapeurs-pompiers, ce qui montre incontestablement à quel point la lutte contre l’incendie est un cas extrême d’une question d’intérêt général et les incidences que le port d’un équipement de protection individuelle peut avoir sur les performances des sapeurs-pompiers.

Bien que les sapeurs-pompiers soient tenus d’utiliser plusieurs types de protection individuelle dans leur travail, c’est la protection respiratoire qui est la plus problématique et qui a reçu le plus d’attention. On a constaté que le port d’un appareil respiratoire autonome, qui constitue une sérieuse contrainte dans les situations extrêmes et dangereuses, réduit l’efficacité des sapeurs-pompiers de 20%. Les recherches ont permis d’identifier plusieurs facteurs intervenant dans les contraintes physiologiques imposées par les masques, à savoir les caractéristiques de ces derniers, la physiologie de l’utilisateur et les interactions entre le masque et d’autres équipements de protection ou les conditions ambiantes.

La tenue standard du sapeur-pompier, qui peut peser 23 kg, impose une forte dépense d’énergie. Vient ensuite le vêtement de protection chimique (17 kg), utilisé pour récupérer les produits qui se sont répandus, suivi de l’appareil de respiration autonome qui est porté avec un vêtement léger et, juste après, du vêtement en tissu ignifugé léger porté avec un masque à faible résistance. L’équipement de lutte contre l’incendie donne lieu à une rétention sensiblement plus grande de la chaleur du corps et à une élévation de la température corporelle.

La condition physique

De nombreuses études ont évalué les caractéristiques physiologiques des sapeurs-pompiers, généralement dans le cadre d’autres études visant à déterminer la réponse aux exigences de la lutte contre l’incendie.

Ces études ont presque toutes montré que la plupart des sapeurs-pompiers étaient en aussi bonne, voire meilleure, condition physique que la population masculine générale. Ils n’ont toutefois pas pour autant le niveau d’entraînement d’un athlète. Des programmes de mise en forme et d’entretien ont été conçus spécialement pour eux, mais leur efficacité n’a pas été véritablement prouvée.

L’arrivée des femmes dans les services d’incendie a nécessité une réévaluation des tests de performance et des études comparatives portant sur les deux sexes. Dans les études sur les individus entraînés capables d’atteindre leur niveau de performance optimale, plus que dans les études sur les candidats, les femmes ont obtenu des résultats inférieurs en moyenne à ceux des hommes dans toutes les catégories d’épreuves, mais un sous-groupe de femmes a obtenu un résultat presque aussi bon dans certaines d’entre elles. La différence globale a été imputée essentiellement à une masse musculaire inférieure en valeur absolue et montrait une corrélation forte et systématique avec les différences de performance. Les épreuves les plus difficiles pour les femmes ont été les exercices de montée d’escaliers.

LA POLICE

Jeremy Brown

Le métier de policier est difficile, stressant et exigeant. Si une bonne partie de ce travail est sédentaire, celle qui ne l’est pas (et qui est aussi la plus délicate) demande des qualités physiques importantes. A cet égard, le travail de policier a été comparé à celui d’un maître nageur, qui passe la majeure partie de son temps à surveiller les baigneurs depuis le bord de la piscine, mais qui au moment où il doit intervenir, généralement au pied levé, éprouve une tension physique et émotionnelle extrême. Toutefois, à la différence du maître nageur, l’agent de police peut se faire agresser par un individu armé d’un couteau ou d’une arme à feu et être la cible de comportements violents. Les activités de routine comprennent des patrouilles dans les rues, le métro, sur les routes de campagne, dans les parcs et dans de nombreux autres secteurs. Les patrouilles peuvent s’effectuer à pied, en véhicule (automobile, hélicoptère ou motoneige) et parfois à cheval. Il faut faire preuve d’une vigilance de tous les instants et, dans de nombreuses régions du monde, la menace d’agression est toujours présente. Les agents de police peuvent être appelés en cas de vol, d’émeute, d’agression ou de scènes de ménage. Ils peuvent effectuer des opérations de maîtrise des foules, des recherches ou des sauvetages ou venir en aide à la population en cas de catastrophe naturelle. Ils doivent parfois poursuivre des criminels, à pied ou en voiture, les affronter, les saisir à bras le corps, les maîtriser et, à l’occasion, faire usage de leur arme. Des activités de routine peuvent se transformer en situations de violence mettant leur vie en péril. Certains policiers travaillent comme agents d’infiltration, parfois pendant de longues périodes, d’autres, comme les spécialistes judiciaires, doivent manipuler des produits chimiques toxiques. Presque tous sont exposés au risque d’être contaminés par du sang ou des liquides organiques. Les policiers travaillent généralement par équipe. Des tâches administratives ou la comparution devant les tribunaux augmentent souvent la durée de leur travail. La forme physique qu’exige ce métier et l’engagement qu’il implique, sur le plan de l’organisme, ont fait l’objet d’études approfondies et présentent des similitudes remarquables dans les différentes forces de police et en différents lieux. La question de savoir si certaines affections sont attribuables au métier de policier est controversée.

La violence

La violence est malheureusement une réalité de la vie professionnelle des policiers. Aux Etats-Unis, on dénombre deux fois plus de victimes d’homicide parmi les policiers que dans la population générale. Les actes d’agression violente contre des policiers dans l’exercice de leurs fonctions sont fréquents. Les activités risquant de déboucher sur un conflit violent ont fait l’objet de nombreuses études. L’idée selon laquelle les appels pour scènes de ménage sont particulièrement dangereux a été sérieusement remise en cause (Violanti, Vena et Marshall, 1986). Plus récemment, les interventions risquant le plus de déclencher des actes d’agression contre les forces de l’ordre ont été classées comme suit: arrestations; contrôles de suspects; flagrants délits de vol; scènes de ménage.

Le type de violence à laquelle les agents de police sont exposés diffère selon les pays. Les armes à feu sont plus courantes aux Etats-Unis qu’en Grande-Bretagne ou en Europe continentale. Les pays connaissant depuis peu une agitation politique peuvent voir leurs policiers exposés aux attaques d’armes de gros calibre ou d’armes automatiques de type militaire. Les blessures à l’arme blanche sont courantes partout, mais les blessures par couteau à grande lame, comme les machettes, s’observent plutôt dans les pays tropicaux.

Les policiers doivent se maintenir en excellente forme physique. Ils doivent s’entraîner à maîtriser les suspects si nécessaire et à se servir d’armes à feu et d’autres instruments tels que le gaz CS, le gaz poivré ou encore les matraques. L’équipement de protection individuelle, comme le gilet pare-balles, s’impose dans certains quartiers. De même, il est souvent essentiel que le policier puisse disposer d’un moyen de communication pour appeler des renforts. La formation la plus importante doit toutefois rester dans le domaine de la prévention. Actuellement, la police met en exergue la notion d’îlotage, l’agent de police faisant partie intégrante de la collectivité. Il faut espérer que lorsque cette philosophie remplacera le système actuel de l’incursion militaire armée dans la collectivité, les policiers auront moins besoin de porter des armes et de se protéger.

Les séquelles de la violence ne sont pas nécessairement physiques. Les affrontements violents sont extrêmement stressants, surtout lorsque l’incident a donné lieu à une lésion grave, une effusion de sang, ou a causé la mort. L’évaluation du syndrome de stress post-traumatique consécutif à de tels incidents est déterminante.

La charge émotionnelle et psychologique

Il est manifeste que le travail de policier est stressant. Pour beaucoup de policiers, la bureaucratie excessive, par rapport à l’action sur le terrain, constitue un important facteur de stress. Le travail en équipe, conjugué à l’incertitude de ce qu’il peut arriver pendant le service, crée une situation extrêmement éprouvante. A cela s’ajoute, en période de restrictions budgétaires, l’insuffisance de moyens matériels et de personnel. Les situations porteuses de violence sont éprouvantes en elles-mêmes; le stress augmente considérablement lorsque les effectifs sont tels que le policier n’a pas suffisamment de soutien ou qu’il est gravement surmené.

En outre, les fortes tensions nerveuses dues à leur travail ont été rendues responsables des difficultés conjugales, de l’abus d’alcool et des suicides enregistrés chez les policiers. Beaucoup des données étayant cette hypothèse varient d’une région à l’autre, mais il est fort possible que, dans certains cas, ces problèmes résultent du métier de policier.

On ne saurait trop insister sur la nécessité d’être attentif aux signes dénotant des problèmes liés au stress ou au syndrome de stress post-traumatique. Les maladies liées au stress peuvent prendre la forme de problèmes comportementaux, conjugaux ou familiaux ou, parfois même, d’alcoolisme ou de toxicomanie.

L’athérosclérose

De nombreuses études semblent indiquer que l’athérosclérose est plus courante chez les policiers (Vena et coll., 1986; Sparrow, Thomas et Weiss, 1983), mais d’autres démentent cette thèse. On a avancé que l’augmentation de la prévalence des cardiopathies chez les policiers était due presque entièrement au risque accru d’infarctus aigu du myocarde.

Ces résultats viennent conforter notre appréhension intuitive du phénomène, car il est bien connu qu’un effort soudain, en présence d’une cardiopathie sous-jacente, est un facteur de risque important propice à la mort subite. L’analyse fonctionnelle des tâches indique clairement qu’un policier peut, dans le cadre de ses fonctions, passer d’un travail sédentaire à une mission exigeant un effort maximal sans transition et sans préparation. En effet, les policiers exercent un métier la plupart du temps sédentaire, mais ils doivent aussi au besoin être capables de poursuivre un suspect, de l’affronter, de le saisir et de le maîtriser. Il n’est donc pas étonnant que, même s’il y a peu de différences dans la proportion d’affections coronariennes sous-jacentes entre les policiers et la population générale, le risque d’infarctus aigu, étant donné la nature du travail, puisse être nettement supérieur (Franke et Anderson, 1994).

Il faut tenir compte des caractéristiques démographiques de la population policière pour évaluer les risques de cardiopathie. Celle-ci frappe principalement les hommes d’un certain âge, qui constituent une très grande proportion des policiers. Les femmes, chez lesquelles la maladie cardiaque est beaucoup moins fréquente dans les années qui précèdent la ménopause, sont nettement sous-représentées dans la plupart des forces de police.

Si l’on veut véritablement réduire le risque cardiaque chez les policiers, il est essentiel de les soumettre à un examen régulier, effectué par un médecin connaissant bien leur travail et les risques qui lui sont associés (Brown et Trottier, 1995). Cet examen doit comporter une information et des conseils sur les facteurs de risque cardiaque. Les données disponibles permettent de penser que les programmes de promotion de la santé au travail ont des effets salutaires sur la santé des employés et que la modification des facteurs de risque cardiaque diminue les risques de mort cardiaque. Les programmes de lutte contre le tabagisme, les conseils nutritionnels, la mise en évidence d’une hypertension ainsi que le dosage et la réduction du taux de cholestérol sont autant de mesures contribuant à réduire les facteurs de risque cardiaque chez les policiers. Dans leur cas, l’exercice physique peut être particulièrement important. L’instauration d’un environnement professionnel apprenant au travailleur à bien se nourrir et à avoir un mode de vie sain, et l’encourageant dans ce sens a probable-ment un effet bénéfique.

Les pneumopathies

Les données disponibles montrent que la prévalence des pneumopathies est plus faible chez les policiers qu’au sein de la population générale. On note en revanche un taux accru de cancer des voies respiratoires. Normalement, la majorité des policiers ne sont pas plus exposés à l’inhalation de produits toxiques que les autres membres de la collectivité, mais il y a des exceptions, dont la plus notable concerne les agents des services de l’identification médico-légale, chez lesquels il semble y avoir une prévalence accrue de symptômes respiratoires, voire d’asthme professionnel (Souter, van Netten et Brands, 1992; Trottier, Brown et Wells, 1994). Le cyanoacrylate, utilisé pour révéler les empreintes digitales latentes, est un sensibilisant des voies respiratoires connu. En outre, de nombreux produits chimiques cancérogènes sont mis en œuvre régulièrement dans ce type de travail. Il est donc recommandé que les agents de l’identification médico-légale, ceux notamment qui s’occupent des empreintes digitales, se soumettent une fois par an à une radiographie pulmonaire et à une spirométrie, ainsi qu’à un examen minutieux de l’appareil respiratoire.

Même si l’usage du tabac a tendance à diminuer, de nombreux policiers continuent de fumer. C’est peut-être pour cette raison que l’on observe, selon certaines études, un risque accru de cancer du poumon et du larynx dans la profession. Le tabac est naturellement un facteur de risque majeur pour ce qui est des maladies cardiaques, et c’est aussi la principale cause de cancer du poumon. Lorsqu’un policier développe un cancer du poumon, on se demande souvent si c’est à la suite d’une exposition professionnelle, notamment aux produits cancérogènes présents dans les poudres révélatrices des empreintes digitales. Si l’intéressé fume, il sera impossible d’incriminer avec certitude une exposition professionnelle. En résumé, les maladies respiratoires ne sont pas, en règle générale, des maladies professionnelles, sauf pour les policiers de l’identification médico-légale.

Le cancer

Selon certaines études, le risque de cancer serait plus élevé chez les policiers que dans la population générale, en particulier pour les cancers de l’appareil digestif tels que le cancer de l’œsophage, de l’estomac ou du côlon, et peut-être aussi le cancer du poumon et du larynx. Le risque de cancer pour les policiers qui travaillent dans les services de l’identification médico-légale et dans les laboratoires judiciaires a été brièvement évoqué ci-dessus. Il faudrait également aborder la question fort controversée du lien éventuel entre l’utilisation de radars pour détecter les excès de vitesse et le cancer des testicules chez les policiers.

Les données selon lesquelles il y aurait un risque accru de cancer de l’appareil digestif sont peu abondantes, mais c’est une question qui mérite d’être examinée attentivement. Pour ce qui est du cancer du poumon et de l’œsophage, on voit mal comment le travail de policier pourrait accroître le risque. On sait que le tabac augmente le risque de cancer du poumon et du larynx et que de nombreux policiers continuent de fumer. L’alcool, notamment le whisky, est connu pour augmenter le risque de cancer de l’œsophage. Or, les policiers ont un travail extrêmement stressant, et certaines études indiquent qu’ils recourent parfois à l’alcool pour atténuer la tension et le stress.

L’étude mettant en évidence un risque accru de cancer de l’appareil digestif a également révélé une incidence augmentée du cancer des systèmes lymphatique et hématopoïétique, mais seulement dans un groupe, le risque global n’étant pas élevé. Etant donné cette distribution très particulière et le petit nombre de cas concernés, il pourrait très bien s’agir d’une aberration statistique.

Le risque de cancer chez les policiers de l’identification médico-légale et des laboratoires judiciaires a été examiné. Les toxicités attendues résultant d’une faible exposition chronique à divers produits chimiques dépendent du niveau d’exposition et du port d’un équipement de protection individuelle. Les policiers subissent désormais un examen médical annuel mis au point en fonction de ces expositions et adapté aux risques qu’elles comportent. Selon des études, il pourrait y avoir chez les policiers une augmentation des risques de cancer de la peau, y compris de mélanomes. Rien ne permet de conclure à un lien avec l’exposition au soleil de certains policiers travaillant sur le terrain.

La question des cancers résultant d’une exposition aux micro-ondes émises par les radars a donné lieu à une vive controverse. On ne peut nier que certains types de cancers sont fréquents chez les policiers exposés (Davis et Mostofi, 1993). Le principal souci vient essentiellement des radars manipulés à la main, mais des travaux portant sur des populations importantes réfutent tout risque de cancer lié à ces appareils. On avait notamment affirmé que le cancer des testicules était dû à cette exposition, avec un risque maximal lorsque le radar manuel était allumé et posé sur les genoux du policier, entraînant une dose cumulée importante aux testicules à long terme. Mais il n’est pas prouvé que ce type d’exposition provoque le cancer. En attendant, il est recommandé d’installer ces radars à l’extérieur du véhicule, de ne pas les orienter vers les policiers, de ne pas s’en servir à l’intérieur d’un fourgon, de les éteindre lorsqu’ils ne sont pas utilisés et de faire régulièrement une recherche de fuite éventuelle de micro-ondes. En outre, l’examen médical périodique des policiers doit comprendre une palpation minutieuse des testicules.

Les dorsalgies

Les douleurs lombaires sont une des principales causes d’absentéisme dans le monde occidental, notamment chez les hommes d’âge moyen. Les facteurs prédisposant aux lombalgies chroniques sont multiples et certains, comme le tabagisme, semblent difficiles à comprendre.

Tout indique que les personnes qui conduisent des véhicules dans le cadre de leur activité professionnelle courent beaucoup plus de risques que les autres de souffrir de lombalgies. Cela est vrai des policiers pour lesquels la conduite constitue une partie importante du travail quotidien. La majorité des voitures de police sont toujours équipées de leurs sièges d’origine. Il existe bien diverses ceintures et prothèses susceptibles de soutenir la région lombaire, mais le problème demeure.

Les affrontements physiques peuvent jouer un rôle dans l’apparition des douleurs dorsales, de même que les accidents de voiture, en particulier s’ils mettent en cause des voitures de police. Certains équipements, comme les épaisses ceintures de cuir munies d’un harnachement lourd, peuvent aussi être à l’origine de dorsalgies.

Il ne faut pas oublier que le stress peut accélérer l’apparition de douleurs dorsales, ou les exacerber, et que certains policiers considèrent qu’il est plus acceptable, pour demander un congé maladie, d’invoquer un mal de dos que le besoin de se remettre d’un stress émotionnel.

Il ne fait aucun doute que des exercices visant à entretenir la souplesse et à renforcer les muscles du dos peuvent améliorer sensiblement la capacité fonctionnelle et atténuer les symptômes. Il existe de nombreux systèmes de classification des douleurs dorsales, à chacun desquels correspond une intervention précise mise en œuvre dans le cadre des programmes spécifiques de renforcement des muscles. Il est important de rechercher la symptomatologie propre aux policiers et de trouver l’intervention et le traitement appropriés. Cela suppose un examen périodique par des médecins compétents et capables d’agir efficacement et rapidement. Il est tout aussi essentiel pour les policiers de se maintenir en bonne forme physique pour éviter une incapacité due à ce syndrome courant et coûteux.

Les risques biologiques

Selon certains rapports, des policiers auraient contracté le sida dans l’exercice de leurs fonctions. En mai 1993, la police fédérale américaine (Federal Bureau of Investigations (FBI)), aux Etats-Unis, déclarait que sept cas avaient été enregistrés en dix ans (Bigbee, 1993). On notera d’abord que c’est là un nombre étonnamment faible pour une pareille durée et pour l’ensemble du pays. On observera ensuite que le lien allégué entre la maladie et la profession de policier a été controversé. Cela dit, il est tout à fait possible d’être contaminé par le VIH quand on exerce ce métier.

Comme il n’existe pas de remède contre le sida, ni de vaccin, la meilleure protection demeure la prévention. Il faut porter des gants en latex toutes les fois qu’il y a un risque de contact avec du sang ou avec des objets contaminés par du sang. Cette précaution est particulièrement importante en cas de plaie sur les mains.

Toute plaie ouverte ou coupure, chez un policier, doit être recouverte d’un pansement occlusif tant qu’il est en service. Les aiguilles et seringues doivent être manipulées avec le plus grand soin et transportées dans des récipients spéciaux, conçus de manière à ne pouvoir être transpercés. Il faut éviter les objets pointus et tranchants et manipuler les pièces à conviction coupantes avec toutes les précautions voulues, surtout lorsqu’elles sont souillées de sang frais. On devrait, dans la mesure du possible, les ramasser avec des instruments et non à la main.

Les policiers devraient porter des gants en latex et un masque isolant lorsqu’ils tentent de réanimer une personne et toujours porter des gants en latex lorsqu’ils rendent les premiers secours. Il faut toutefois savoir que le risque d’être contaminé par le VIH lors d’une tentative de réanimation est très faible.

Certaines pratiques traditionnelles devraient également être évitées. Ainsi, la fouille par palpation comporte des risques et beaucoup de policiers, à cette occasion, ont été blessés par des aiguilles. Il est dangereux aussi de fouiller à mains nues les récipients, les sacs ou même les poches. Le policier doit vider tous les récipients sur une surface plane afin d’en examiner visuellement le contenu. De même, il faut éviter de passer la main sous les sièges des voitures ou entre l’assise et le dossier d’un canapé ou d’un fauteuil. Il vaut mieux démonter des meubles que chercher à tâtons dans des endroits qui risquent de dissimuler des aiguilles ou des seringues. Les gants en latex ne protègent pas contre les blessures par piqûre.

Une protection oculaire et un masque facial peuvent être utiles si l’on estime qu’il risque d’y avoir des projections de liquides organiques, comme la salive ou le sang. Il faut prévoir un système pour l’évacuation sans risque du matériel de protection individuelle et un dispositif pour le lavage des mains. Comme peu de voitures de police disposent d’eau courante et d’un lavabo, il faut fournir aux policiers des solutions de lavages préemballées. Enfin, il faut se demander comment agir si, malgré toutes ces précautions, un policier a été exposé au VIH par voie percutanée. La première chose à faire, après avoir nettoyé la plaie, est de chercher à savoir si la source de l’exposition est vraiment positive vis-à-vis du VIH. Une telle vérification n’est pas toujours possible. Deuxièmement, il est impératif que le policier soit informé des véritables risques d’infection. Beaucoup de personnels non médicaux estiment le risque bien supérieur à ce qu’il est en réalité. Troisièmement, le policier doit être informé de la nécessité de passer de nouveaux tests de dépistage au cours des six, voire neuf mois qui suivent l’exposition, pour être sûr qu’il n’a pas été infecté. Des mesures doivent être prises, pendant six mois au moins, pour éviter la contamination du (des) partenaire(s) sexuel(s). Enfin, il convient d’envisager une prophylaxie postexposition. Des données de plus en plus nombreuses indiquent que l’administration de médicaments antiviraux peut contribuer à réduire le risque de séroconversion après une exposition percutanée. Cette question est abordée dans le chapitre no 97, «Les établissements et les services de santé», de l’Encyclopédie. De plus, comme le domaine de la prophylaxie fait l’objet de recherches extrêmement poussées, il convient de consulter régulièrement les références les plus récentes pour être sûr d’adopter la démarche la plus appropriée.

De nombreux rapports signalent des cas d’hépatite chez des personnels des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions. Le risque quantitatif n’est pas très élevé par rapport aux autres professions, mais il est bien réel et la maladie doit être considérée comme une maladie professionnelle possible. L’approche préventive de l’infection au VIH décrite ci-dessus s’applique tout aussi bien à l’hépatite B transmise par le sang. Comme l’hépatite B est beaucoup plus contagieuse que le sida et qu’elle comporte un plus grand risque de maladie ou de décès à court terme, le respect des précautions universelles s’impose avec d’autant plus de vigueur.

Il existe un vaccin efficace contre l’hépatite B et tous les policiers, quelles que soient leurs fonctions, devraient être vaccinés. Les policiers peuvent également être exposés à d’autres maladies, comme l’hépatite C, la tuberculose et les maladies à transmission aérienne.

LES AGENTS DE SÉCURITÉ: DÉVELOPPEMENT ET APERÇU DE LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL EN ALLEMAGNE

Manfred Fischer

En Allemagne, le besoin croissant de sécurité, par suite de la progression générale des activités criminelles, de l’ouverture des frontières à l’Est et au sein de l’Union européenne, ainsi que du rattachement de l’ex-République démocratique allemande, s’est traduit par une multiplication disproportionnée des sociétés privées de gardiennage et de sécurité et de leurs effectifs.

Au début de 1995, on recensait plus de 1200 sociétés de gardiennage et de sécurité, employant plus de 155 000 personnes. Les entreprises moyennes ont, pour la plupart, entre 20 et 200 agents. Mais il en existe aussi qui comptent moins de 10 employés et d’autres plusieurs milliers. Les fusions de sociétés dans ce secteur sont de plus en plus courantes.

C’est l’inspection du travail qui est responsable de l’assurance accident obligatoire pour ces entreprises et leurs employés.

La réglementation en matière de prévention des accidents

L’origine et le champ d’application de la réglementation en matière de prévention des accidents

Avec l’augmentation du nombre d’accidents, la réglementation en matière de prévention des accidents, qui régissait les services de gardiennage et de sécurité (VBG 68) et était en vigueur depuis mai 1964, s’est trouvée dépassée. Elle a donc été profondément remaniée, avec la participation de représentants des employeurs et des travailleurs concernés, des compagnies d’assurances, des chambres de commerce et d’industrie, de même que des représentants du ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales, des services d’inspection du travail et de police des Länder, du ministère fédéral de la Défense, du Bureau fédéral des affaires criminelles, d’autres institutions et d’une commission spécialisée. Cette dernière est un organe du bureau central des services d’hygiène et de sécurité de la chambre de commerce et d’industrie, sous la responsabilité du service de l’inspection du travail.

La nouvelle réglementation en matière de prévention des accidents est entrée en vigueur le 1er octobre 1990, après des consul-tations qui ont duré plusieurs années. Elle constitue la norme légale pour tous les employeurs et les employés des sociétés de gardiennage et de sécurité. Les services de gardiennage et de sécurité qui visent à protéger les personnes et les biens comprennent:

Les responsabilités générales de l’employeur

L’employeur ou son agent ne peuvent recruter que des personnes qualifiées et suffisamment formées pour l’activité de gardiennage ou de sécurité demandée. Ces qualifications sont consignées par écrit.

Le comportement du personnel, y compris l’obligation de notifier les défaillances ou les dangers particuliers, doit faire l’objet d’instructions de service détaillées.

Si l’on constate que le travail de gardiennage et de sécurité crée des dangers spécifiques, il faut assurer une supervision adéquate du personnel.

Les tâches de surveillance et de gardiennage ne devraient être assumées qu’une fois que les dangers évitables dans la zone de travail ont été éliminés ou maîtrisés. Pour ce faire, il faut consigner par écrit la portée et le déroulement de la mission de sécurité, y compris les activités auxiliaires connues.

Par des inspections, l’employeur ou son agent doivent s’assurer, indépendamment des obligations qui incombent à leur client, que tous les dangers inhérents à la propriété dont il doit garantir la sécurité ont été répertoriés. Ces inspections doivent avoir lieu régulièrement et toutes les fois que la situation l’exige, et faire l’objet d’un compte rendu.

L’employeur ou son agent doivent demander à leur client d’éliminer les risques qui peuvent être prévenus ou de sécuriser les endroits dangereux. Dans l’intervalle, des règles devraient être définies pour garantir autrement la sécurité du personnel de gardiennage et de sécurité. Les zones dangereuses qui ne peuvent être protégées correctement doivent être exclues de la surveillance.

Il faut donner au personnel de gardiennage et de sécurité des informations sur les biens à protéger et sur les dangers spécifiques que cela comporte pendant la période où s’exercera la surveillance.

Le personnel de gardiennage et de sécurité doit être pourvu du matériel et des moyens nécessaires, notamment de chaussures appropriées, de torches éclairant bien dans l’obscurité, ainsi que d’un équipement de protection individuelle en bon état, si nécessaire. Il doit être formé à l’usage de ce matériel. Le matériel et l’équipement qu’il doit porter ne doivent pas entraver exagérément sa liberté de mouvement, surtout celle des mains.

Les obligations générales du travailleur

Les travailleurs doivent se conformer aux mesures de sécurité du travail et observer les instructions de service. Ils ne doivent en aucun cas suivre une directive du client qui serait contraire aux instructions de sécurité.

Ils doivent rendre compte à leur employeur ou à son agent de toutes les défaillances et des dangers qu’ils découvrent, ainsi que des mesures correctrices qu’ils prennent.

Les travailleurs doivent employer correctement l’équipement et le matériel qui leur sont fournis. Ils ne peuvent utiliser d’installations ou entrer dans des locaux sans autorisation.

Les travailleurs ne doivent pas prendre de boissons alcooliques ni d’autres substances toxiques dans l’exercice de leurs fonctions. Cette consigne est également valable pendant une période raisonnable qui précède leur prise de poste; ils doivent arriver à jeun.

Les employés qui doivent porter des verres correcteurs ou des lentilles de contact pendant leur mission de surveillance doivent veiller à ne pas les perdre et à apporter une paire de rechange.

Le recours aux chiens

En général, seuls les chiens qui ont été mis à l’épreuve et approuvés par des maîtres-chiens compétents et dûment agréés peuvent être retenus pour le travail de gardiennage et de sécurité. Les autres ne doivent être employés que pour donner l’alerte, et lorsqu’ils sont sous le contrôle de leur maître, mais pas pour d’autres tâches de sécurité. Il ne faut en aucun cas recourir à des chiens méchants ou qui ne sont plus suffisamment compétents.

Il importe de ne pas trop exiger des chiens. Les maîtres-chiens doivent recevoir une formation théorique et pratique adéquate, tenant compte des recherches effectuées sur le comportement animal. Il convient de fixer une durée de service correcte, des temps de repos minimaux et la durée totale des jours de travail.

La compétence du maître-chien doit être vérifiée régulièrement. S’il n’est plus suffisamment qualifié, il faut lui retirer son habilitation.

Pour que la conduite des chiens se fasse sans heurt et en toute sécurité, il convient de définir des règles régissant le contact avec les chiens, la relève du maître-chien, la mise en laisse et le lâcher des chiens, l’utilisation des mêmes mots d’ordre par les différents maîtres-chiens, la manipulation de la laisse et la conduite à tenir lorsque les maîtres-chiens croisent des tierces personnes.

L’état et l’équipement des chenils, ainsi que l’autorisation d’y accéder, font l’objet d’exigences minimales.

Lors du transport de chiens, une séparation doit être maintenue entre l’espace des animaux et celui des passagers. Chaque chien doit disposer de son propre espace et il ne faut en aucun cas utiliser le coffre des voitures à cet effet.

Les armes à feu

Les employés ne peuvent être équipés d’une arme que sur instructions expresses de l’employeur ou de son représentant, conformément à toutes les dispositions légales relatives au port d’arme et à la condition que le porteur de l’arme soit digne de confiance, bien entraîné et compétent.

Les porteurs d’armes doivent s’exercer régulièrement dans des champs de tirs agréés et faire la preuve de leur aptitude et de leurs connaissances. Les cartons de tirs doivent être conservés. Si un employé ne satisfait plus aux conditions requises, son arme doit lui être confisquée.

Seules peuvent être utilisées des armes à feu officiellement testées et approuvées. Elles doivent être testées par des experts, périodiquement et dès qu’une anomalie est suspectée; elles doivent être réparées par des spécialistes dûment agréés.

Les personnels de gardiennage et de sécurité ne doivent ni détenir ni utiliser des armes tirant des cartouches à blanc ou au gaz. En cas de confrontation avec des criminels armés, ces armes procurent un sentiment trompeur de sécurité pouvant conduire à des situations extrêmement dangereuses sans la possibilité d’autodéfense.

Des règlements stricts garantissent l’utilisation des armes à feu, le port, le transport, le chargement et le déchargement ainsi que l’entreposage sûrs et sans erreur d’armes à feu et de munitions.

Le transport de fonds et d’objets précieux

Compte tenu du risque élevé de vol, il faut prévoir au moins deux convoyeurs pour tout transport de fonds dans les lieux accessibles au public. L’un d’eux doit être exclusivement en charge de la sécurité. Cette règle s’applique aussi aux déplacements entre les véhicules de transport de fonds et les lieux où les fonds sont collectés ou déposés.

Des exceptions ne sont autorisées que: 1) si des personnes non averties ne peuvent deviner au vu de la tenue ou de l’équipement du personnel, du véhicule utilisé, de l’itinéraire emprunté ou du déroulement de l’opération, qu’il s’agit d’un transport de fonds; 2) si l’incitation au vol est fortement atténuée du fait d’un dispositif technique qui doit être clairement reconnaissable par tous; et 3) si seules des pièces de monnaie sont transportées et que cela est facile à voir par quiconque du fait du comportement des convoyeurs et du déroulement de l’opération.

L’expression «moyen technique atténuant considérablement l’incitation au vol» désigne, par exemple, des dispositifs solidement fixés au conteneur de transport de fonds, de façon permanente ou pendant la durée du transport, et qui, en cas d’attaque, déclenchent automatiquement une alarme optique, immédiatement ou après une durée programmée en émettant une fumée colorée. Des dispositifs supplémentaires, comme les alarmes acoustiques simultanées, sont recommandés.

La conception, la forme, la taille et le poids des conteneurs de transport de fonds doivent être tels qu’ils soient faciles à porter. Ils ne doivent pas être attachés au convoyeur, cette solution rendant l’opération plus dangereuse pour lui.

Les véhicules qui servent aux transports de fonds devraient être spécialement conçus. Ils sont suffisamment sûrs lorsque leur fabrication et leur équipement satisfont aux critères fixés par la réglementation sur la prévention des accidents «véhicules» (VBG 12) et notamment aux règles de sécurité pour les véhicules de transport de fonds (ZH1/209).

Le transport de fonds dans des véhicules non sécurisés n’est autorisé que dans le cas d’un transport de pièces de monnaie, et il faut que cela soit visible ou au contraire impossible à détecter. Rien ne doit alors indiquer qu’il y a transport de fonds, ni la tenue ou l’équipement des convoyeurs, ni la construction, l’équipement ou le marquage du véhicule utilisé.

Il faut varier les horaires et les itinéraires, ainsi que les lieux de chargement et de déchargement. Pendant le chargement et le déchargement dans des lieux publics, une personne au moins doit se trouver en permanence à l’intérieur du véhicule, dont les portes doivent rester verrouillées.

Les centrales d’alarme et les chambres fortes

Les centrales d’alarme et les chambres fortes doivent être protégées de façon satisfaisante contre toute attaque. Les exigences minimales en matière de sécurité et d’équipement sont celles édictées dans la réglementation sur la prévention des accidents «guichets» (VBG 120), qui régit les établissements de crédit et les bureaux de change manipulant des espèces.

Observations finales

Toute tentative d’améliorer la sécurité a ses limites. Cela est particulièrement manifeste dans le cas des activités de gardiennage et de sécurité. Alors que dans d’autres domaines des mesures et des améliorations structurelles donnent de bons résultats, elles ne jouent ici qu’un rôle secondaire. En fait, on ne peut améliorer sensiblement les choses dans ce domaine qu’en modifiant la structure organisationnelle de l’entreprise et le comportement des personnes. La nouvelle réglementation de la prévention des accidents «Services de gardiennage et de sécurité» (VBG 68), qui peut sembler à première vue excessive et trop détaillée, prend tout particulièrement en compte cette constatation fondamentale.

Il n’est donc pas surprenant de constater que depuis l’entrée en vigueur de cette réglementation le nombre d’accidents et de maladies professionnelles soumis à déclaration, dans les sociétés privées de gardiennage et de sécurité, a diminué d’environ 20%, malgré l’augmentation générale de la criminalité. Certaines entreprises qui ont appliqué consciencieusement cette réglementation et ont pris en outre des mesures supplémentaires de sécurité fondées sur une série de critères en vigueur ont même enregistré une baisse de la fréquence des accidents du travail et des maladies professionnelles allant jusqu’à 50%. Il en a été ainsi en particulier dans le cas de l’utilisation de chiens.

Par ailleurs, l’ensemble des mesures prises a entraîné une réduction des primes obligatoires d’assurance accident auxquelles sont assujetties les sociétés de gardiennage et de sécurité, malgré la hausse des coûts.

D’une façon générale, il est clair que l’on ne peut obtenir des comportements sûrs, à long terme, qu’au moyen de normes et de règlements précis, et au prix d’une formation et de contrôles permanents.

LES FORCES ARMÉES

Joel C. Gaydos, Richard J. Thomas, David M. Sack et Relford E. Patterson

Les pays entretiennent une armée à des fins de dissuasion pour diminuer les risques de conflit et, au besoin, être prêts à faire la guerre et à la gagner. Les forces armées remplissent aussi des rôles non belligérants désignés comme «engagements du temps de paix» ou opérations autres que missions de guerre. Elles comprennent les missions humanitaires, comme l’aide d’urgence en cas de catastrophe; les opérations de rétablissement et de maintien de la paix; la lutte contre la drogue et contre le terrorisme; et l’assistance en matière de sécurité.

Les hommes et les femmes employés dans les forces armées travaillent sous la mer, sur des navires, en l’air, sur tous les terrains imaginables, par des températures extrêmes et à de hautes altitudes. Beaucoup d’emplois militaires exigent l’entretien des compétences nécessaires pour se servir des matériels à usage spécifiquement militaires (tels que sous-marins, avions de chasse, chars d’assaut, etc.) contre un ennemi armé. L’armée compte également un grand nombre de personnels sans uniforme chargés d’exécuter des activités de maintenance et de récupération, tout comme d’accomplir des tâches administratives, médicales ou autres pour soutenir les combattants.

Chaque militaire entretient ses compétences de base — par exemple, son adresse au tir — et veille à conserver une très bonne forme physique pour pouvoir bien réagir en situation de combat. Des programmes d’exercices sont appliqués systématiquement pour améliorer et entretenir la résistance et la capacité aérobie des personnels, mais un recours excessif ou inconsidéré à ceux-ci peut entraîner de graves blessures.

En plus des risques inhérents à leur métier, les personnels en uniforme sont souvent plus exposés aux maladies infectieuses. Le fait de suivre un entraînement de base dans un camp et de vivre dans un espace clos, par exemple sur un navire, peut contribuer à l’apparition d’affections respiratoires aiguës et d’autres maladies infectieuses. Le bruit est un problème omniprésent. En outre, dans de nombreuses parties du monde, le personnel peut encourir un risque de contamination par la nourriture et l’eau et être exposé à des vecteurs de maladies transmettant des agents protozoaires, viraux et bactériens.

L’armée fait appel à de nombreux civils pour ses travaux de recherche-développement ainsi que pour les services de maintenance, l’administration et d’autres fonctions de soutien. Certains sont rémunérés par l’armée, d’autres sont employés par des entreprises sous-traitantes. Autrefois, les employés civils n’accompagnaient pas les militaires dans les zones d’hostilités. Depuis peu, ils remplissent de nombreuses fonctions de soutien à proximité immédiate des forces déployées et peuvent donc encourir les mêmes risques professionnels et environnementaux.

Les installations fixes

Dans bien des installations militaires fixes (dépôts de réparation, bureaux et hôpitaux), les personnels en uniforme et les civils ont des activités analogues à celles que l’on exerce en milieu non militaire: peinture, dégraissage, soudure, meulage, emboutissage, galvanoplastie, manipulation de liquides hydrauliques, de carburants et de produits de nettoyage, utilisation de micro-ordinateurs et prise en charge de patients atteints de maladies infectieuses. Mais l’exécution d’activités industrielles dans un espace clos à bord d’un navire ou d’un sous-marin, ou dans un véhicule blindé, augmente le risque de surexposition à des substances toxiques. De plus, certaines tâches doivent être accomplies par des plongeurs à des profondeurs diverses.

Dans certaines installations fixes, on met au point, fabrique, entretient ou stocke des produits et des matériels spécifiquement militaires: gaz moutarde et agents neurotoxiques; explosifs; propulseurs et carburants spéciaux (nitrate d’hydroxylammonium); télémètres et marqueurs de cible à laser; sources d’émission de micro-ondes pour les radars et les télécommunications; rayonnements ionisants émanant de munitions, de blindés et de centrales nucléaires. Les matériaux composites, que l’on ne rencontre pas seulement dans le matériel militaire, y sont néanmoins courants. Lorsque ce dernier commence à dater, les travailleurs peuvent être exposés à des biphényles polychlorés près des réseaux électriques, à de l’amiante dans le garnissage calorifuge des tuyaux de vapeur, et à des peintures au plomb.

La spécificité du milieu de travail militaire

Le personnel des forces armées est toujours de service, mais la hiérarchie s’efforce de maintenir des cycles travail-repos accepta-bles. Comme les batailles ne se déroulent pas selon des calendriers préétablis, les militaires suivent un entraînement correspondant aux combats qu’ils s’attendent à mener. En période d’entraînement intensif, la fatigue et le manque de sommeil sont courants. Les choses empirent lorsque les personnels sont transportés rapidement sur plusieurs fuseaux horaires et doivent remplir leurs fonctions dès leur arrivée. Dans toutes les opérations militaires, notamment dans celles de grande envergure sur des zones très étendues où interviennent les forces aériennes, terrestres et maritimes de différents pays, il est capital d’assurer une coordination et des communications efficaces entre les divers éléments pour réduire le risque d’accidents, comme par exemple de tirer sur une cible amie. Il y a une augmentation du stress si la nature des opérations conduit à de longues séparations familiales ou s’il existe des probabilités d’action hostile.

Les forces navales

Sur les navires, l’exiguïté des espaces, les nombreuses échelles et portes et les couloirs étroits à proximité de machines en mouvement présentent des dangers. Les espaces clos limitent également les mouvements pendant le travail, ce qui favorise les blessures à caractère ergonomique (voir figure 95.4). Dans les sous-marins, la qualité de l’air est une préoccupation majeure qui exige une surveillance constante et la limitation des contaminants inutiles. Dans tous les environnements militaires où se trouvent des centrales nucléaires, des armes nucléaires ou d’autres matières radioactives, les expositions sont évaluées, des mesures de prévention sont prises et une surveillance est assurée au besoin.

Figure 95.4 Sur les porte-avions, le personnel de pont d'envol travaille à
proximité immédiate des avions à réaction et des hélicoptères, avec tous les
risques d'accidents et d'exposition aux produits de combustion provenant de
l'échappement des moteurs ainsi qu'au bruit

Figure 95.4

L’armée de l’air

Les opérations aériennes s’effectuent au moyen d’appareils à ailes fixes ou à voilure tournante (hélicoptère). Les équipages militaires ne courent pas les mêmes risques que leurs homologues civils. Beaucoup d’aéronefs militaires sont spéciaux de par leur conception, leurs caractéristiques de vol et le type de mission qu’ils peuvent remplir. Les équipages sont fréquemment exposés à des accélérations excessives (centrifuges et gravitationnelles), au mal de décompression, à une perturbation du rythme circadien à la suite de longues missions ou d’opérations de nuit et à une désorientation spatiale. Les vibrations créées par l’appareil ou par les turbulences atmosphériques peuvent altérer la vision, engendrer le mal des transports, produire de la fatigue et contribuer à l’apparition de lombalgies, en particulier chez les pilotes d’hélicoptère. L’exposition aux produits de combustion provenant de l’échappement des moteurs, la surchauffe ou la combustion de composants de l’appareil peuvent présenter un risque toxique si l’avion est endommagé pendant le combat. La fatigue est une préoccupation majeure lorsque les opérations en vol se prolongent ou se déroulent sur de longues distances. La désorientation spatiale et les troubles de perception de l’altitude et du mouvement de l’appareil peuvent provoquer des accidents, en particulier dans les vols à grande vitesse à très basse altitude. Le personnel au sol peut être appelé à faire le plein et des travaux d’entretien (souvent pendant que les moteurs tournent) en des temps très courts et dans des conditions de travail difficiles.

Les militaires emploient beaucoup l’hélicoptère comme système d’arme et plate-forme d’observation à basse altitude, ainsi que comme véhicule d’évacuation médicale et véhicule utilitaire. Ces aéronefs à voilure tournante utilisés pour des types de missions déterminées font courir des risques physiques et ont des effets physiologiques très particuliers pour les équipages. Les hélicoptères, qui peuvent certes voler tout en se déplaçant vers l’avant, latéralement ou vers l’arrière, constituent néanmoins des plates-formes foncièrement instables. En conséquence, leur équipage doit rester concentré en permanence, avoir une vue exceptionnelle et une excellente coordination de mouvement pour conserver le contrôle de l’appareil et éviter les collisions avec le terrain et d’autres obstacles lors des vols à basse altitude. La fatigue est une grande préoccupation pour les équipages qui effectuent des vols prolongés, un grand nombre de missions courtes ou des vols à basse altitude, voire au ras du sol, c’est-à-dire aussi près du terrain que le permettent la vitesse et les caractéristiques de l’appareil. Les vols nocturnes à basse altitude sont particulièrement difficiles. Dans l’armée et dans la police, les pilotes d’hélicoptère doivent fréquemment porter des lunettes de vision nocturne, mais celles-ci peuvent limiter la perception du relief, le champ de vision et la différenciation des couleurs. Les moteurs, la transmission et le rotor des hélicoptères produisent des fréquences vibratoires spécifiques qui peuvent altérer l’acuité visuelle et contribuer à la tension et à la fatigue musculaires. Ces composants de l’appareil sont aussi des sources de bruits intenses qui peuvent perturber les communications dans le cockpit et qui favorisent les déficits auditifs. Le blindage des éléments bruyants, l’installation de panneaux d’insonorisation dans le cockpit ou la cabine et des protecteurs de l’ouïe contribuent à réduire ce risque. Etant donné les plus basses altitudes auxquelles volent les hélicoptères, le stress thermique peut poser un problème particulier pour les équipages. Les écrasements d’hélicoptère, le plus souvent, se font par chute verticale, souvent à une vitesse de déplacement relativement faible (contrairement aux aéronefs à ailes fixes dont le vol est longitudinal). Les fractures de la colonne vertébrale par tassement et les fractures de la base du crâne sont des lésions fréquentes chez les victimes d’un écrasement. Parmi les dispositifs techniques permettant de prévenir les blessures et de limiter leur gravité figurent les casques de protection, les circuits carburant à l’épreuve des impacts, la consolidation des cockpits pour prévenir la pénétration de l’ensemble rotor ou de la transmission, ainsi que des sièges spéciaux et des systèmes de retenue munis de dispositifs amortisseurs.

L’armée de terre

Les troupes au sol tirent avec leurs fusils, au canon et avec des lance-roquettes et elles se déplacent à bord de véhicules sur des terrains accidentés. Elles doivent parfois opérer sous le couvert de fumées produites au moyen d’huile fumigène, de gazole ou d’autres substances chimiques (voir figure 95.5). Elles sont fréquemment exposées au bruit, à la surpression du souffle de gros canons, à des vibrations et aux produits de combustion de propergol. Quant aux risques de lésions oculaires d’origine balistique, ils peuvent être évités par le port de lunettes protectrices. Les risques d’effets sur la santé augmentent lorsqu’on tire des roquettes ou de gros obus depuis des lieux clos tels que des immeubles. Les compartiments de l’équipage, dans les véhicules blindés, sont des espaces confinés où la concentration de monoxyde de carbone après un tir peut atteindre des milliers de parties par million et requiert un système de ventilation efficace. Le stress thermique, dans certains véhicules, peut nécessiter l’emploi de blousons réfrigérants. Les soldats peuvent également souffrir de la chaleur lorsqu’ils doivent porter des vêtements spéciaux, une cagoule ou un masque pour se protéger contre des attaques par agents chimiques et biologiques. Ces moyens de protection individuelle peuvent être à l’origine d’accidents, car ils gênent la vue et la mobilité. Dans les hôpitaux de campagne, la lutte contre les infections et le confinement des gaz anesthésiques résiduels sont autant de défis particuliers.

Figure 95.5 Fumigateur mécanisé produisant par évaporation de chaleur un rideau
de brouillard d'huile fumigène. Cette dernière peut constituer un risque de glissade

Figure 95.5

Toutes sortes d’armes permettent d’infliger des blessures et des maladies à l’ennemi. Les armes classiques font des victimes au moyen de projectiles et d’éclats grâce à leur effet de souffle (qui peut entraîner des contusions pulmonaires), ainsi qu’à cause du napalm ou du phosphore qu’elles contiennent (dans le cas des lance-flammes et des appareils incendiaires). Les lasers peuvent causer des lésions oculaires accidentelles ou lorsqu’ils sont utilisés comme armes offensives. D’autres systèmes d’armes utilisent des substances biologiques, comme les spores de l’infection charbonneuse, ou des substances chimiques telles que les agents anticholinestérasiques.

L’utilisation massive des mines révolte l’opinion en raison des victimes qu’elles font parmi la population civile. Au sens strict, une mine se définit comme un engin explosif conçu pour être enterré. Dans la pratique, une mine est n’importe quel explosif dissimulé qui peut sauter au passage d’un ennemi ou d’un ami, d’un civil ou d’un animal. On distingue les mines antimatériel et les mines antipersonnel. Les premières visent les véhicules militaires et peuvent contenir de 5 à 10 kg d’explosifs, mais requièrent une force de compression d’au moins 135 kg pour être activées. Les secondes sont faites pour mutiler plus que pour tuer. Il suffit de moins de 0,2 kg d’explosif enfoui dans le sol pour arracher un pied. Les particules de poussières qui entourent une mine se transforment en projectiles qui infectent considérablement les plaies. Le rayon d’action de ces armes a été étendu avec l’arrivée des mines du type «bondissant». Celles-ci comportent une petite charge explosive qui projette la mine à une hauteur d’environ 1 m. Elle éclate immédiatement en répandant des fragments sur une distance de 35 m. Certaines mines modernes, comme la mine «Claymore», peuvent être déclenchées électriquement, à l’aide d’un fusible retardateur ou d’un câble de détonateur, et projeter des centaines de billes d’acier pesant chacune 0,75 g dans un arc de 60° jusqu’à 250 m de distance. Dans un rayon de 50 m, les mutilations graves et les blessures mortelles sont courantes.

Divers agents chimiques sont employés en temps de guerre. C’est ainsi qu’au Viet Nam on a utilisé des herbicides (l’acide 2,4-dichlorophénoxyacétique mélangé à l’acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique, également appelé agent Orange) pour s’assurer la maîtrise du terrain. Certains produits chimiques (comme les gaz lacrymogènes) sont employés comme agents incapacitants pour produire des effets passagers soit physiques, soit mentaux, voire les deux. D’autres produits chimiques, extrêmement toxiques, peuvent entraîner des lésions graves ou la mort. Entrent dans cette catégorie les agents anticholinestérasiques (tabun, sarin, etc.), les agents vésicants (comme la moutarde et les arsenicaux), ceux qui attaquent les poumons ou les agents «suffocants» (phosgène, chlore, etc.) et les agents sanguins qui bloquent les processus d’oxydation (tels que le cyanure d’hydrogène et le chlorure de cyanogène).

En dehors des conflits armés, les sources potentielles d’exposition à des agents chimiques comprennent: les actes terroristes; les sites d’entreposage d’anciens produits chimiques à usage militaire dont les conteneurs ne sont plus étanches; les sites de destruction de stocks militaires de produits chimiques par incinération ou par d’autres moyens; et la mise au jour accidentelle de sites oubliés d’élimination par enfouissement de produits chimiques.

Le système de santé

Dans les forces armées comme dans le civil, les soins de santé sont axés sur la prévention. On fait souvent appel à du personnel médical pendant la mise au point des véhicules et des équipements militaires afin d’identifier les risques potentiels que présentent ces derniers pour la santé des utilisateurs et du personnel d’entretien et de pouvoir ainsi les maîtriser. La formation et les guides destinés aux utilisateurs ainsi que les programmes d’éducation traitent des mesures de protection contre les risques. Les soins médicaux comprennent, outre les soins de base et les services d’urgence, un premier examen médical, suivi d’un contrôle périodique, des actions d’éducation sanitaire et de promotion de la santé, et l’évaluation de l’incapacité. Des équipes médicales participent également aux enquêtes sur les accidents. Lorsque des personnels sont envoyés dans des secteurs présentant de nouveaux risques pour la santé, on procède à leur évaluation pour identifier les menaces et déterminer les mesures à prendre: vaccination, prophylaxie, moyens de protection individuelle et programmes éducatifs.

Le personnel médical qui dispense des soins préventifs et primaires aux militaires doit bien connaître les caractéristiques des armes utilisées pendant l’entraînement et sur le champ de bataille pour prévoir le type de blessés et se préparer à les traiter, pour prendre des mesures préventives susceptibles de réduire la morbidité et la mortalité, et pour fournir des soins appropriés le moment venu. Les équipements assurant une protection individuelle contre les agents chimiques et biologiques et les lésions oculaires provoquées par les missiles et les lasers jouent un rôle important. Parmi les autres mesures à considérer figurent également les vaccins et les médicaments chimio-prophylactiques contre les agents biologiques, ou les traitements médicamenteux préventifs et les antidotes contre les agents chimiques. Il est fondamental d’apprendre au personnel médical à détecter et à gérer rapidement les maladies et les lésions causées par des armes, ce qui permet de mettre en œuvre sans délai le traitement approprié et donc de réduire éventuellement le nombre de morts et de malades. De même, les chirurgiens militaires peuvent mieux s’occuper de leurs patients et d’eux-mêmes s’ils connaissent les blessures auxquelles ils ont affaire. Par exemple, les blessures infligées par un projectile à grande vitesse initiale ne requièrent pas un débridement important du fait de la destruction de tissus mous; par contre, les blessures provoquées par des balles à fragmentation peuvent exiger une exploration poussée, et enfin les blessures peuvent renfermer des munitions non explosées.

LES RISQUES POUR LA SÉCURITÉ ET LA SANTÉ DES OPÉRATIONS DE SAUVETAGE EN MER

Timothy J. Ungs

Les océans, les lacs, les rivières et autres plans d’eau de grande étendue peuvent présenter des conditions naturelles extrêmes qui exigent de l’être humain le maximum de ses possibilités physiques. Pour les sauveteurs en mer, les risques qui pèsent sur leur sécurité et leur santé sont d’abord dus, par définition, à l’omniprésence de l’eau.

Nombre de ces risques sont les mêmes que dans le cas des sauvetages à terre, par exemple le risque présenté par les maladies transmissibles, l’exposition à des substances toxiques, la menace de violence interpersonnelle et l’exposition à divers agents physiques (bruit, vibrations et rayonnements). Il y a toutefois dans l’environnement marin des risques spécifiques ou notoirement élevés. Il sera question ici de ceux que les opérations de sauvetage en mer posent pour la sécurité et la santé.

Les modes d’intervention

Avant d’aborder ces questions, il est bon de rappeler que les sauvetages en mer peuvent s’effectuer par bateau, par avion, ou par une combinaison des deux. Il est important de connaître le mode d’intervention, car c’est de lui que dépendent en partie les caractéristiques de l’exposition aux risques.

Les navires de surface couramment utilisés pour les secours en mer ont une vitesse inférieure à 40 nœuds (74,1 km/h), possèdent une autonomie relativement limitée (moins de 200 milles, soit 320 km), sont extrêmement tributaires de l’état de la mer et des conditions météorologiques, peuvent être endommagés par des débris flottants et, de façon générale, ne sont pas sensibles au poids transporté. Les hélicoptères, qui sont les aéronefs les plus employés pour le sauvetage en mer, peuvent voler à une vitesse de plus de 150 nœuds (278 km/h); ils ont un rayon d’action opérationnel effectif de 300 milles, soit 480 km (davantage s’ils font le plein en vol), sont plus influencés par les conditions météorologiques que par l’état de la mer, et sont très sensibles au poids transporté.

Les facteurs qui déterminent le mode d’intervention sont notamment la distance, le degré d’urgence, la localisation géographique, les ressources disponibles, les conditions atmosphériques et la nature de l’organisation de sauvetage. Le faible éloignement, le moindre degré d’urgence, la proximité d’une ville ou d’une zone habitée, une mer calme et la présence d’une infrastructure et de systèmes d’aviation peu développés militent en faveur d’une intervention par voie de surface. On décide en général d’intervenir par air lorsque les distances à franchir sont importantes, l’urgence plus grande, les villes ou les régions développées plus éloignées, la mer agitée et les systèmes et infrastructures d’aviation mieux développés. Les figures 95.6 et 95.7 illustrent les deux modes de sauvetage.

Figure 95.6 Sauvetage en mer par bateau

Figure 95.6

Figure 95.7 Sauvetage en mer par hélicptère

Figure 95.7

Les risques maritimes

Les principaux risques liés aux sauvetages en mer sont ceux qui sont inhérents au milieu aquatique. Les sauveteurs sont directement exposés aux éléments et doivent être eux-mêmes préparés aux techniques de survie.

La noyade est la première cause de décès chez les travailleurs de la mer. Un séjour prolongé dans l’eau nécessite un équipement individuel spécial d’aide à la flottaison. Dans une mer forte, même les meilleurs nageurs ne peuvent s’en passer. Sans combinaison de survie ou radeau de sauvetage, il est normalement impossible de résister au-delà d’un certain nombre d’heures à une tempête. Les blessures, la baisse du niveau de conscience, la confusion et la panique ou une peur incontrôlée limitent les chances de survie.

Le corps se refroidit plus vite dans l’eau que dans l’air. Le risque de mort par hypothermie ou par noyade induite par une hypothermie augmente rapidement dès que la température de l’eau tombe au-dessous de 24 °C. Quand la température de l’eau approche du point de congélation, la durée de survie se mesure en minutes. Un séjour prolongé dans l’eau froide, même par mer calme, n’est possible qu’avec une combinaison de survie ou un radeau de sauvetage adapté.

L’environnement marin connaît les conditions météorologiques les plus extrêmes, avec des vents, de la pluie, du brouillard, de la neige et du givrage intenses. La visibilité et les communications peuvent être très réduites. Les sauveteurs risquent en permanence d’être trempés par des vagues et des éclaboussures, de la pluie fouettée par le vent ou des embruns et par de l’eau que projettent les bateaux ou les aéronefs. L’eau, notamment l’eau de mer, peut endommager les pièces mécaniques et électriques indispensables au bon déroulement des opérations de secours.

L’exposition à l’eau salée peut provoquer une irritation de la peau, des muqueuses et des yeux. L’ingestion de micro-organismes infectieux transportés par l’eau (tels que Vibrio spp.) augmente la probabilité de maladies gastro-intestinales. L’eau des sites de sauvetage peut être contaminée par des polluants (eaux usées, par exemple) ou par des substances dangereuses pour la santé humaine (produits pétroliers ou autres). Il y a des risques d’envenimation par les serpents d’eau et divers cœlentérés (méduses, etc.) dans les zones où vivent ces organismes. Les vêtements étanches et de protection thermique sont souvent encombrants, limitent les mouvements et favorisent le stress thermique. Sous le soleil, les sauveteurs peuvent subir des lésions cutanées et oculaires par suite de la réflexion des rayons ultraviolets.

La surface des grands plans d’eau, comme les océans, se caractérise par un mouvement ondulatoire accompagné d’un clapotis, ce qui complique le travail des sauveteurs. Le mal de mer est une menace constante. Par mer forte, les navires peuvent subir le choc mécanique des vagues et devenir instables, ce qui augmente la fatigue, le risque de chute ou de heurt contre des objets et multiplie les pannes de matériel. Les aéronefs en service dans une tempête subissent des turbulences qui peuvent provoquer le mal des transports, accentuer la fatigue et accroître les risques d’une évacuation depuis un navire.

La planification et la prévention

L’environnement marin peut être extrêmement hostile. Les risques des opérations de sauvetage pour la sécurité et la santé peuvent toutefois être maîtrisés ou limités par une planification et une prévention minutieuses. Toute opération de sauvetage peut être menée d’une façon sûre et efficace.

Le personnel de secours doit connaître parfaitement le milieu marin, les caractéristiques et les limites opérationnelles des moyens matériels et humains, jouer constamment la carte de la sécurité et fournir les équipements, la formation et l’encadrement nécessaires. Les sauveteurs doivent être en bonne condition physique et mentale, connaître leur matériel et les procédures, rester vigilants, être prêts à intervenir, entretenir leurs compétences et comprendre les particularités de la situation à laquelle ils se trouvent confrontés.

Le personnel de secours peut être victime d’accidents de bateau ou d’aéronef. En l’espace de quelques instants, un sauveteur peut passer dans le camp des personnes à secourir. Pour rester en vie, il faut:

A chacune de ces étapes correspondent un entraînement, du matériel, une ergonomie et des procédures permettant de maximiser les chances de survie. Les sauveteurs sont souvent isolés, sans soutien immédiat, loin du rivage. Une règle de bon sens consiste pour eux à disposer des ressources nécessaires pour survivre jusqu’à ce que l’on vienne les sauver en cas d’accident. Ils doivent être entraînés, équipés et préparés pour tenir dans les pires conditions.

LE PERSONNEL PARAMÉDICAL ET LES AMBULANCIERS

John D. Meyer

Le personnel paramédical, y compris les techniciens ambulanciers et les conducteurs d’ambulance, administre sur place les premiers soins aux victimes d’un accident, d’une catastrophe ou d’une maladie grave, et les transporte en un lieu où elles recevront un traitement plus complet. Les progrès du matériel médical et des communications permettent à ces professionnels de mieux réanimer les victimes et de les stabiliser pendant le trajet jusqu’à un service d’urgence. Cet accroissement des capacités s’accompagne d’une augmentation des risques auxquels ils sont confrontés dans l’exercice de leur métier. Ils interviennent en petites équipes, comprenant généralement deux ou trois personnes. Ils doivent souvent travailler dans des endroits manquant de matériel, difficiles d’accès et pouvant présenter des risques biologiques, physiques ou chimiques imprévus ou non maîtrisés. A cela s’ajoutent d’autres facteurs qui augmentent encore le danger: des situations dynamiques, évoluant rapidement, ainsi que des patients et un environnement hostiles. Il importe de prendre en compte les risques pesant sur la santé du personnel paramédical lorsqu’on élabore des stratégies pour limiter et prévenir les accidents du travail.

Ces risques peuvent être classés en quatre grandes catégories: risques physiques; risques d’inhalation; expositions aux agents infectieux; et stress. Les risques physiques englobent les lésions de l’appareil locomoteur en rapport avec le travail et les effets du milieu dans lequel ce travail s’accomplit. La nécessité de soulever de lourdes charges dans des positions incommodes constitue le principal risque physique à l’origine de plus du tiers des blessures. Les maux de dos représentent la plainte la plus courante; par exemple, on a montré dans une enquête rétrospective que 36% des cas déclarés étaient des lumbagos (Hogya et Ellis, 1990). La cause principale est le levage de patients et d’équipements; près des deux tiers des accidents dorsalgiques surviennent sur le lieu de l’intervention. Les lésions du dos à répétition sont fréquentes et peuvent entraîner une incapacité prolongée ou permanente ainsi qu’un départ à la retraite anticipé de travailleurs expérimentés. Les autres lésions fréquentes sont les contusions de la tête, du cou, du tronc, des jambes et des bras, les foulures de la cheville, du poignet et de la main et les blessures aux doigts. Il s’y ajoute les chutes, les agressions (de la part de patients et de tiers) et les accidents de la route. Ces derniers consistent pour la plupart en collisions; elles peuvent être attribuables à des horaires de travail chargés, des contraintes de temps, de mauvaises conditions météorologiques ou une formation insuffisante.

Des lésions dues au froid et à la chaleur ont été rapportées auxquelles peuvent contribuer le climat local et les conditions météorologiques, ainsi que le port de vêtements et d’équipements inadéquats. On a également observé chez les ambulanciers une perte auditive accélérée du fait des sirènes dont le niveau sonore dépasse les seuils imposés.

L’inhalation de fumées et l’intoxication par des gaz, dont le monoxyde de carbone, sont des risques respiratoires importants pour le personnel paramédical. Bien qu’elles soient rares, les expositions de ce type peuvent avoir des conséquences désastreuses. A leur arrivée sur les lieux, les équipes d’intervention sont parfois mal préparées pour un sauvetage et peuvent être terrassées par la fumée ou des gaz toxiques avant de recevoir de l’aide et du matériel supplémentaires.

Comme les autres personnels de santé, le personnel paramédical court un risque élevé d’être infecté par des virus pathogènes à diffusion hématogène, notamment les virus de l’hépatite B (VHB) et probablement de l’hépatite C (VHC). Des marqueurs sérologiques de l’infection à VHB ont été trouvés chez 13 à 22% des techniciens ambulanciers, taux de prévalence trois à quatre fois supérieur à celui de la population générale (Pepe et coll., 1986). Une enquête a mis en évidence une corrélation entre l’infection et le nombre d’années de travail dans cette profession. Les mesures adoptées pour protéger les personnels de santé contre la transmission du VHB et du VIH s’appliquent aussi aux techniciens ambulanciers; elles sont présentées au chapitre no 97, «Les établissements et les services de santé», de l’Encyclopédie . Signalons au passage que le port de gants en latex pour se protéger contre les pathogènes transmissibles par le sang peut augmenter les risques de dermite de contact et d’autres manifestations de l’allergie aux produits en caoutchouc que l’on rencontre chez le personnel hospitalier.

Le travail du personnel paramédical et des ambulanciers, qui suppose des interventions dans des environnements non contrôlés et dangereux et qui les amène à prendre des décisions importantes, alors qu’ils n’ont qu’un équipement réduit et sont pressés par le temps, les soumet à un stress élevé. La baisse de l’efficacité, l’insatisfaction professionnelle et le désintérêt pour les patients (on parle parfois d’assèchement émotionnel) qui peuvent en résulter mettent en péril les soignants et le public. Pour atténuer les effets destructeurs du stress, il a été proposé de faire appel, à la suite de catastrophes majeures et d’autres incidents traumatiques, à des spécialistes de la santé mentale parallèlement à d’autres stratégies destinées à réduire l’épuisement professionnel chez les urgentistes (Neale, 1991).

Il existe peu de recommandations précises concernant les mesures de dépistage et de prévention applicables au personnel paramédical. Tous les employés exposés à des matières et à des sécrétions infectées devraient recevoir une formation sur les agents pathogènes transmissibles par le sang et être vaccinés contre le VHB. Aux Etats-Unis, les établissements de soins sont tenus d’informer tout urgentiste exposé, sans protection, à une maladie transmissible par le sang ou à une maladie infectieuse aérogène, peu courante ou rare, y compris la tuberculose (National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), 1989). Des directives et des lois comparables existent dans d’autres pays, par exemple au Canada (Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, 1995). Il est essentiel de suivre les règles en vigueur concernant la vaccination contre les agents infectieux (par exemple, rougeole, oreillons et rubéole) et contre le tétanos. Un dépistage régulier de la tuberculose est recommandé si l’on pense que le risque est élevé. Contre les maux de dos dus au soulèvement de charges, il a été proposé d’utiliser des équipements bien conçus, d’enseigner la mécanique du corps humain et d’informer les intéressés des risques qu’ils peuvent courir sur place, mais les conditions dans lesquelles exercent la plupart des ambulanciers peuvent rendre inutiles les meilleures précautions. Il faut étudier avec soin l’environnement dans lequel le personnel paramédical intervient et lui fournir, au besoin, des vêtements et un équipement de protection appropriés. Il est indiqué d’apprendre à ceux qui peuvent être exposés à des gaz toxiques et à la fumée à se servir d’un appareil de protection respiratoire. Enfin, il convient de ne pas oublier l’effet usant du stress sur le personnel paramédical et les urgentistes, et des stratégies de conseil et d’intervention devraient être élaborées pour en atténuer l’impact.

LE PERSONNEL D’INTERVENTION EN CAS DE REJET DE MATIÈRES DANGEREUSES

M. Joseph Fedoruk

Certains professionnels ont pour tâche d’intervenir lors d’urgences ou d’événements liés à des matières dangereuses, c’est-à-dire en cas de rejet ou de menace de rejet sauvage ou illégal de matières dangereuses ou de leurs sous-produits. Une telle situation peut résulter d’un incident de transport ou se produire dans une installation fixe. Des incidents de transport peuvent survenir sur terre, sur l’eau ou dans les airs. Par installations fixes, on entend les usines, les immeubles de bureaux, les écoles, les exploitations agricoles et autres structures bâties où se trouvent des matières dangereuses.

Les personnels qui ont pour tâche d’intervenir en pareil cas font généralement partie d’équipes spéciales composées d’employés du secteur public tels que sapeurs-pompiers, policiers et responsables des transports ayant reçu une formation spéciale pour réagir face à ces situations. Les installations fixes telles que les usines, les raffineries de pétrole ou les laboratoires de recherche ont souvent leurs propres équipes, formées pour intervenir sur place. La législation sur l’environnement leur fait parfois obligation de déclarer aux autorités publiques les incidents lorsque la population est menacée ou qu’un rejet de matières dangereuses réglementées a dépassé une valeur seuil. Les équipes d’intervention du secteur public ou du secteur privé comprennent souvent des professionnels de la santé publique, tels que des hygiénistes du travail, capables d’évaluer l’exposition et formés à la gestion des matières dangereuses.

La police et les sapeurs-pompiers sont souvent les premiers à intervenir en cas de fuite, de rejet ou de dégagement de matières dangereuses consécutif à un accident de la route ou à l’incendie d’un bâtiment. Ils sont appelés secouristes opérationnels et leur première tâche est d’isoler le public en lui interdisant d’accéder au lieu de l’incendie, ce qui suppose généralement la mise en place de barrages et la canalisation de la foule et de la circulation. En principe, il ne leur appartient pas de contenir ou de maîtriser le dégagement. Par conséquent, ils peuvent être davantage exposés aux matières dangereuses que les autres équipes d’intervention, car ils ne bénéficient pas d’un équipement de protection individuelle intégral. Leur rôle est normalement d’alerter l’équipe d’intervention. Les problèmes de santé propres aux policiers et aux sapeurs-pompiers sont décrits ailleurs dans ce chapitre, dans les articles «Les risques de la lutte contre l’incendie», et «La police», respectivement.

L’équipe d’intervention a pour première fonction de contenir et de maîtriser le rejet, ce qui peut être extrêmement dangereux s’il y a des explosifs ou des produits très toxiques comme le chlore gazeux. C’est au commandant qu’il appartient de décider des mesures à prendre. La mise sur pied d’un plan d’action peut exiger beaucoup de temps dans le cas d’accidents complexes (déraillement de plusieurs wagons, explosion et incendie dans une usine chimique, par exemple). Il arrive même qu’on décide de ne pas prendre de mesures de confinement et de laisser la matière dangereuse se répandre dans l’environnement lorsque les mesures d’atténuation s’imposant exposeraient le personnel d’intervention à de trop grands risques.

La dernière phase de l’intervention consiste souvent à nettoyer les matières dangereuses résiduelles, tâche fréquemment confiée à des travailleurs sans qualification. Dans certains pays, les règles de sécurité et de santé exigent que ces derniers reçoivent une formation spécialisée et participent à un programme de surveillance médicale. Ces employés peuvent être plus exposés du fait que les opérations de nettoyage les mettent directement en contact avec les matières dangereuses. Les autres professionnels courant le risque d’une exposition chimique à la suite d’un accident de matières dangereuses sont tous les intervenants dans les situations d’urgence, y compris les soignants et les techniciens urgentistes, le personnel paramédical, les médecins des urgences et certaines catégories de personnel hospitalier.

Les risques potentiels

Les risques potentiels liés à une urgence créée par des matières dangereuses dépendent de l’événement dangereux et peuvent être de nature chimique, radiologique ou biologique. Les produits en cause peuvent se présenter sous la forme de gaz ou de vapeurs, d’aérosols (brouillards), de fumées, de poussières ou de particules, de solides ou de liquides. Les risques dépendent de l’ampleur de l’exposition, de la réactivité du produit (inflammabilité, explosivité, etc.) et de sa toxicité.

Aux Etats-Unis, il est possible d’obtenir des renseignements sur les produits en cause dans des accidents de ce type auprès de l’Agence pour le Registre des substances toxiques et des maladies (Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR)), qui dispose d’un système de surveillance des situations d’urgence (Hazardous Substances Emergency Events Surveillance (HSEES)) permettant de suivre activement les incidents ayant des répercussions sur la santé de la population (Hall et coll., 1994). Ce système a été conçu en réaction aux insuffisances des autres mécanismes de surveillance des rejets de substances dangereuses (Binder, 1989). Il n’identifie pas tous les accidents, car il ne répertorie pas les rejets limités qui se produisent dans des installations fixes. Le registre, créé en 1990, concernait au départ 5 Etats, mais aujourd’hui 11 y participent. En 1993, il a enregistré 3 945 urgences impliquant des matières dangereuses. Des systèmes similaires existent dans d’autres Etats et dans d’autres pays (Winder et coll., 1992).

Les données contenues dans cette base montrent qu’au cours de la période 1990-1992 que les substances chimiques le plus souvent rejetées ont été des composés organiques et volatils, des herbicides, des acides et de l’ammoniaque. Les risques d’apparition de lésions ont surtout été liés aux événements dangereux impliquant des composés cyanurés, des insecticides, du chlore, des acides et des bases. Un seul produit chimique était en cause dans 93% de ces événements, et 84% des rejets ont eu lieu dans des installations fixes.

Les répercussions sur la santé

Le personnel d’intervention est exposé à plusieurs types de risques sanitaires aigus. La première menace est liée à la toxicité potentielle de la substance et au contact possible avec le sang et d’autres liquides organiques des victimes d’un incident. La deuxième est le risque de traumatisme physique grave, y compris de brûlures, consécutives à une explosion ou à un incendie provoqué par une réaction chimique inattendue ou encore à l’effondrement d’un bâtiment ou d’un conteneur. La troisième est le stress thermique ou l’épuisement dû à la chaleur qui accompagne l’exécution d’un travail pénible, souvent avec une tenue de protection entravant le refroidissement du corps par évaporation. Les employés qui ont des problèmes de santé préexistants, tels que maladie cardio-vasculaire ou respiratoire, diabète, troubles de la conscience, ou qui prennent des médicaments influant sur l’échange thermique ou la réponse cardio-respiratoire à l’exercice courent un risque supplémentaire lorsqu’ils exécutent une telle tâche.

Les informations concernant les effets pathologiques des interventions d’urgence chez les professionnels sont peu nombreuses. Entre 1990 et 1992, d’après le registre HSEES, 467 interventions sur 4 034, soit 15%, ont entraîné 446 blessures. Deux cents des personnes blessées ont été rangées dans la catégorie des secouristes opérationnels: sapeurs-pompiers, policiers, personnel médical des urgences et équipes d’intervention spécialisées. Près d’un quart d’entre eux (22%) n’avaient aucun équipement de protection individuelle.

Les principaux symptômes déclarés par les blessés étaient une irritation des voies respiratoires (37,3%), une irritation des yeux (22,8%) et des nausées (8,9%). Des brûlures chimiques étaient signalées chez 6,1% des victimes, et un stress thermique dans 2% des cas. Onze personnes sont décédées, dont un des premiers intervenants. Les causes de décès, pour l’ensemble du groupe, ont été des traumatismes, l’asphyxie, des brûlures chimiques ou thermiques, le stress thermique et l’arrêt cardiaque. D’après d’autres rapports, les secouristes opérationnels risquent d’être blessés pendant les interventions à haut risque.

Les risques pour la santé d’une exposition chronique à de nombreuses matières dangereuses n’ont pas encore été caractérisés. Les études épidémiologiques concernant les équipes d’intervention ne sont pas terminées. Celles qui portent sur les sapeurs-pompiers qui arrivent en premier sur le lieu d’un incendie montrent qu’ils courent un risque accru de développer plusieurs types de tumeurs malignes (voir dans ce chapitre l’article intitulé «Les risques de la lutte contre l’incendie»).

Les mesures préventives

Plusieurs mesures permettent d’éviter les incidents impliquant des matières dangereuses. Elles sont indiquées à la figure 95.8. Premièrement, l’adoption et l’application de règlements pour la protection, le stockage, le transport et l’emploi des matières dangereuses peuvent réduire l’éventualité de méthodes de travail compromettant la sécurité. La formation des employés à l’application de bonnes pratiques et à la gestion des risques joue un rôle fondamental dans la prévention des accidents.

Figure 95.8 Principes de prévention

Figure 95.8

Figure 95.8

Figure 95.8

Deuxièmement, une bonne supervision et une bonne gestion de l’incident peuvent en atténuer les effets. La direction des activités des équipes de première intervention et de nettoyage par le commandant sur place est cruciale. Il doit surveiller et évaluer le travail accompli par les équipes d’intervention pour s’assurer qu’elles atteignent leurs objectifs avec sûreté et efficacité.

Troisièmement, les mesures sanitaires prises pendant et après l’incident, à savoir fournir les premiers soins sur les lieux et appliquer les procédures de décontamination appropriées. Toute victime insuffisamment décontaminée risque de continuer à absorber la matière dangereuse et d’exposer l’équipe d’intervention ou le personnel médical du fait de leur proximité immédiate (Cox, 1994). Le personnel médical devrait être formé pour connaître les traitements spécifiques à appliquer et les mesures de protection individuelle à prendre en cas d’accidents chimiques inhabituels.

La participation du personnel d’intervention à un programme de surveillance médicale est un moyen qui peut permettre de prévenir les problèmes de santé, en les diagnostiquant éventuellement avant qu’ils aient des conséquences graves ainsi qu’en identifiant et en surveillant les états pathologiques, comme les maladies cardio-vasculaires, qui font courir de plus grands risques aux travailleurs. On peut également détecter de cette façon les déficiences sensorielles qui peuvent gêner les communications sur le terrain, comme les troubles auditifs et visuels, et déterminer si elles constituent une menace pendant une intervention.

La plupart des mesures de prévention recensées reposent sur la connaissance par la population des risques au niveau local. Une mise en œuvre de plans d’intervention contre les matières dangereuses par un personnel ayant reçu une formation adéquate et l’affectation judicieuse des ressources disponibles sont impératives. Pour que la population connaisse les risques, il faut l’informer sur les matières dangereuses qui se trouvent dans des installations fixes ou qui sont transportées localement (par camion, train, avion ou bateau). Ces renseignements doivent permettre aux sapeurs-pompiers et à d’autres services de se préparer à d’éventuelles situations d’urgence. Les entreprises qui stockent ou transportent des matières dangereuses devraient aussi avoir un plan d’intervention prévoyant expressément d’alerter rapidement les autorités publiques. Le personnel médical des urgences devrait connaître les risques potentiels existant dans sa collectivité. Un personnel médical spécialisé devrait être disponible pour diagnostiquer et traiter les symptômes et les signes d’une atteinte par des matières dangereuses. Les établissements intéressés devraient se tenir en contact avec les services locaux des urgences et les informer des risques potentiels sur le lieu de travail ainsi que des besoins en fournitures spéciales et des médiations nécessaires pour gérer les incidents éventuels. La planification et la formation devraient aider à améliorer la prestation de soins médicaux appropriés et à diminuer le nombre de lésions et de décès consécutifs aux incidents dangereux.

Des situations d’urgence liées à des matières dangereuses peuvent aussi survenir à la suite de catastrophes naturelles telles que inondations, tremblements de terre, foudre, ouragans, coups de vent, tempêtes. Bien que ces phénomènes semblent se produire de plus en plus souvent, la planification et la préparation nécessaires sont très limitées (Showalter et Myers, 1994). Il faudrait que les plans d’intervention prennent en compte les causes naturelles des situations d’urgence.

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